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Aucun Français n'y était encore parvenu: Aurélien Giraud, devenu en février champion du monde de skateboard aux Emirats, a démarré en trombe le parcours qualificatif devant le mener aux Jeux de Paris, à domicile ou presque pour ce fier Lyonnais.
Dès le lendemain de sa victoire, Giraud, 25 ans, est revenu au skatepark de Gerland, au sud de Lyon, pour y retrouver "ses potes" et ses habitudes sur les rampes.
"Ici, je me sens chez moi. C'est là où tout a commencé. A 4 ans, j'ai vu des skaters faire des sauts à l'extérieur du bâtiment. J'ai dit à mon père que je voulais faire comme eux", raconte-t-il à l'AFP dans un grand sourire.
Désormais tatoué de la tête aux pieds, chaussé et habillé par l'un des sponsors historiques du skate, Giraud a commencé à "maitriser sa première planche", offerte à Noël par son père, "sous le regard des grands".
"A Lyon, on a toujours eu une grosse scène skate. Jean-Baptiste Gillet, Jérémie Daclin... Ils m'ont pris sous leur aile. Ce qui m'a le plus motivé, c'était de les voir s’amuser. Aller de plus en plus vite, de plus en plus haut", décrit Giraud.
- Passion street -
A 7 ans seulement, il remporte sa première compétition d'envergure en France et progresse à toute vitesse. "Il avait un truc en plus. Il passait ses journées par terre et se relevait toujours. On savait qu'il allait devenir pro", se souvient Mathieu Hilaire, salarié du skatepark de Gerland et coach de Giraud depuis que ce dernier à 12 ans.
Loin d'imaginer que son sport serait un jour aux Jeux, il se spécialise en street, l'une des deux disciplines olympiques du skateboard, consistant à réaliser des figures dans un décor de rue (escaliers, rails, bancs, marches...).
Son style explosif et aérien éblouit sur tous les spots lyonnais. "Son gros point fort, ce sont les gaps (sauts entre deux endroits avec une différence de hauteur, NDLR). Il a une capacité à absorber l'impact qui est impressionnante", note Hilaire.
Ado, ce fan du... PSG rêve déjà de faire carrière. "On a commencé par me dire : +reste tranquille, gamin+, mais j'ai eu la chance d'avoir des sponsors assez jeune. Cela s'est fait naturellement ensuite", dit-il aujourd'hui en rigolant.
Les sponsors lui offrent d'abord des planches et des chaussures, puis l'envoient sur des compétitions à travers le monde. Ses victoires (deux étapes de Coupe du Monde ; le prestigieux Dew Tour en 2019 aux Etats-Unis) et sa popularité sur les réseaux sociaux (644.000 abonnées Instagram) lui assurent ensuite un salaire.
- De Tokyo à Paris -
En 2021, il fait partie de la délégation française qui fait le voyage à Tokyo pour l'entrée du sport aux JO. "L'ambiance était assez spéciale, il n'y avait pas de public et on ne pouvait pas sortir avec le Covid", se rappelle-t-il.
Vainqueur des qualifications, il rate des figures en phase finale et termine 6e. "Forcément, j'étais un peu déçu, je suis un compétiteur. Mais tout le monde a pu voir que les JO ne dénaturaient pas le skate", se réjouit-il.
Après cette déception, Giraud "s'entraîne plus dur que jamais" dans son skatepark à Lyon. La ville lui a même donné les clefs du lieu pour qu'il puisse s'exercer pendant la pandémie.
Et le travail a payé. Lors de la première épreuve qualificative pour les JO de Paris, en juillet 2022 à Rome, il termine 2e. En finale des Mondiaux à Sharjah (Emirats arabes unis), le 5 février, il "plaque" l'une de ses figures fétiches, un +hardflip+, après un saut de plusieurs mètres, pour s'emparer du titre.
"J'étais très ému (..). Mais cela me pousse surtout à continuer pour qu'il y ait d'autres succès à l'avenir", ambitionne Giraud.
Avec ces deux résultats, il pointe confortablement à la 1ere place du classement qualificatif en vue des JO. Vingt-deux skaters seront de la partie en street. "L'objectif, c'est d'aller chercher l'or. On va rien lâcher et j'espère que la France va régner sur ces Jeux".