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Le ministre colombien de la Justice a présenté un projet de loi contenant une proposition controversée: dépénaliser l'inceste entre parents au premier degré, pour notamment désengorger les prisons.
"Ce que nous proposons de supprimer, c'est que deux personnes, toutes deux adultes, qui consentent librement à avoir des relations sexuelles, soient envoyées en prison", a déclaré Nestor Osuna mardi sur une radio locale.
La loi colombienne punit d'une peine pouvant aller jusqu'à six ans de prison les parents au premier degré de consanguinité ayant des relations sexuelles, soit entre frères et soeurs, ou entre parents et leur descendance ou ascendance.
Le ministre a présenté lundi au Congrès une proposition de loi visant à améliorer les conditions de détention et à dépénaliser certaines pratiques, ceci afin de désengorger les prisons où la surpopulation a atteint un pic critique.
"Il est nécessaire d'établir, dans un droit pénal propre à une société libérale, certaines limites à la persécution par l'Etat des comportements qui ne nuisent pas vraiment à la société", a-t-il estimé à cette occasion.
M. Osuna a expliqué les différences, selon lui, entre inceste et autres crimes sexuels. "Ce n'est ni un viol, ni un acte sexuel abusif, ni un acte sexuel avec des mineurs. Ces crimes resteront punis avec les peines élevés qu'ils méritent". L'inceste "avec un enfant est un viol", a-t-il également souligné.
En Colombie, l'âge du consentement sexuel est de 14 ans. Le ministre n'a pas précisé ce qu'il adviendrait dans le cas d'une relation incestueuse entre un jeune âgé de 14 à 18 ans et un adulte.
A l'appui de son propos, le ministre, avocat de profession, a cité le chef-d'œuvre du prix Nobel de littérature Gabriel García Márquez, "Cent ans de solitude", dans lequel les relations sexuelles entre les membres de la famille Buendia sont une pratique courante. Dans "Cent ans de solitude, il y a plusieurs générations où il y a de l'inceste", a-t-il rappelé.
Les détenus condamnés pour des actes incestueux représentent un "nombre minimum", a cependant précisé le ministre.
Cette proposition a suscité des critiques. C'est "un message néfaste pour les familles et une incitation macabre pour les violeurs", a réagi sur Twitter Ernesto Macias, ancien président du Sénat et membre du parti du Centre démocratique (droite).
Le nouveau projet de loi sur les prisons prévoit par ailleurs l'octroi de permis de travail aux détenus qui ont purgé plus de la moitié de leur peine pour des délits mineurs. Avec ce permis, les prisonniers seront autorisés à sortir la journée pour travailler avant de retourner dans leur cellule la nuit.
Elu à l'été 2022, le président Gustavo Petro, premier président de gauche de l'histoire du pays, prévoit de mettre en oeuvre un ensemble ambitieux de réformes. Plusieurs de ces réformes, sur la transition énergétique et sur le système de santé, suscitent cependant des tensions ces dernières semaines au sein de la coalition de la majorité, qui inclut centristes et libéraux.