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COP28: la secrétaire générale d'Amnesty évoque un "environnement répressif" aux Emirats

Les restrictions sur les libertés aux Emirats arabes unis compliquent l'approbation par l'ONU d'un événement organisé par Amnesty International dans le contexte de la COP28, pour réclamer la libération des prisonniers politiques émiratis, a déploré mardi la secrétaire générale de l'ONG.

S'exprimant en marge des travaux de la conférence de l'ONU sur le climat qui se tient dans l'émirat de Dubaï, l'un des sept de la fédération des Emirats arabes unis, Agnès Callamard a évoqué des obstacles entravant les actions des militants au sein de la Zone Bleue gérée par l'ONU sur le site de la COP.

"L'ONU essaie de trouver des moyens pour que nous puissions mener nos actions (...) mais l'environnement rend les choses beaucoup plus compliquées", a-t-elle souligné devant les journalistes sur le site de la COP28, évoquant une "quantité d'obstacles qui reflète une interprétation des règles de l'ONU fortement influencée par l'environnement des Emirats arabes unis dans lequel nous opérons".

Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) accusent les Emirats de détenir au moins 64 de leurs ressortissants pour des raisons politiques, notamment Ahmed Mansoor, surnommé "le dernier défenseur des droits de l'homme" des Emirats.

Un événement prévu par Amnesty pour réclamer la libération d'Ahmed Mansoor et d'autres détenus politiques, a été reporté à deux reprises et attend toujours l'approbation de l'organe de l'ONU gérant la conférence sur le climat.

Agnès Callamard a expliqué qu'Amnesty a dû changer le format de l'évènement, après des demandes de l'ONU dans ce sens: cela a "très peu à voir avec les réglementations de l'ONU, que nous suivons à la lettre, et beaucoup à voir avec la manière dont les règles sont interprétées dans un pays comme les Emirats arabes unis".

Elle a décrit un pays à l'"environnement répressif".

- "Nous ne pouvons pas accepter" -

Les Emirats interdisent les manifestations non autorisées, ainsi que les critiques à l'encontre de ses dirigeants et tout propos susceptible d'encourager des troubles sociaux.

A la COP28, le pays assure qu'il autorise les militants à se rassembler pacifiquement dans des zones désignées pour faire entendre leur voix.

Un porte-parole a expliqué que le pays hôte "reconnaît le droit de réunion pacifique", et "n'autorise sa restriction que conformément à la loi et quand cela est nécessaire pour préserver la sécurité nationale, l'ordre public, la protection de l'intérêt public ou la protection des droits et libertés d'autrui".

La secrétaire générale d'Amnesty a dit être prête à se conformer aux restrictions de l'ONU, mais pas à celles des Emirats.

"Nous ne pouvons pas accepter que les restrictions politiques et civiques des Emirats arabes unis soient normalisées dans le cadre d'une réunion de l'ONU sur la justice climatique", a affirmé Mme Callamard.

"Nous devons pouvoir dénoncer et exiger la liberté pour tous ceux qui militent pour le respect des libertés fondamentales et des droits humains de base, notamment Ahmed Mansoor", arrêté en 2017 en vertu de la loi émiratie sur la cybercriminalité.

Ahmed Mansoor a été condamné à dix ans de prison en 2018 pour diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux et atteinte à la réputation de l'Etat.

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