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Aïcha vit à Bamako et a vécu l'attentat: "C'est la première fois que ça arrive, ça fait très très peur"

Un Français, un Belge et trois Maliens ont été abattus dans la nuit de vendredi à samedi dans un restaurant en plein cœur de Bamako, premier attentat visant des Occidentaux dans la capitale du Mali qui vit depuis 2012 sous la menace djihadiste.

L'attentat de Bamako a été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a dit vouloir venger son "prophète de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué", en allusion aux caricatures de Charlie Hebdo, et un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l'armée française en décembre dans le nord du pays.

Avant même cette revendication dans un enregistrement audio diffusé par l'agence privée mauritanienne Al-Akhbar, le gouvernement malien avait dénoncé une attaque "terroriste", affirmant qu'il ne se laisserait "pas intimider par ceux qui n'ont d'autres desseins que de faire éloigner les perspectives de la paix".

Des violences à Gao, principale ville du nord du pays, ont néanmoins souligné combien cet objectif restait distant: la foule a lynché à mort deux poseurs de bombes présumés, avant de les brûler.



Venger un acte de l'armée française

L'attentat a Bamako a fait 5 morts dont un belge. Le groupe djihadiste Al-Mourabitoune dit avoir voulu venger l'un des leurs tué par l'armée française en décembre.

Le risque de nouvelles attaques est réel. C'est aussi ce que craint Aicha, cette habitante franco-malienne de Bamako que la rédaction de Bel RTL a pu joindre.

"Ça fait quand même peut parce qu’on a jamais eu de fusillade à Bamako alors on se dit qu’on espère que ça ne va pas être le début d’une série d’attentats ou autre comme celui-ci. Des attentats dans la rue, se mettre à fusiller, lancer des grenades, ça fait quand même très très peur", se dit Aïcha.


Les gens étaient vigilants il y a trois ans


"Le Mali s’est pris tellement de coups avec ces histoires de djihadistes et autre. Quand il y a eu les attaques au nord du mali, même pour rentrer dans les magasins d’alimentation, les sacs étaient fouillés et là les gens étaient vraiment très très vigilants car ils se disaient, ca peut arriver, il peut y avoir un attentat", se souvient-elle. "Après trois ans, cela s’est un peu relâché car on s’est dit bon, c’est derrière nous. Mais aujourd’hui, avec ce qui vient d’arriver, je pense que les gens vont être de plus en plus vigilants."


"Un lâche attentat"

Le président français, François Hollande, a condamné "le lâche attentat" de Bamako. Il a indiqué avoir convenu avec son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keïta, de "mesures communes pour renforcer la sécurité au Mali".

De son côté, le Premier ministre Modibo Keïta a appelé à "ne pas se laisser distraire" à un moment crucial des négociations avec la rébellion à dominante touareg, sous forte pression internationale, y compris de l'ONU, pour parapher d'ici fin mars un accord de paix, comme l'a déjà fait le gouvernement le 1er mars à Alger.

Il s'est rendu avec le président malien sur les lieux de l'attentat, dans le quartier de l'Hippodrome, haut lieu de la vie nocturne dans la capitale.  "C'est le premier attentat de ce type à Bamako", a expliqué Pierre Boilley, directeur de l'Institut des mondes africains (IMAF).


Deux militaires suisses évacués à Dakar

Outre les tués, la fusillade a fait au moins huit blessés, dont deux militaires suisses grièvement touchés, évacués à Dakar après avoir été opérés.

Selon des témoins et des sources policières, un homme armé est entré peu après minuit (heure locale et GMT) à "La Terrasse", un établissement sur deux niveaux (boîte de nuit au rez-de-chaussée et bar-restaurant à l'étage) apprécié des expatriés.


Grenades et rafales d'arme automatique

Il a lancé des grenades avant d'ouvrir le feu, puis jeté deux autres grenades en partant à bord d'un véhicule conduit par un complice, en direction d'une patrouille de police, tuant un policier.

Entre-temps, l'assaillant, qui était masqué, selon la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), a également tué un ressortissant belge, ainsi que deux Maliens - un gardien et un policier - dans une rue voisine. D'après une source diplomatique, il a crié "mort aux Blancs!"




10.000 militaires déployés

La Minusma, qui a déployé quelque 10.000 militaires et policiers dans le pays, a annoncé avoir "mis à la disposition des autorités maliennes des enquêteurs et experts en scènes de crime".

Deux suspects maliens, arrêtés et interrogés peu après l'attaque, se sont avérés être des délinquants "pas impliqués" dans l'attentat, selon la police.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a fustigé une attaque "horrible et lâche", et le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné avec la plus grande fermeté" l'attentat.


L'identité de la victime belge est connue

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a confirmé la mort d'un citoyen belge. Il s'agit d'un ex-militaire responsable de la sécurité pour la délégation de l'Union européenne au Mali, père de deux enfants, selon une source diplomatique.

Le nord du Mali était tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés par l'opération militaire "Serval", lancée par la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.

Des zones entières du nord du pays échappent toujours au pouvoir central, mais les attaques jihadistes, qui s'étaient multipliées depuis l'été, surtout contre la Minusma, ont récemment diminué d'intensité.

L'ambassade de France dit avoir "constitué une cellule de crise, averti les Français, qui sont environ 6.000 au Mali, dès cette nuit et renforcé la sécurité de nos implantations en liaison avec les autorités maliennes".






































Les Affaires Etrangères donnent leurs recommandations

Après l'attentat, les Affaires Etrangères recommendent de ne pas se rendre au Mali si le voyage n'est pas indispensable - quant aux 300 Belges déjà sur place, ils doivent éviter les lieux publics fréquentés par les expatriés - et limiter les sorties après 23h.

Deux civils tués dans des tirs de roquette visant le camp de l'ONU à Kidal ce dimanche

Au moins deux civils ont été tués dimanche dans le nord-est du Mali par des tirs de roquettes visant un camp de l'ONU à Kidal, bastion de la rébellion, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire des Nations unies.

Un notable de Kidal et une source au sein de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) avaient auparavant fait état de tirs de roquette sur le camp, disant ne pas avoir connaissance de victimes. Par la suite, il y a eu de "nombreux autres tirs de roquettes", a affirmé la source sécuritaire au sein de la Minusma. "Certaines roquettes sont tombées dans un campement situé à trois kilomètres du camp de la Minusma. Au moins deux civils ont été tués. Ils sont de la tribu des Kountas" de la minorité arabe, a précisé cette source.



Les tirs de roquette contre les forces internationales sont fréquentes dans cette région mais ceux-ci interviennent au lendemain d'un attentat meurtrier à Bamako, la capitale, revendiqué par le groupe jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. 

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