Partager:
Le gouvernement a annoncé lundi une revalorisation de 1,5% au 1er juillet du point d'indice des fonctionnaires et une prime dégressive pour soutenir les bas et moyens salaires, mais la faiblesse des montants accordés a déçu, voire provoqué la colère les organisations syndicales.
La prime, dite de "pouvoir d'achat", d'un montant compris entre 300 et 800 euros sera versée avant la fin de l'année 2023, a précisé le ministère de la Transformation et de la fonction publiques. Elle bénéficiera aux agents gagnant jusqu'à 3.250 euros bruts par mois, et sera perçue par 50% des agents de l'Etat et 70% des agents publics hospitaliers.
Un agent d'accueil en début de carrière gagnerait ainsi au total 182 euros par mois de plus, et une professeure des écoles avec sept ans d'ancienneté 102 euros de plus.
Mais selon le communiqué de la CGT, la prime "ne semble pas être reconductible" ce qui limiterait fortement le gain de pouvoir d'achat pérenne.
Le premier syndicat de la fonction publique dénonce dans un communiqué une "mesure largement insuffisante" alors que l'inflation atteignait encore 5,1% en mai, selon l'Insee.
"Ca ne répond absolument pas à l'urgence salariale dans la fonction publique", a déclaré à l'AFP Gaëlle Martinez, déléguée générale Fonction publique de Solidaires, ajoutant ressentir "beaucoup de colère".
"La déception est surtout liée à l'épaisseur de l'enveloppe", a de son côté commenté Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
Au cours d'un point de presse, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a reconnu que plusieurs syndicats qu'il avait conviés lundi ont quitté la réunion avant la fin.
L'an dernier, la revalorisation du point d'indice, longtemps gelé, avait été de 3,5%.
- "fait accompli" -
Cette année, les agents publics ont aussi obtenu la reconduction pour 2023 de la Garantie individuelle de pouvoir d’achat (Gipa, une indemnité compensatoire de l'inflation), une revalorisation des frais de mission, une meilleure prise en charge des abonnements aux transports collectifs et une revalorisation du barème de monétisation des comptes épargne temps.
Pour les agents vivant en Ile-de-France "nous allons passer de 50% de remboursement du pass navigo à 75%, c'est 20 euros par mois", a détaillé Stanislas Guerini lors d'un point de presse.
Les agents de la fonction publique territoriale ne sont pas directement bénéficiaires de la prime de pouvoir d'achat mais "un outil de politique salariale pour les collectivités" sera créé pour celles "qui souhaiteraient la verser à leurs agents", selon le document du ministère.
L'Association des maires de France (AMF) a estimé dans un communiqué que "les annonces de ce jour du gouvernement sur la rémunération des agents placent les communes devant le fait accompli", réclamant de la "visibilité sur leur budgets".
Stanislas Guerini a pour sa part salué "des mesures qui sont significatives et qui laissent aussi des marges de manoeuvre aux employeurs territoriaux pour pouvoir apporter eux aussi des réponses aux questions de pouvoir d'achat".
- Accord de méthode -
La revalorisation de 2022 avait été chiffrée à 7,5 milliards d'euros. Cette fois, les mesures annoncées interviennent alors que l'Etat cherche à faire des économies budgétaires pour 2024.
Selon le ministère, elles s'ajoutent à l'effet en année pleine de la revalorisation de l'an passé et à des mesures catégorielles, notamment en faveur des enseignants, et représenteraient pour la fonction publique d'Etat "une hausse de 6,8% en 2023".
Aussi le gouvernement cherche-t-il d'autres pistes que les salaires pour instaurer un dialogue durable avec les syndicats, qui ont un temps boycotté les réunions officielles au ministère pour protester contre le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.
Stanislas Guerini espère leur soumettre rapidement un projet d'accord sur le financement par l'Etat des frais de prévoyance (décès, invalidité..) de ses agents.
Des dispositifs d'aide au logement des fonctionnaires pourraient également être annoncés dans les prochaines semaines.
"Les syndicats m'ont indiqué leur volonté de construire un accord de méthode, de définir un champ de négociation", a déclaré le ministre.