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Natalia est inquiète pour la santé mentale de sa fille: "Je cherche un pédopsychiatre, mais c’est mission impossible"

Depuis des semaines, Natalia tente de trouver un pédopsychiatre pour sa fille, visiblement très affectée depuis le confinement. Mais cette maman se heurte à de multiples refus de suivi de soins pour cause de services surchargés. Une situation qui l’inquiète. Les pédopsychiatres sont-ils débordés ? Et quelles sont les principales causes de demandes de consultation ?     

"Je cherche un pédopsychiatre pour ma fille, mais c’est mission impossible", regrette Natalia, un prénom d’emprunt, via le bouton orange Alertez-nous. Depuis quelques semaines, cette habitante de La Louvière passe plusieurs minutes au téléphone à la recherche d’un nouveau spécialiste pour sa fille âgée de 16 ans. 

Son pédopsychiatre actuel part à la retraite cet été. Et Natalia cherche un autre praticien pour assurer le suivi. Jusqu’à présent, ses nombreuses tentatives restent vaines. "Je ne trouve pas de pédopsychiatre pour remplacer le pédopsychiatre de ma fille qui va être pensionné. J’ai pris contact avec les médecins qui m’ont été renseignés par le pédopsychiatre de ma fille et malheureusement, j’ai eu porte close", regrette Natalia. 

Je me sens complètement démunie

Pourtant, une prise en charge est indispensable pour la santé mentale de l’adolescente. Depuis le confinement, son comportement a bien changé. "Elle était dans une forme de mutisme. Elle était fermée. J’ai découvert une grosse détresse, un décrochage scolaire et des scarifications", se souvient la maman. 

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L’aide d’un pédopsychiatre s’est révélée utile. Mais aujourd’hui, sans solution de secours, Natalia est inquiète. "Je me sens complètement démunie. Pour le moment, j’essaie de fixer des objectifs pour ne jamais la laisser vraiment désœuvrée", confie la maman de l’adolescente. 

Y a-t-il une pénurie de pédopsychiatres ?

Y a-t-il donc une pénurie de pédopsychiatres ? Un centre bruxellois se penche en permanence sur les enjeux de la santé mentale. Selon son directeur, trouver un spécialiste de la psychiatrie devient de plus en plus compliqué. "Dans les équipes, les gens sont sous pression parce qu’il y a énormément de demandes auxquelles ils ne savent pas répondre. Et par ailleurs, en termes de médecins, nous sommes en difficulté parce que nous avons de plus en plus de centres de santé mentale qui n’arrivent plus à embaucher des médecins psychiatres alors que les places sont vacantes", constate Yahya Hachem Samii, directeur de la ligue bruxelloise pour la santé mentale. 

D’après ce centre, seuls dix étudiants par an sortent diplômés de la filière. Et pourtant, la demande en consultation ne cesse de croître ces dernières années. 

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Pour Sylvie Dechêne, pédopsychiatre, deux éléments majeurs expliquent la majorité des consultations. Tout d’abord, elle pointe du doigt la parentalité exclusivement positive. "On vit dans une société qui ne permet plus aux enfants de grandir. Il y a vraiment eu un changement énorme dans la relation entre les adultes et les enfants. Les parents ne se sentent plus légitimes de mettre un cadre aux enfants, d’être une autorité pour les enfants. On confond l’autorité à l’autoritarisme", explique cette spécialiste. 

Selon elle, le deuxième problème est lié à une utilisation excessive des écrans. "Ils affectent énormément le développement psychique des enfants et des jeunes", prévient la pédopsychiatre. 

Impact négatif du confinement sur les enfants

Le confinement en raison de la pandémie a renforcé cette consommation virtuelle. Et cet isolement forcé a eu un impact négatif sur de nombreux adolescents qui se sont retrouvés en grande souffrance.  

"Depuis que les enfants et les adolescents sont retournés à l’école, on voit à quel point ils ont été affectés par le confinement à plusieurs niveaux. D’abord, il y a le problème de la désocialisation. Il y a un certain confort d’être dans son petit cocon familial et ressortir à l’extérieur est source d’angoisse", explique Sylvie Dechêne. 

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Plus que jamais, les pédopsychiatres sont donc débordés face aux nombreuses demandes. "C’est très difficile. On travaille énormément. On fait ce que l’on peut, mais c’est une réalité qui est évidente qui nous affecte tous", regrette la spécialiste. 

Pour répondre le plus rapidement possible aux besoins des enfants, elle conseille de se tourner vers les réseaux ambulatoires des services de soins en santé mentale présents dans chaque province du pays. 
 

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Commentaires

1 commentaire

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  • Ca fait 30 ans qu'ils hurlent à la pléthore... Nous voilà avec une pénurie.

    Jean Valjean
     Répondre