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"On est dans les villages, on y a remplacé l'insurrection et on n'a pas l'intention de les leur rendre", assure le chef des opérations du groupe inter-armes français (GTIA) Richelieu dans le hameau de Mirkhel, bordant l'axe qui traverse la province afghane de Kapisa.
Début février, explique le lieutenant-colonel Pascal G., les troupes françaises ont conquis la zone alentour et fait sauter le "verrou de Jangali", une passe entre les villages de Mirkhel et Payandeh-Khel, jusqu'ici théâtre d'embuscades incessantes des talibans et autres groupes qui combattent le gouvernement de Kaboul et les forces internationales le soutenant.
Vers Mirkhel, à quelque 70 km au nord-est de Kaboul, la piste se resserre, longeant d'un côté des maisons à flancs de montagne, bordée de l'autre d'une "zone verte" de bocages. En dehors de l'hiver, la végétation cache idéalement les insurgés, très actifs dans la région.
C'est quelques km plus loin, sur cette route, qu'ont été enlevés le 30 décembre 2009 les deux journalistes français, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, toujours otages.
L'opération française a commencé fin janvier, à la fin d'une "pause opérationnelle" destinée à sécuriser une possible libération des deux otages, qui n'eut finalement pas lieu. Simple coïncidence de date, assure l'armée française.
Plusieurs jours et de gros moyens ont été nécessaires pour reconquérir la zone: ratissages systématiques des villages et fouilles "ont fait fuir les insurgés" et permis de découvrir des caches d'armes - fusils d'assaut, roquettes, composants de bombes artisanales -, explique le chef des opérations de Richelieu.
"Nous avons une liberté de mouvement depuis une dizaine de jours", assure le lieutenant-colonel G.
Des "actions de harcèlement sont toujours possibles" dans la zone, mais "les embuscades sont désormais difficiles à organiser pour les insurgés", explique un autre officier.
Douze heures étaient auparavant nécessaires aux rares convois, ralentis par des embuscades et des mines artisanales, pour relier la base avancée de Tora et celle de Tagab, à 45 km plus au nord.
Mardi, un imposant convoi logistique d'une trentaine de poids lourds et véhicules blindés d'escorte, parti de Kaboul, a ravitaillé Tagab (103 km de route et de piste) par cet axe nord-sud. Une première depuis longtemps, assure l'armée française, surtout destinée à montrer qu'elle contrôle la zone, fut-ce au prix d'un déploiement de force massif.
Le passage de Jangali s'est fait sans encombres. Sur le pas des maisons en bord de route, les villageois et gamins regardent, d'un oeil distrait, passer le convoi dans un nuage de poussière.
Il est vrai que les militaires français ont mis toutes les chances de leur côté: l'itinéraire a été reconnu par des drones et un détachement de reconnaissance, lourdement équipé, notamment d'engins capables de détecter certains explosifs artisanaux ou de les faire sauter à son passage, a précédé le convoi.
Deux hélicoptères de combat Tigre bourdonnent en permanence au-dessus de la vallée. Les abords de la piste, qui remontent en pente douce vers les flancs abrupts des montagnes environnantes, sont parsemés de véhicules blindés et de soldats français.
"Le dispositif est là pour empêcher l'insurgé de reprendre le terrain conquis", tempère le chef des opérations de Richelieu, "aucune zone en Afghanistan n'est tenue sans effectifs".
D'autant qu'avec la prochaine fin de l'hiver, la végétation masquera de nouveau les insurgés.
Pour l'heure, des ouvrier refont la route; l'axe est surtout crucial pour le développement économique de la province, assure un officier français. Tagab restera pour l'heure ravitaillée par une route passant par le nord, en meilleur état.
