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Cachés derrière une palissade face au nouveau terminal 3 de l'aéroport parisien d'Orly, des escaliers descendent directement vers ce qui sera dans un an une station de métro, le nouveau terminus de l'essentielle ligne 14 qui conduira rapidement à Paris et au village olympique.
Le gros oeuvre est achevé, un kiosque "Information et service" est même prêt pour accueillir les futurs voyageurs. Des ouvriers posent escalators, pièges à son et faux plafonds... Sur le quai, Serge le lapin, la mascotte de la RATP, dit déjà de faire attention aux portes. Destination affichée: "Saint-Denis".
Comme la Société du Grand Paris, le groupe ADP (Aéroports de Paris) appelle "gare" la future station de métro, qui doit devenir aussi fin 2027 le terminus de la ligne 18, vers Massy-Palaiseau et Versailles. Une gare routière sera également ouverte pour les JO, l'occasion de repenser toute la politique de mobilité de l'aéroport.
Jusqu'aux Jeux, les acteurs du prolongement de la ligne 14, au nord et au sud de la capitale, vont raconter à l'AFP comment ils se préparent.
- Trains d'essai automatiques -
Les premières études ont été lancées en 2015, les premières fondations en 2019 et les premiers rails sont arrivés en septembre 2021, expose Jacques Devaux, le directeur du projet Gare d'Orly et membre du groupe ADP. "Et depuis ce début d'année 2023, on a des trains d'essai RATP qui circulent, en automatique."
"On a lancé les essais des systèmes: les systèmes roulants, les trains, toute la partie gare de la ligne 14, tous les essais techniques, SSI (systèmes de sécurité incendie, ndlr), contrôles d'accès, sono, vidéo, etc.", dit-il. Une commission de sécurité devrait être réunie au début de l'année prochaine, en février, pour une mise en service de la gare à temps pour les JO.
"Concernant la ligne 18, le tunnelier est arrivé le 13 juin. Les rails ne sont pas attendus avant 2025. On aura une cloison provisoire pour séparer les deux zones, la ligne 14 en exploitation et la ligne 18 encore en chantier", souligne M. Devaux.
Edward Arkwright, directeur général exécutif du Groupe ADP, explique que ses équipes ont dû repenser en 2015 le projet de renouveau d'Orly, lancé trois ans plus tôt mais qui n'avait pas intégré le métro. "Il a fallu modifier le projet pour insérer cette gare dans la construction du nouveau bâtiment d'Orly 3, qui relie les anciennes aérogares d'Orly Ouest et Orly Sud", relève-t-il.
- "Stratégie de décarbonation" -
"La ligne 14 sera un axe majeur pour les JO, non seulement pour les passagers, mais également pour les athlètes et les délégations", assure-t-il. "Ce sera l'artère névralgique pour tous ceux qui arriveront à Orly et iront au village olympique."
Le chantier "a aussi été l'occasion de repenser toute la politique de mobilité à Orly (...), ce qui est un enjeu absolument majeur pour une plateforme à laquelle on accède beaucoup trop en véhicule individuel, et par la route en général", ajoute le responsable. "C'est très important pour notre stratégie de décarbonation, car plus de 40% des émissions viennent de l'accessibilité."
Situé au sud de Paris, Orly doit enfin être intégré à un réseau de transport maillé, en liaison avec les différents territoires qui l'entourent, souligne Renaud Morel, directeur des mobilités du Groupe ADP.
"Notre stratégie n'est pas seulement d'améliorer l'accès pour les salariés et pour les passagers, mais également de faire des deux aéroports, Orly et Charles-de-Gaulle, des lieux de connectivité au service des territoires environnants", explique-t-il.
Avec l'arrivée des lignes 14 et 18 à Orly, le premier choix d'aménagement a été de connecter directement la gare routière, selon M. Morel. "Ensuite, il faut qu'on travaille sur tous les autres ressorts: le covoiturage, le vélo... pour favoriser l'intermodalité et les changements de comportement."
Plus de 90% des 28.000 salariés d'Orly viennent actuellement en voiture. "A l'horizon 2035, on espère faire baisser cette part à peu près à 55%, ce qui serait un changement monumental", assure-t-il.