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Mardi matin, à l'aube, au rythme des tambours et accompagné des fifres, le ramassage des Gilles, en costume traditionnel, des Marins, des Pierrots et Arlequins a débuté à Binche, alors que le "Mardi Gras" est traditionnellement la journée la plus importante et la plus populaire du Carnaval de la ville hennuyère.
Avant de se mettre en route, c'est un moment d'intimité précieux: dans les foyers, en famille, les Gilles se préparent. Les bosses prennent forme... Un véritable savoir-faire. "La paille doit bien tenir, mais en même temps elle doit être aérée, pour qu'il y ait de la respiration toute la journée, qu'on s'amuse et qu'on l'oublie en somme", nous explique un Binchois, spécialiste du bourrage.
Ce mardi matin, nous avons suivi Dimitri et Gauthier, Gilles à Binche. Ils ont entamé leur métamorphose... Les hommes deviennent Gilles. Les prémices d'une journée de mardi, où tout doit être parfait. "C'est chaque année ce petit détail qui revient, donc oui, c'est important. C'est un rituel, comme on dit", nous dit Dimitri. "Ils ont bien fait leur job, franchement on est bien dedans", renchérit Gauthier.
Et comme le veut la tradition, les Gilles de la société "Les jeunes indépendants" viennent chercher Dimitri et Gauthier. Le ramassage se fait en musique, ce sont les premiers pas dans la rue. "On est content de les voir, on se dit que ça y est, on est parti. On a envie de danser, on a envie d'entendre l'audabe", se réjouit Dimitri.
Durant toute la journée, les Gilles vont marteler le sol de leurs sabots pour chasser l'hiver et appeler le printemps.
Environ 1.300 Gilles à Binche
Il est 7h du matin à Binche, et parmi les 1.300 Gilles, nous rencontrons Philippe. Il a 63 années de folklore dans les pattes, et est toujours aussi amoureux. "Je pense qu'on a un carnaval un peu plus africain, voire sud-américain, qu'européen. Ça veut dire que ce n'est pas un carnaval de défilé, c'est un carnaval de communion entre les gens qui dansent, ceux qui jouent du tambour et ceux qui font de la musique l'après-midi", nous raconte-t-il.
Toutes ces années d'expérience épatent Dimitri. "C'est toujours un plaisir de danser avec lui, il sait pratiquement tout... C'est très gai", nous dit-il.
Après un petit-déjeuner traditionnel aux huîtres et au champagne, les acteurs du carnaval ont été reçus en matinée par les autorités de la Ville, une tradition. Le masque de cire est alors porté par les Gilles, ils sont tous les mêmes et les classes sociales sont gommées. "C'est un moment où on est soi-même, on est refermé sur soi-même et en communion avec tout le monde", nous confie Dimitri.
Sous le soleil, les Gilles ont déjà réussi une partie de leur mission : faire revenir le printemps. Et vu la météo, tous y croit à Binche.
Un moment d'accalmie avant la tempête
Vers 13h, c'est le moment d'accalmie. Les Gilles retournent chez eux et prennent un repas en famille... Bien marité après avoir marché plusieurs kilomètres dans leurs sabots de bois.
Le grand cortège, avec les Gilles en costume, affublés de leurs chapeaux de plumes d'autruche, qui offriront des oranges sanguines à la foule, s'élancera à 15h.
Les acteurs se regrouperont ensuite sur la Grand-Place dès 17h30 pour un grand rondeau. Le rondeau final sur la Grand-Place se déroulera en soirée (20h00) avant le feu d'artifice marquant la fin du carnaval.
Quelque 1.200 acteurs participeront aux festivités carnavalesques du Carnaval de Binche qui célèbre en 2024 les 20 ans de sa reconnaissance comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'Humanité par l'Unesco.
Les tambours résonneront jusque tard dans la nuit à Binche. Ils devront s'arrêter de rythmer la vie binchoise avant le lever du soleil, pour le Mercredi des Cendres.