Partager:
Deux fois par semaine, la caserne de Saive accueille une table de conversation en wallon, un rendez-vous qui séduit une vingtaine de seniors désireux de faire revivre cette langue régionale.
« Binamé planquet, tot lès kénz djoûs, nos nos rapoulans po l’plaisir d’êtyinde et d’djozî wallon. » En une phrase, toute la richesse du wallon de Liège ressort.
Cette phrase veut dire littéralement : "Cher ami, tous les quinze jours nous nous retrouvons pour le plaisir d'entendre et de parler wallon."
Binamé, qui veut dire littéralement bien-aimé, est ici donné comme un terme affectueux, alors qu'il peut être souvent utilisé de manière plus moqueuse ou condescendante.
Planquet signifie littéralement "planqué" et est donné comme surnom affectueux, souvent à un proche ou à un ami.
Tandis que "rapoulans" n'est ni "rtrouvans" ni "rasamblans", qui veulent dire retrouver et rassembler. Cela signifie la même chose, mais avec une dimension plus affectueuse et émotionnelle, pas uniquement physique.
Ça reste notre culture
Des textes, des poèmes, des chansons ou simplement des conversations, les participants tentent de ne pas parler français ici : c'est le wallon qui prime. Philippe participe à cet atelier car "le wallon représente pour moi un peu une Madeleine de Proust. Mes grands-parents le parlaient, donc le retrouver ici, pouvoir le parler avec d'autres personnes dans un environnement convivial, amical, détendu, est une très belle récréation", confie-t-il.
Les seniors sont encadrés par Vincent Reynders, un animateur bénévole. Ensemble, ils discutent librement, échangent des expressions, tentent parfois de retrouver l'origine de certains mots. "Ça reste notre culture. Mes enfants, de temps en temps, disent : "Tîn, ké dis-t-i cila ?" (P*tain, qu'est-ce qu'il dit celui-là?), "zut" ou "didju" (diminutif de nom de Dieu) ou des trucs "com soula" (comme ça) qu'ils ont entendu. Il y a toujours des petites expressions qu'on parle, qu'on dit, dans la conversation française, on dit quand même des mots wallons "todi" (toujours) hein".
Vers des ateliers grand public
Ces tables de conversation sont organisées tous les quinze jours par la commune de Blegny, qui envisage d'étendre le projet, comme l'explique Arnaud Leclerq, échevin des seniors : "Pour nous, c'est important de préserver notre patrimoine linguistique. Ça fait partie de notre culture et c'est en cours de réflexion de l'étendre à tout public, peut-être en fin de journée, début de soirée. On est en train d'étudier la possibilité de le proposer, parce qu'il y a de la demande", assure-t-il.
Et si "djozî" en Wallon devenait un nouveau rituel intergénérationnel ? Une langue parfois oubliée, mais jamais tout à fait perdue ...


















