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"Il y avait au moins une centaine de sandwichs, c'est scandaleux!": Bernard voulait en acheter un, il apprend qu'ils vont tous être... jetés

Une vitrine remplie de sandwichs en passe d'être jetés à la poubelle. C'est la triste scène à laquelle Bernard a été confronté dans l'un des magasins de l'enseigne Panos à l'aéroport de Charleroi.

Il est 20h, lorsque Bernard rentre dans l’aéroport de Charleroi : « J’avais un vol à 21h pour Madrid, j’étais épuisé et je n’avais rien à manger. » Avant d’embarquer, il décide d’aller se chercher un sandwich : « Je ne vais pas souvent dans les Panos, mais là, ça me semblait être le bon compromis pour ne pas trop dépenser. » Vient alors un échange surréaliste, dont Bernard se souviendra encore longtemps : « Au moment de commander, je vois une vitrine remplie, donc je me dis que j’aurai le choix », nous a-t-il expliqué via notre bouton orange Alertez-nous.

Son choix se porte sur l’un des sandwichs chauds posés sur le comptoir. Mais, à sa surprise, la caissière lui refuse sa commande: « On m’a dit que c’était impossible de me vendre un sandwich chaud parce que les cuisines étaient déjà fermées et que je devais me contenter d’un sandwich froid. J’ai cru à une blague parce que toute la vitrine était remplie de sandwichs prêts à être réchauffés. Il y en avait au moins une centaine. »

Curieux, Bernard demande alors ce qui va être fait de cette quantité de nourriture : « Visiblement, ils n’allaient plus les vendre, donc je leur ai demandé où est-ce que ces sandwichs finiraient. Pour moi, il y a quelque chose qui clochait, et je sentais que leur réponse allait être toute aussi illogique que le refus de ma commande. » La réponse ne se fait pas attendre : « On m’a annoncé que tout allait être jeté et que c’était la procédure. J’étais révolté. Pas contre eux, mais contre le système qui les bloque de faire autrement. Je ne comprends pas comment toute cette quantité de nourriture peut se retrouver à la poubelle. Alors qu’il y a des gens qui ne peuvent même pas se permettre de prendre trois repas par jour. On nous répète à longueur de journée qu’on est en crise mais quand on voit ça, on se dit qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. »

Comment expliquer ce gaspillage ?

D’après la chaîne Panos, impossible de contourner totalement le problème d’invendus car l’enseigne travaille essentiellement avec des produits frais. Pour les invendus qui existent, la chaîne dit mettre en place certaines mesures : « Une collaboration structurelle entre Panos et Too Good To Go existe depuis 2018 pour lutter contre le gaspillage alimentaire, notamment en gares et en centres-villes, soit 80% des magasins en ville utilisent déjà la plateforme. » Le principe de l’application : permettre aux consommateurs de récupérer des invendus. Tout se passe via la plateforme. Le consommateur commande chez un commerçant et récupère ensuite son colis. Seulement, dans ce cas spécifique, l’enseigne Panos située à l’intérieur de l’aéroport n’est accessible qu’aux voyageurs ayant en leur possession une carte d’embarquement. C’est en partie ce qui peut expliquer le fait que l’enseigne ne soit reliée à aucune plateforme comme Too good to go.

Il nous est difficile de déployer la solution Too Good To Go

Mais pour Panos, c’est avant tout une question de sécurité alimentaire : « En ce qui concerne l’aéroport de Charleroi, notre shop étant en zone réservée, pour des raisons de santé et sécurité il nous est difficile de déployer la solution Too Good To Go. En revanche, en zone publique la solution est en cours de déploiement (d’ici fin mars) auprès de certains partenaires. D’ores et déjà nos équipes s’engagent pleinement à limiter les pertes alimentaires autant que possible, en planifiant correctement le volume des préparations et les cuissons. » Autrement dit, impossible pour l’enseigne de donner librement les invendus de la journée, sans passer par une structure qui organise la procédure.

Ce n’est pas la première fois que la chaîne Panos est dans le viseur lorsqu’il s’agit de la gestion de ses invendus. Un cliché avait déjà suscité l’indignation sur les réseaux sociaux en mai 2022. On y voyait notamment les poubelles d’un magasin de l’enseigne Panos à Anvers. La poubelle était remplie de pains et de couques invendues, et jetées en fin de journée.

Quant à Bernard, l’expérience qu’il a vécue l’a tellement révolté, qu’il a décidé de boycotter la marque Panos : « Une chose est sûre, c’est que je ne mettrai plus jamais les pieds là-bas ! Je refuse de donner mon argent à un magasin qui a une gestion aussi catastrophique. C’est écœurant. »

Panos n’est en réalité pas un cas isolé. Le problème de gaspillage alimentaire est un phénomène qui touche toute la Belgique. Le Belge gaspille en moyenne 345 kilos de nourriture par an. Selon l’Afsca, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, notre pays serait d’ailleurs le deuxième au classement européen des plus gros gaspilleurs.

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