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Manifestations autour de l'IVG en France: pourquoi certaines jeunes femmes sont contre le droit à l'avortement?

"On l'a fait, on a réussi" !: des militantes féministes crient leur joie mercredi soir au Sénat après le vote favorable à l'inscription de l'IVG dans la Constitution, loin de l'image feutrée associée habituellement à la chambre haute. 

A peine le résultat annoncé par Gérard Larcher, c'est d'abord une clameur puis des embrassades parmi les militantes associatives dans les escaliers du Palais du Luxembourg. "Tu as pleuré toi aussi ?", dit l'une d'elles.

"C'était difficile de ne pas laisser exploser sa joie", confie Floriane Volt, de la Fondation des femmes, en quittant la tribune réservée aux visiteurs. "On a assisté à un vote historique. Le Sénat a su entendre l'appel des Françaises et des Français", se réjouit-elle.

Une vingtaine de militantes de la Fondation sont présentes dans les travées. "Stagiaires", "services civiques" ou simples sympathisantes, sourit l'une d'entre elles. 

Toutes redoutaient le vote du Sénat, l'étape la plus difficile avant la réunion du Parlement lundi en Congrès pour inscrire pour de bon la liberté d'avorter dans la Constitution. Plusieurs figures du Sénat, des hommes de droite comme Gérard Larcher ou Bruno Retailleau, avaient exprimé leurs réticences.

Confiantes avant Versailles

Mais dans la salle des Conférences aux épaisses moquettes rouges, l'heure est aux selfies, le poing levé en signe de victoire.

"C'est un message magnifique qu'on envoie au monde entier au moment où les réactionnaires gagnent du terrain", confie la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, après avoir elle aussi laissé échapper quelques larmes et enchaîné les accolades.

Le résultat du vote, 267 voix contre 50, est "au-delà de nos espérances". En France, "on a remporté la bataille culturelle sur ce sujet, il est devenu de plus en plus difficile pour des élus de voter pour détricoter le droit à l'interruption volontaire de grossesse", juge l'écologiste, costume blanc et baskets. 

"C'est même étonnant de voir une victoire aussi écrasante, c'est une indication de l'évolution de la société et des idées en faveur de la protection du droit des femmes", abonde Gabriela Belaid d'Ensemble contre le sexisme, un collectif d'associations.

Nouvelles acclamations et embrassades, cette fois autour de la socialiste Laurence Rossignol. "C'est une victoire de toutes les Françaises et de tous les Français. Les sondages ont été un argument massue" face aux réserves de la droite, lance la sénatrice du Val-de-Marne.

A ses yeux, malgré quelques passes d'armes avec l'extrême droite, les "débats ont été de bonne tenue" par rapport aux passions qu'avait déchaînées la loi Veil en 1975. "Notre pays a quand même beaucoup progressé", souligne-t-elle.

Alice, une militante féministe, a trouvé "très impressionnante" la séance. "Il y avait un vrai stress", raconte-t-elle. Pendant ce temps, d'autres militantes étaient à l'extérieur, pour manifester en faveur du projet de loi.

Le rendez-vous est pris lundi. "Sereines" et "confiantes" avant le vote du Congrès à Versailles, ces féministes comptent bien s'y faire entendre, et fêter un "jour historique".

Réactions d'anti-IVG :
 
Marie-Lys Pellissier, porte-parole de la marche pour la vie : "Nous pensons que c'est un acte très grave. L'avortement est un acte dramatique, il ne faut pas qu'il soit inscrit dans la Constitution. L'inscrire dans la Constitution, c'est bafouer le droit des enfants à naître, c'est bafouer la liberté des femmes, qui, elles, pour beaucoup, sont contraintes à avorter à cause de situations difficiles."

Sybille, manifestante anti-avortement : "En fait la vraie question c'est, est-ce que le problème dans le cadre du viol, c'est le fait que la femme soit enceinte, ou bien c'est qu'elle se soit fait violer ? Le véritable problème c'est qu'elle se soit fait violer. Et ensuite, eh bien, il y a des tas de possibilités. Elle n'est pas obligée d'avorter, parce que l'avortement, en fait, risque - beaucoup de psychologues le disent - de rajouter une souffrance à ce traumatisme, et à ce crime qu'est le viol. C'est atroce, je suis bien d'accord avec vous, mais donc avorter ce ne sera pas réparer le viol."
 
Réactions de pro-IVG : 

 
Mathilde Panot, députée LFI/Nupes : "Inscrire l'avortement dans notre norme suprême, c'est en quelque sorte acter le fait que nos enfants, petits-enfants, arrière petits-enfants, auront les mêmes droits que nous, j'espère même des meilleurs, et que, à chaque élection, on ne rediscute pas les corps des femmes, on acte une bonne fois pour toutes, que les corps des femmes n'appartiennent ni à l'Etat, ni aux juges, ni à la famille, mais qu'elles appartiennent à elles et à elles seules. C'est un signal, à toutes les femmes partout dans le monde, qui sont en train de lutter pour le droit à disposer de leur corps, que, oui, on peut protéger ce droit, garantir ce droit dans la Constitution, et je pense que cette victoire aidera d'autres victoires dans le monde. Et je suis heureuse que ça arrive en même temps que les Polonaises, qui, elles, récupèrent la contraception d'urgence, qu'elles avaient perdues avec le gouvernement d'extrême droite. Parce que, partout où l'extrême droite arrive, eh bien, les premières à qui ils s'en prennent ce sont à chaque fois le droit des femmes, et notamment le droit à l'avortement."

Suzy Rotman, porte-parole du collectif national pour le droit des femmes : "C'est un droit qu'on a mis beaucoup de temps à conquérir, qu'on a mis des décennies à améliorer - parce que la loi de 19754 n'était pas idéale. Et que, on ne veux pas renier là-dessus. Donc constitutionnaliser le droit à l'avortement, c'est graver ça dans le marbre de la Constitution. Ça nous semble très important."

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Commentaires

2 commentaires

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  • Que répondez vous à cette enfant qui dit à sa mère qui a été violée : "Merci maman de m'avoir donné la vie?"

  • "droit des enfants à naître" la question c'est de savoir si ce droit prévaut sur le droit de la mère de disposer de son corps. Quand aux "autres options", on devrait demander à tous les anti-IVG s'ils sont prêts à s'occuper de tous les bébés/enfants abandonnés si on interdit l'IVG. Sans parler du fait que s'il est interdit, les femmes le font clandesetinement avec un danger bien plus élevé...

    Thierry Frayer
     Répondre