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Politique étrangère et "atlantisme": la motion de censure rejetée par l'Assemblée

La motion de censure des députés PS et des autres élus de gauche contre le gouvernement Fillon, ciblée sur "la rupture atlantiste" de Nicolas Sarkozy, a été, sans surprise, rejetée mardi à l'Assemblée nationale.

La motion n'a recueilli que 227 voix, loin de la majorité actuellement requise de 288 voix. Seuls les députés favorables à la motion ont exprimé un vote. Toutes les motions de censure déposées depuis 20 ans ont été rejetées.

La gauche a fait le plein des voix. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (souverainiste) a lui aussi voté la motion pour "que les Français sachent qu'il y a encore des gaullistes à droite", en condamnant l'alignement de la politique étrangère française sur les Etats-Unis et l'envoi "de soldats à la boucherie" en Afghanistan.

En revanche, François Bayrou (MoDem), après avoir hésité sur la démarche à adopter, ne s'est pas associé à cette motion, estimant qu'Afghanistan et Otan "méritent des réponses différentes".

Pendant le débat, le patron du PS, François Hollande, a estimé que "nous allons perdre en indépendance ce que nous ne gagnerons pas en sécurité" avec la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, en défendant mardi la motion de censure de la gauche contre le gouvernement devant l'Assemblée nationale.

"Le vote de la motion de censure exprimera donc un double refus", a déclaré à la tribune M. Hollande: "le refus d'un changement de nature de notre engagement en Afghanistan" et "le refus de l'intégration de la France dans l'Otan".

Le premier secrétaire du PS a déploré la décision de Nicolas Sarkozy, prise "sous la pression américaine", "d'envoyer un renfort militaire (en Afghanistan) dont on ne sait d'ailleurs ni l'ampleur", "ni la localisation", "pas davantage la mission", "pas plus que la durée", "et je ne parle pas du coût".

"C'est donc le double risque de l'enlisement et de l'engrenage qu'il faut prévenir aujourd'hui", a ajouté le chef du PS, interrompu à plusieurs reprises par des applaudissements de la gauche.

"L'envoi de renforts en Afghanistan dans ce contexte est une décision politique plus que militaire. Elle s'inscrit dans un processus: celui du retour de la France dans l'organisation militaire de l'Otan", a poursuivi M. Hollande.

Qualifiant cette dernière décision de "fâcheuse et inopportune", il a estimé que "si notre pays renonçait ainsi à son autonomie de jugement au sein de l'alliance, c'est l'ensemble de l'Europe qui se trouvera en situation d'alignement sur les Etats-Unis".

"Ce retour vers l'Otan est non seulement contraire à nos intérêts et il est aussi contradictoire avec la stabilité du monde", a insisté M. Hollande.

"Il n'appartient pas au président de la République de décider seul de notre politique étrangère et de défense. Le domaine réservé ne peut être un domaine exclusif", a-t-il conclu, en demandant que le Parlement soit "saisi de ces choix".

M. Hollande a de nouveau dénoncé "une double rupture" en politique étrangère et de défense: "rupture dans l'usage de nos forces en Afghanistan" et "rupture dans le consensus sur l'Otan établi dans notre pays depuis 1966".

Alors que l'engagement militaire français à Kaboul après les attentats du 11 septembre 2001 était un "devoir", car il "reposait sur le droit de légitime défense collective reconnu par la charte des Nations unies", "le bilan de 7 ans de présence en Afghanistan est sombre" et l'opération présente "toutes les caractéristiques de l'enlisement", a estimé le député de Corrèze.

"Il faut fixer des conditions à toute intervention supplémentaire de nos armées", avec une "évaluation" des résultats de l'intervention actuelle, une "clarification" des missions, une "amplification" du soutien au développement et une "afghanisation" progressive de la gestion du pays, a-t-il insisté.

La politique actuelle des pays occidentaux "a échoué" car "elle crée plus de terrorisme qu'elle n'en détruit".

Le président du Mouvement démocrate (MoDem), François Bayrou, a annoncé mardi qu'il ne voterait pas la motion de censure "parce que ç'aurait été apporter la même réponse à deux questions", Afghanistan et Otan, qui "méritent des réponses différentes".

"Je suis profondément opposé à la décision qui est annoncée d'un retour dans le commandement intégré (de l'Otan, ndlr), ce n'est pas une bonne décision", a dit M. Bayrou, selon qui cela va "symboliquement priver notre pays d'atouts et de force".

"Mais si j'avais été en situation de responsabilité, sur l'Afghanistan, appelé au secours par les pays qui sont sur le front face aux talibans, j'aurais probablement dit que la solidarité devait s'exercer", a ajouté le président du MoDem.

"Il y a des moments où l'on doit la solidarité face aux talibans, au fondamentalisme et la drogue", a-t-il dit pour expliquer sa décision.

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