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Jean soupçonne l'installation d'une maison close devant chez lui: "Heureusement que ma maison est bien isolée"

Des va-et-vient incessants, des cris en plein milieu de la nuit, des bruits de moteurs qui grondent... Le quotidien de Jean a radicalement changé depuis l'arrivée d'un nouveau voisin. Très vite, il se rend compte que la maison à côté de chez lui n'accueille pas qu'un seul habitant, mais bel et bien une dizaine d'habitantes. Cette situation inhabituelle vient bousculer le quotidien de cet habitant de Jumet. Jean a appuyé sur notre bouton orange Alertez-nous car il pense que la maison ne sert pas seulement de dortoir...

Jean est propriétaire d’une maison à Jumet depuis près d’une dizaine d’années : "Ce n’est pas le plus calme des quartiers, mais il y fait bon vivre." C’est donc dans la Rue Jean-Baptiste Ledoux à Jumet qu’il a décidé de fonder sa famille, et de s’installer avec sa femme et ses deux enfants : "Quand on achète sa propre maison, on se dit que c’est bon, on a trouvé notre cocon, on est en paix." Mais il y a trois ans, un voisin un peu particulier a décidé d’emménager en face de la maison de Jean : "C’était une grande maison, avec plusieurs appartements. Cela faisait un bon moment qu’elle était vide. Et puis un jour, j’ai commencé à voir de plus en plus de personnes rôder autour. C’est surtout ça qui m’a mis la puce à l’oreille."

Vous n’allez pas me faire croire que c’est un internat !

À la tombée de la nuit, la rue de Jean devient petit à petit le théâtre d’allers-retours pour le moins énigmatiques : "J’ai d’abord commencé à voir des filles s’installer. Elles parlaient portugais, on aurait dit des Brésiliennes. C’était déjà assez inhabituel dans mon quartier. En parallèle, je voyais chaque jour des voitures immatriculées en Roumanie, en Bulgarie, en Allemagne, ou encore en France, s’arrêter devant chez elles. Visiblement, elles ont des connaissances un peu partout en Europe !", ironise le Jumétois. Pour lui, c’est évident, c’est une maison close qui s’est installée dans sa rue : "Mon quotidien se résume maintenant à ouvrir la fenêtre et à voir des filles en string et à moitié nues en face de chez moi. C’est une maison close. Je ne vois pas ce que ça peut être d’autre. Vous n’allez pas me faire croire que c’est un internat ! L'uniforme serait un peu particulier... ".

Bruit, alcool, drogue...

En plus d’être un lieu de prostitution, Jean soupçonne également un trafic de drogue : "Ça fait trois ans que j’assiste à ces va-et-vient. Je peux vous dire que j’ai eu le temps de tout bien analyser. Il y a ceux qui rentrent pour voir des filles, et ceux-là, ils sont très faciles à reconnaître. Ensuite, il y a ceux qui viennent avec des voitures qui valent des centaines de milliers d’euros. Ce sont généralement des jeunes hommes qui ne restent pas plus de 10 minutes." 

Un changement soudain, qui provoque quelques remous dans le quartier : "On entend constamment des bruits de klaxons, des gens qui parlent fort, et qui boivent sur la voie publique. C’est devenu très bruyant du jour au lendemain. Imaginez une dizaine de filles dans une même maison, avec leurs clients qui défilent devant chez vous. Ça fait un bourdonnement incessant de bruit. Heureusement que ma maison est bien isolée !

Que faire dans ce genre de situation ?

Il y a six mois, Jean décide d’alerter la police : "Au début, j’ai quand même eu l’impression qu’ils avaient pris le problème au sérieux. Ils ont installé une caméra pour les surveiller. Mais finalement, ça n’a rien fait changer parce que ça continue encore aujourd’hui. Je vois encore des gens défiler tous les jours et il n’y a eu aucune intervention."

Jean décide alors de mener son enquête de son côté : "Un jour, je me suis mis en tête de sortir, et d'aller demander directement ce qui se passait à l'un des hommes qui attendait dans la rue. Il m'a alors affirmé que c'était bel et bien un lieu de prostitution, qui permettait à des prostituées du site quartier rouge (un site web de proposition de rencontres qui ne cache pas son objet) de pouvoir accueillir des clients."

De son côté, la police de Charleroi dit suivre l'affaire de près, mais ne souhaite pas communiquer davantage au risque d'entraver l'enquête. 

Pour Isabelle Jaramilllo, coordinatrice générale de l’ASBL Espace P, l'essentiel reste avant tout d'entamer un dialogue : "Il ne faut pas diaboliser les travailleurs et travailleuses du sexe, et surtout ne pas mettre tout le monde dans le même panier. La majorité effectue son travail, en suivant des réglementations strictes, et en respectant la loi. Si quelque chose incommode le voisinage, il faut en parler directement avec les principales concernées et le problème peut très vite être réglé entre les deux parties." 

Prostitution : quel est le cadre légal en Belgique ?

La Belgique est devenue le premier pays en Europe à décriminaliser la prostitution en 2022. Les travailleurs et travailleuses du sexe disposent donc d’un statut. Ce qui veut dire qu’il leur est possible d’avoir des droits sociaux comme une pension, une assurance-maladie, ou encore des congés payés. Le proxénétisme, quant à lui, reste interdit. Tout comme le racolage sur la voie publique. Concernant les maisons closes, elles sont autorisées, mais elles font l’objet de réglementations très strictes. Des contrôles réguliers y sont effectués. Les tenanciers doivent également déclarer les identités de chacune de leurs pensionnaires. Ces lieux doivent être situés dans des lieux approuvés par le collège échevinal et leur implantation est interdite à proximité des écoles, des lieux de religion et des établissements publics.

Or ici, ces critères ne sont visiblement pas respectés : "On a deux écoles juste en bas de la rue… C’est inadmissible !", s’énerve Jean. Néanmoins, l’immeuble ne semble pas officiellement être déclaré comme une maison close : "C’est comme si c’était une grande collocation avec des filles en petites tenues, qui viennent et repartent. Il n’y a pas d’inscription. D’un mois à l’autre, les filles changent. Ce ne sont jamais les mêmes" déclare Jean.

D’après Isabelle Jaramilllo, coordinatrice générale de l’ASBL Espace P, ces tournantes sont fréquentes lorsque l’établissement accueille des travailleurs et des travailleuses du sexe en situation irrégulière : "Elles ont peur parce qu’il y a beaucoup de contrôles. Elles ne prennent pas le risque de rester trop longtemps au même endroit, de peur de se faire arrêter", explique-t-elle. Et pour cause, la prostitution de personnes en situation illégale, est interdite. Au même titre, que le proxénétisme, la prostitution contrainte, et la prostitution de personnes mineures.

En Belgique, selon les derniers chiffres, il y aurait près de 26 000 travailleurs et travailleuses du sexe (95 % de femmes, 3 % de transsexuels et 2 % d'hommes). D’après une récente étude de la Banque nationale, et de la KU Leuven, la prostitution en Belgique génère un chiffre d'affaires estimé à 870 millions d'euros.

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Commentaires

2 commentaires

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  • "Des va-et-vient incessants," venant d'une maison close, c'est normal. "Mon quotidien se résume maintenant à ouvrir la fenêtre et à voir des filles en string et à moitié nues en face de chez moi. " si elles sont jolies, pourquoi pas ?

    roger rabbit
     Répondre
  • Il n'a pas peur d'avoir relaté cela ???? Faudra pas s'étonner s'il lui arrive quelque chose !

    Jean CARLIER
     Répondre