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Marylise Léon succède à Laurent Berger à la tête d'une CFDT "en forme"

Marylise Léon a succédé mercredi à Laurent Berger à la tête de la CFDT, à l'occasion d'une journée de débats et de discours au Zénith de Paris qui est aussi l'occasion pour le premier syndicat français de célébrer sa bonne "forme" et d'exprimer sa "fierté".

Âgée de 46 ans, Marylise Léon, qui était la numéro deux du syndicat, a annoncé devant la presse à la mi-journée avoir été élue à l'unanimité du bureau national du premier syndicat français.

"J'ai beaucoup de chances de prendre la suite de Laurent parce que la maison se porte très bien, elle est cohérente, il y a beaucoup de solidarité interne. Je sais que les travailleurs comptent sur la CFDT", a-t-elle commenté.

"On est dans une période ou il y a encore beaucoup d'inquiétude et de colère et il faut qu'on trouve les moyens de continuer d'exprimer cette colère et de trouver des issues positives", a-t-elle ajouté.

L'après-midi sera consacrée aux enjeux du développement syndical, avant une double conclusion de Marylise Léon puis de Laurent Berger.

Dans son discours d'ouverture, M. Berger, qui était devenu secrétaire général en novembre 2012, a déclaré "être fier de ce que nous avons construit durant ces 11 années à militer ensemble".

La CFDT n'est "pas parfaite mais elle est en forme. Ensemble nous sommes devenus la première organisation syndicale ! (en 2018, NDLR) Nous assumons le leadership dans le monde syndical", s'est-il félicité devant quelque 2.700 militants.

M. Berger a évoqué les "46.000" adhérents qui ont rejoint la CFDT depuis le mois de janvier (pour 612.000 adhérents fin 2022), à la faveur d'un conflit social contre la réforme des retraites qui a redonné du souffle au syndicalisme.

Celui qui a pu apparaître comme le premier opposant à Emmanuel Macron a défendu dans son discours la "ligne" de la CFDT, consistant à "rechercher le compromis" sans "baisser la tête lorsqu'on essaye de nous marcher dessus".

"Le débat sur les retraites n'a pas fait exception", a-t-il dit en égratignant au passage, sans le nommer, le président de la République: "Pour décrédibiliser notre action, certains ont tenté de nous faire un procès en irresponsabilité. Alors je le répète ici pour la dernière fois: c'est un faux procès".

Marylise Léon est la deuxième femme à prendre la tête de la Confédération, après Nicole Notat, qui l'a dirigée de 1992 à 2002.

Elle était depuis 2018 la numéro deux de M. Berger, en charge de dossiers stratégiques comme l'assurance-chômage et les relations intersyndicales. Un poste auquel lui succédera Yvan Ricordeau.

Sur la ligne, elle incarne une forme de continuité par rapport à Laurent Berger, qui dit avoir convenu avec elle depuis au moins un an et demi de lui transmettre le témoin en juin 2023, même s'il n'en a fait l'annonce officielle et publique que le 19 avril.

- "Intersyndicale de propositions" -

"Elle est prête. Elle a eu le temps de composer ses équipes qui sont pour une part les mêmes (...) C'est quelqu'un de bien, qui a du caractère, qui ne va pas se laisser bouffer tous les matins", la décrit-il auprès de l'AFP.

Les deux dirigeants ont été reçus vendredi à Matignon par Elisabeth Borne, l'occasion de "faire une prise de contact" selon Mme Léon.

Le contraste est frappant avec la tumultueuse succession de Philippe Martinez, lors du 53e Congrès de la CGT en mars: celle qu'il avait choisie pour prendre sa suite, Marie Buisson, a dû affronter la candidature de Céline Verzeletti, et a finalement dû s'effacer devant Sophie Binet, apparue comme une candidature de rassemblement.

Si Mme Léon prend les rênes d'une CFDT en ordre de marche, elle sera sur le plan personnel mise au défi d'imprimer sa marque à la suite de Laurent Berger, et face à la charismatique nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

Représentante de la CFDT au sein de l'intersyndicale qui a mené la bataille contre la réforme des retraites, Marylise Léon aura sans doute à cœur que sa centrale reprenne davantage d'autonomie, cette page étant pour l'essentiel tournée.

"On s'est donné un certain nombre de thèmes de travail. La question est aujourd'hui (...) comment on passe d'une intersyndicale de contestation à une intersyndicale de propositions", a-t-elle estimé mercredi.

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