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"Invivable": le nouveau réseau du TEC révolte certains usagers, notamment Lise-Marie de Sombreffe

Depuis le 1er août, le TEC a mis en place un nouveau plan de mobilité dans plusieurs bassins de vie. Si le réseau de transports affirme avoir voulu répondre à "l'évolution constante des besoins en mobilité des habitants et travailleurs", les usagers, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Sur la zone Gembloux - Basse Sambre, la colère gronde. Lise-Marie a appuyé sur le bouton orange Alertez-Nous pour faire entendre sa voix. 

La nouvelle passe mal, très mal, pour les habitants de la zone Gembloux - Basse Sambre. Depuis le 1er août, c'est la stupeur et l'inquiétude qui règnent chez les citoyens, et surtout les usagers du TEC. Après des mois de travail et de réunions de concertation, un nouveau plan de mobilité a effectivement été mis en place. Le problème: il ne correspond pas franchement aux attentes des habitants.

Pourtant, sur son site, le TEC l'assure: "le réseau de transport public du territoire a été repensé en profondeur comme une alternative fiable " et "la démarche de participation citoyenne a été organisée afin de faire émerger les avis diversifiés et constructifs de citoyens et de la société civile (...) le but étant de contribuer au projet de redéploiement du réseau proposé pour qu’il soit le plus en adéquation possible avec la vie quotidienne des citoyens".

"Un temps fou"

Mais le résultat ne convainc pas. Lise-Marie habite l'une des entités de Sombreffe. C'est elle qui a décidé d'appuyer sur le bouton orange Alertez-nous. "Toutes les lignes de bus scolaires ont été supprimées au profit de deux autres lignes dont les horaires sont inadéquats avec les parcours scolaires des jeunes", nous explique-t-elle. "Que ce soit pour aller à l'école à Gembloux ou à Fleurus, cela prend maintenant un temps fou." Au total, sept arrêts ont été supprimés dans le centre de Sombreffe.

"Tout ça met non seulement nos enfants en difficulté parce que ça rallonge les temps de trajet pour rejoindre les nouveaux arrêts, mais aussi les personnes âgées et handicapées qui doivent traverser tout le village..." D'une quinzaine de minutes pour rejoindre l'arrêt le plus proche, auparavant, la famille de Lise-Marie doit désormais marcher plus de 30 minutes, ou emprunter une chaussée "dangereuse" sans trottoirs. 

Des abonnements plus onéreux

De plus, ce nouveau plan de mobilité pousserait les familles à opter pour les "lignes Express", plus chères que les lignes scolaires classiques. Le fils de Lise-Marie, par exemple, a 17 ans. Son abonnement coûte désormais 585€ l'année, contre 132€ annuels avant le nouveau réseau. La belle-fille de notre alerteuse, elle, va à l'école à Namur. Pour s'y rendre, elle doit ajouter à sa ligne de bus un abonnement de train, un cumul qui aboutit sur un temps de trajet bien plus conséquent. "D'autres parents expliquent que leur école se situe à une vingtaine de minutes de leur domicile en voiture et qu'ils se retrouvent à faire 1h30-45 de route en bus. Ce n'est pas gérable. Ça devient problématique pour énormément de gens...

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Des citoyens mobilisés

Lise-Marie n'est pas la seule à être révoltée de ce réseau réhabilité. Sur la page du TEC, les commentaires négatifs s'accumulent: "Se lever à 5h du matin pour être à l'école à 8h, invivable merci le TEC après on s'étonne de vouloir garder la voiture !?", "Ce nouveau ignore complètement les villages excentrés", "Je suis totalement effarée par cette décision, elle n'a d'ailleurs jamais été prise AVEC nous, mais CONTRE nos avis", peut-on lire dans les nombreuses réactions. 

Un groupe d'action sur Facebook, "Mobilisés pour notre mobilité", a été lancé et compte plusieurs centaines de membres. Isabelle Hanoteau en est l'administratrice. Ce nouveau plan de mobilité est une bataille qu'elle mène depuis l'annonce du projet, soit depuis des mois. "Sombreffe est une commune située en zone rurale qui comprend plusieurs villages", nous explique-t-elle. "La raréfaction des commerces et services disponibles dans notre commune impose le maintien de notre mobilité comme un enjeu fondamental." 

Selon Isabelle Hanoteau, ce nouveau réseau engendre une "perte d'autonomie" pour les habitants et les plonge dans une certaine forme de "précarité sociale et financière". Dès le début de la concertation, ce groupe a lancé une pétition qui a rassemblé 800 signataires. Soumise au cabinet du ministre de la Mobilité en région wallone Philippe Henry, celui-ci a simplement répondu que le déploiement était "en cours d'élaboration".  

Isabelle Hanoteau, notre alerteuse et les membres de leur groupe regrettent de ne pas être entendus par le cabinet ministériel. Bien que leur combat ait "permis de prévoir deux arrêts dans notre commune, non envisagés dans le projet initial dans l’itinéraire des lignes Express", ils "ambitionnent d'interpeller à nouveau" le Ministre afin de demander une nouvelle fois la révision du plan. Une nouvelle pétition a d'ailleurs été lancée. 

Besoin de temps pour le TEC 

Du côté du TEC, on indique devoir travailler en collaboration avec les institutions, notamment l'Autorité Organisatrice du Transport qui fixe les périmètres du champ d'action, mais on affirme être à l'écoute des requêtes des usagers. "Toutes les plaintes et réclamations sont analysées une par une par les équipes du TEC, ce qui prend inévitablement du temps, mais aucune n’est vaine. Des premiers changements, notamment l’ajout d’arrêts sur certaines lignes, seront d’ailleurs d’application pour la rentrée scolaire. En revanche, l’ajout de parcours supplémentaires demande des analyses plus poussées et, obligatoirement, l’accord final de l’Autorité Organisatrice du Transport", nous répond-on au TEC.

Autrement dit, le TEC n'a pas les pleins pouvoirs pour répondre à la demande. Il n'a "ni le mandat, ni la possibilité de satisfaire toutes les demandes des voyageurs et doit nécessairement prioriser l’intérêt général au détriment de demandes plus spécifiques", précise-t-il. Une "période d'observation" est nécessaire afin d'identifier les problèmes et ensuite proposer solutions et modifications. "Nous sommes conscients que cela peut également générer certains désagréments et nous le regrettons."

Des adaptations "envisagées" par le Ministre

Contacté, le cabinet du ministère wallon de la Mobilité répond avoir conscience des "bouleversements" qu'engendre ce nouveau plan de mobilité chez les habitants. Des "adaptations peuvent déjà être envisagées suite aux retours du terrain après ces 3 premières semaines de mise en œuvre, et certaines sont déjà entérinées comme l’ajout d’arrêts sur certaines lignes", nous indique-t-on. Mais il est forcément nécessaire pour le TEC et l'AOT (l’Autorité Organisatrice des Transports collectifs et partagés, rattachée au SPW MI) d'analyser "dans quelle mesure les objectifs du redéploiement sont atteints, à savoir : une offre de transport plus accessible, plus efficace, mieux intégrée et plus lisible pour le plus grand nombre". Autrement dit: l'intérêt du plus grand nombre primera. "Les voix des usagers qui s’estiment lésés se font actuellement entendre, à juste titre" mais les adaptations du redéploiement seront analysées en fonction de la "fréquentation" et de la "satisfaction globale"

Le cabinet ministériel affirme que ce nouveau plan a bien été "coconstruit"  avec la population et avance ces chiffres: "682 inscrits en ligne + une cinquantaine de citoyens aux ateliers organisés".

Cependant, le bureau de Philippe Henri reconnaît des désagréments chez "certains" usagers qui doivent maintenant "coupler le bus avec le train". "Pour des raisons d’intérêt général, les bus ont fait l’objet d’une meilleure répartition en heure de pointe afin de desservir d’autres villages qui ne l’étaient pas précédemment", nous avance-t-on. Aussi, désormais, "au lieu de bénéficier d’une liaison limitée à certains créneaux horaires, les usagers concernés peuvent bénéficier d’une offre de transport toute la journée en couplant TEC-SNCB, dont les horaires ont été synchronisés pour permettre une correspondance aisée." 

Concernant la question de l'augmentation des prix due aux combinaisons TEC-SNCB, elle doit être traitée entre opérateurs de transport et cela fera "certainement" partie des discussions, toujours selon le cabinet du ministre des Transports.

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Commentaires

1 commentaire

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  • Le TEC c'est comme la SNCB, à un moment où il faudrait attirer les gens vers les transports en commun, ils font tout pour les en détourner au point que de gens n'ayant pas de voiture se pose la question d'en acheter une. Entre suppressions d'arrêts, fermetures de gares, hausses de tarifs ... Au final, ils sont les meilleurs ambassadeurs du tout à la voiture.

    Mick Mick
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