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Ford va diviser par deux ses effectifs d'ingénieurs en Europe, principalement localisés en Allemagne et au Royaume-Uni, pour retrouver l'équilibre et se concentrer sur ses futurs modèles électriques.
Sur les 3.800 postes qui seront supprimés d'ici 2025, soit environ 10% de ses effectifs européens, 3.600 le seront en Allemagne (2.300) et au Royaume-Uni (1.300), notamment dans les équipes de recherche et développement (R&D) de produits, a annoncé le groupe mardi.
Le constructeur automobile américain souhaite créer avec cette nouvelle coupe dans ses effectifs une "structure de coûts plus compétitive" en Europe, où il rencontre des difficultés, a indiqué lors d'une conférence de presse Martin Sander, le directeur général de la filiale électrique de Ford en Europe.
Ford va réduire le nombre de modèles conçus pour l'Europe en se concentrant à l'avenir sur ses modèles à batterie et sur ses ventes très profitables de véhicules utilitaires.
Le constructeur, qui était un des piliers de l'industrie automobile européenne, a vu ses parts de marché s'effondrer au cours des vingt dernières années et représentait 4,6% des ventes de voitures neuves en 2022, avec 516.614 unités écoulées. La marque a tout juste atteint l'équilibre financier sur le continent.
En Allemagne, le constructeur supprimera 1.700 postes dans la R&D ainsi que 600 autres postes dans des fonctions support (administration, marketing, ventes et distribution), notamment sur l'important site Ford de Cologne et sur celui d'Aix-la-Chapelle, dans l'ouest du pays.
Au Royaume-Uni, il prévoit 1.000 suppressions de postes dans la R&D et 300 dans les fonctions support.
Les 200 autres suppressions de postes toucheront d'autres pays européens non précisés mardi.
Après ces départs, qui s'effectueront sur trois ans et sur la base du volontariat, 3.400 ingénieurs continueront de travailler sur les produits de la marque en Europe.
Le syndicat allemand IG Metall a exprimé son "soulagement" par rapport aux craintes initiales, mais il a alerté face au risque de délocalisations généralisées.
"L'exemple de Ford montre qu'à l'ère de la numérisation et de la mondialisation croissantes, ce ne sont plus seulement les simples lignes d’assemblage et de production qui risquent les délocalisations, mais aussi le personnel hautement qualifié", a ajouté le syndicat dans un communiqué.
"C'est un dur rappel des conditions de l'électrification du marché", a lancé Des Quinn, du syndicat anglais Unite, à l'agence PA.
Le syndicat va exiger que "l'entreprise ouvre ses comptes pour déterminer comment sauver le plus d'emplois possible chez Ford", a-t-il ajouté auprès de l'AFP, en critiquant le gouvernement britannique pour son "absence de plan industriel pour l'électrification" de l'industrie automobile britannique.
- Course vers l'électrique -
Comme toute l'industrie automobile, Ford est engagé dans la course vers l'électrique, une technologie qui requiert de lourdes dépenses de recherche, une modernisation complète des usines, et dans laquelle il compte investir 50 milliards de dollars d'ici à 2026.
Le directeur financier de Ford, John Lawler, avait prévenu début février que le groupe allait devoir effectuer les "changements nécessaires" pour que ses ventes deviennent profitables en Europe.
L'annonce de ces 3.800 suppressions de postes intervient alors que la crainte d'une délocalisation des industries automobiles monte en Europe, depuis que Washington a introduit de larges subventions en faveur des véhicules électriques construits aux Etats-Unis.
Lundi, Ford a annoncé l'ouverture prochaine d'une immense usine de batteries au Michigan, avec 2.500 employés et 3,5 milliards de dollars d'investissement.
Le constructeur avait annoncé à l'été 2022 la suppression de plusieurs milliers de postes aux Etats-Unis et en Inde, à l'occasion de conversions d'usines vers l'électrique.
Ses sites européens emploient actuellement 34.000 salariés du Royaume-Uni à la Turquie et ont déjà fait l'objet de plusieurs vagues de suppressions de postes et de fermetures, comme à Blanquefort (Gironde).
Et jusqu'à récemment, les emplois semblaient préservés à Cologne, où le constructeur avait annoncé un investissement de deux milliards d'euros.
Le constructeur doit y lancer dans les prochaines semaines la production de sa première voiture électrique européenne, un petit SUV. Son usine en Turquie a également commencé à produire des utilitaires électriques.
Ford n'a pas donné de précisions sur l'avenir de son autre usine allemande de Saarlouis, à la frontière française, où la production d'aucun modèle n'est prévue après 2025 et l'arrêt programmé de la Focus.