Accueil Actu Vos témoignages

"Le nez coule, les yeux aussi": Hatim est déjà dérangé par le pollen, y a-t-il un lien avec le réchauffement climatique ?

Qui dit début des beaux jours, dit apparition du pollen. Sauf que ces beaux jours, cette année en particulier, arrivent de plus en plus vite. Pour Hatim, allergique au pollen, comme pour beaucoup d'autres, le début des galères commence alors que l'hiver n'est pas encore totalement derrière nous. Comment l'expliquer ?

Sensible à l'apparition du pollen depuis une dizaine d'années, Hatim a décidé de nous contacter via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de son constat : cette année, les symptômes de l'apparition de pollen sont beaucoup plus rapides que les années précédentes. "Je suis étonné d'être déjà touché au mois de février. Le nez coule déjà, les yeux aussi, la fatigue se fait ressentir", explique-t-il. "D'habitude, c'est plutôt en mars-avril, d'autant plus que cette année, les symptômes sont vraiment forts, je n'ai pas l'habitude".

Hatim se pose donc la question : "Jusqu'à où ça peut aller au niveau des symptômes ? Le printemps, c'est le retour des beaux jours, c'est déjà assez frustrant d'être dérangé avec ça, mais si ça commence à apparaître de plus en plus tôt…"

L'homme, originaire de Bruxelles, a pourtant sa petite idée de la raison pour laquelle ces symptômes lui viennent plus rapidement. "J'imagine que le réchauffement climatique n'y est pas pour rien, c'est un signe qu'il se passe quelque chose. C'est souvent un peu imperceptible, mais pour moi, là, je le ressens bien", explique-t-il.

Un constat bien réel

Pour répondre à cette question, nous sommes allés à la rencontre de plusieurs spécialisés. Tout d'abord, il s'agira de comprendre en quoi le réchauffement climatique pourrait avoir une incidence sur la présence de pollen dans l'atmosphère.

"Depuis une dizaine d'années, on remarque que cela vient plus tôt", note Xavier Fettweis, climatologue. "La tendance est claire en comparaison à il y a 50 ans, par exemple. Ce n'est pas aussi fort chaque année, mais c'est en hausse, c'est clair". 

Edition numérique des abonnés

De fait, la tendance n'est pas près de s'inverser. "C'est acté : cela continuera comme cela et on l'attribue au changement climatique. Les hivers sont de plus en plus doux donc les périodes de fleuraison viendront de plus en plus tôt également".

Le pollen ou l'histoire du changement climatique

Le phénomène du changement climatique est établi depuis de nombreuses années et fait l'unanimité dans le monde scientifique. Une manière de plus de le constater est, justement, en analysant le pollen. Mona Court-Picon est palynologue, soit scientifique qui étude le pollen, et elle nous explique. 

"Le but du métier est de reconstituer l'environnement du passé et donc de reconstituer les climats", présente-t-elle. Pour ce faire, l'analyse des grains de pollen est donc un outil très utile. "Le pollen est une image de la végétation, puisqu'elle en provient. En analysant les pollens depuis des années et des années, on peut observer de quel arbre il provient et donc constater les changements climatiques qui ont eu lieu depuis des milliers d'années".

Edition numérique des abonnés

Concrètement, un palynologue va pouvoir voir, en procédant à des analyses de grains de pollen, de quels arbres ils sont issus, et ainsi analyser l'apparition des types d'arbres dans des zones du monde. "Par exemple, en Méditerranée, vous trouverez des oliviers, arbre qu'on ne trouve pas ici. Si dans quelques années, on retrouve du pollen issu d'olivier, on verra clairement que le changement climatique y sera pour quelque chose, car cet arbre est censé poussé dans des endroits chauds. En fonction des pourcentages de pollens issus de tel ou tel arbre, on peut donc retracer l'historique des températures".

Et l'allergie, alors ? 

Reste que pour Hatim, l'allergie se ressent davantage chez lui, cette année seulement. Le réchauffement climatique n'ayant pas commencé en 2023, nous sommes allés à la rencontre de Patrick Levie, allergologue.

"Cela peut varier d'une année à l'autre, certaines années, le pollen s'exprime de manière très puissante. Pendant le covid, par exemple, nous avions moins de patients parce que le masque protégeait les muqueuses, mais cette année est assez difficile, en effet, de nombreux patients arrivent", analyse-t-il.

"Si ce patient ressent plus fortement les symptômes, c'est parce qu'il y a plus de grains de pollen dans l'air, probablement parce qu'il y a eu quelques belles journées et pas mal de vent". Mais certains facteurs sont également propices aux symptômes forts. "La symptomatologie peut être influencée par l'environnement ; si l'on est dans des endroits pollués, les muqueuses seront plus sensibles à l'inflammation. Même si on pourrait penser l'inverse avec la présence d'arbres, il y a plus d'allergiques en ville qu'à la campagne, par exemple".

Edition numérique des abonnés

Question réchauffement climatique, Patrick Levie a le même discours. "Si le climat continue de se réchauffer, il y aura toujours plus de pollen, car c'est la pluie qui permet de l'abattre. Qui dit réchauffement climatique, dit moins de pluie, donc plus de pollens".
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Quel changement climatique?

    Alain Schmit
     Répondre
  • Vous pouvez nettoyer et renforcer les muqueuses du nez avec de l'eau de mer vaporisée à 20 gr de sel par litre d'eau et empêcher l'écoulement avec du Rhinospray Ipratropium 1 fois par jour ; libre en pharmacie.

    Yvan Gilot
     Répondre