Accueil Actu

Sarkozy sème un nouveau caillou sur le chemin du retour

En venant dire son peu de gôut pour les vacances, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a semé jeudi à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime) un nouveau petit caillou sur le chemin d'un retour présenté en filigrane comme inéluctable à trois ans d'une élection présidentielle.

Après Nice, et la Savoie, c'est depuis la Charente-Maritime qu'il a envoyé sa dernière "carte postale" selon l'expression utilisée par ses proches, à l'occasion d'une remise de légion d'honneur au maire UMP de la ville, Jean-Louis Léonard. "Parfois les vacances me paraissaient longues, par la suite, ça ne s'est guère amélioré", a-t-il dit en souriant, multipliant les allusions et faisant rire une assistance déjà acquise à sa cause, dans une ambiance ponctuée de "Nicolas, reviens !".

Bernadette Chirac avait vendu la mèche

"Là où la mer est repassée, elle revient...", a-t-il lancé en riant, face à l'océan. Bref, il est prêt, tout en le disant, sans le dire, en cas d'appel du pays. Bernadette Chirac n'a-t-elle pas lâché la semaine dernière un "évidemment !" sur les ondes comme on la pressait de questions sur le retour de l'ancien chef de l'Etat !   
 
Pour le député UMP Benoist Apparu, interrogé par l'AFP, "il n'y a pas de retour dans la vie publique politique". Pour ce proche d'Alain Juppé,  Nicolas Sarkozy est en "réserve de la vie politique". "Il veut rester présent dans le paysage", analyse-t-il. "Le jour où il reviendra, il le fera savoir clairement", ajoute-t-il.  Pour le reste, "on est dans le décryptage permanent de tout et de pas grand chose".

"Il n'y a rien de pire que le mensonge"

 Pourtant, lors de son discours jeudi, qui devait rester à huis clos et a finalement été retransmis à la presse, l'ancien chef de l'Etat a parlé politique, de son action passée, mais aussi de l'actualité immédiate.
 
Il est revenu sur sa visite en 2004, en tant que ministre des Finances, à l'usine Alstom d'Aytré (Charente-maritime) dont il n'a "jamais oublié" les visages des ouvriers.Le sauvetage de cette usine, c'est son fait d'armes, celui qui lui avait ouvert les portes de l'électorat ouvrier pour la présidentielle de 2007.
 
L'occasion pour lui jeudi de porter un coup à l'actuel président François Hollande, qui n'a pas réussi à tenir sa promesse d'inverser la courbe du chômage: "En démocratie, il n'y a rien de pire que le mensonge".



"La course est longue"
 
 Revenant sur son action en tant que président dans l'après-Xynthia, Nicolas Sarkozy a revendiqué son "autorité" : "L'Etat doit savoir dire non et les Français doivent savoir l'entendre. L'autorité n'est pas une valeur démodée".
 
Avec les habitants, dont certains étaient opposés à l'interdiction de construction dans des zones inondables touchées par la tempête, "nous avons essayé ensemble de trouver la meilleure voie. Preuve qu'un dialogue est possible entre l'Etat et les Français", a-t-il assuré.
 
Alors que l'année 2013 a été marquée par de nombreuses polémiques sur la famille et que d'autres ont émergé en janvier, l'ex chef de l'Etat a fait une incursion dans l'actualité immédiate : "La famille, a-t-il dit, n'est pas un choix politique, elle n'est ni de droite, ni de gauche".
 
"(Elle) doit être protégée et encouragée, au même titre que l'idée de Nation, qui est une famille un peu plus large", a-t-il prôné, comme en guise de conseil.
 
Pour le sociologue Philippe Braud, interrogé par l'AFP, si le retour sur le devant de la scène de Nicolas Sarkozy est "assuré", il le juge "un peu trop visible" à trois ans de l'échéance "car la course est longue".









"Il va ranimer les cendres de la Sarkophobie"

"Plus, il se montre, plus il va ranimer les cendres très mal éteintes de la +Sarkophobie+", analyse-t-il, évoquant la difficulté de bien placer le curseur entre présence et discrétion.
 
Le sociologue estime d'ailleurs que c'est pour cette raison que Sarkozy n'est "pas le meilleur candidat à droite". Mais il cite également les "démêlées judiciaires" de l'ex chef de l'Etat. Entouré des deux centristes de l'UMP, l'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, avec qui il entretient des relations peu chaleureuses, et l'ex ministre Dominique Bussereau, soutien de François Fillon, Nicolas Sarkozy a aussi fait appel à l'unité. "J'ai compris que le rassemblement de toutes les énergies était la seule voie possible dans un pays comme le nôtre".
 
Plusieurs responsables politiques ont rapporté à l'AFP qu'il avait fait pression ces dernières semaines sur le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, au moment où celui-ci se rapprochait du patron du MoDem François Bayrou.
 
"Jusqu'à quel point les prétendants à la présidentielle qui existent à droite vont-ils se rallier ou s'incliner devant la volonté de Nicolas Sarkozy", s'interroge Philippe Braud.
 
Dominique Bussereau n'a pas manqué de rappeler qu'ils étaient nombreux à l'UMP à défendre l'organisation de primaires, comme prévu dans les statuts, pour désigner leur candidat à la présidentielle de 2017, même en cas de retour de l'ex président.







À la une

Sélectionné pour vous