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Adieu Vlaamse Kust, bonjour côte française ?

Bernard Lobet a mené l’enquête pour Bel RTL de part et d’autre de la frontière, entre Bray-Dunes et La Panne. Les Wallons quittent le littoral belge car ils ne s'y sentent plus chez eux, mais les Flamands les suivent en France aussi, jusqu'à devenir majoritaires dans certains immeubles! Les bas prix en France en sont la raison.

Tous les interlocuteurs rencontrés sont formels. Les Belges achètent de plus en plus d’appartements à la côte française, délaissant la côté belge. La situation politique et le sentiment de rejet que les francophones ressentent de la part des Flamands n’y sont clairement pas étrangers. « Je crois que la côte française a toujours attiré les Belges. Peut-être un peu plus maintenant des Wallons, compte tenu d’une certaine forme d’hostilité qu’ils rencontrent parfois en territoire flamand », confie Patrick Schepens, le directeur de l’office du tourisme de Bray-Dunes, en France. Un rejet qui ne reflète pourtant pas la réalité, comme le confirme cet interlocuteur : « Je dis ‘parfois’ parce que si on fait référence par exemple à des communes comme La Panne ou Coxyde, qui sont des stations balnéaires extrêmement vivantes, extrêmement commerciales, elles n’ont pas de problèmes particuliers à recevoir les Wallons. Au contraire, elles se plaignent que les difficultés politiques en Belgique actuellement font fuir les Wallons de leur territoire dans lequel ils sont pourtant toujours bien accueillis ». A La Panne, le Wallon est toujours bien accueilli Une situation confirmée du côté de La Panne, où le directeur de l’office du tourisme local trouve cette situation désolante : « On aime bien accueillir tout le monde dans sa propre langue. On est au courant que les gens se sentent un peu moins bien accueillis qu’avant. On n’aime pas ça. Tout le monde est le bienvenu chez nous », témoigne Peter Cappelle au micro de Bernard Lobet. Mais la perception des Wallons est toute autre. Isabelle tient un restaurant à La Panne depuis 20 ans et elle a noté ce changement récent. « C’est vrai que depuis ce changement de politique, il y en a qui disent : ‘On ne se sent plus les bienvenus donc on va vendre’. J’ai quelques clients qui disent : ‘Si on n’est plus les bienvenus ici, on va acheter à Bray-Dunes.’ »Les prix hors-concurrence de Bray-Dunes attirent les Belges Bray-Dunes, la porte à côté, une sorte d’eldorado pour francophones voulant fuir l’ambiance de la côté flamande ? Pas uniquement ! Car le nerf de la guerre, c’est encore et toujours l’argent. Ce que les Belges ont compris depuis longtemps. « C’est beaucoup plus important depuis 5-6 ans. Les clients belges n’ont plus la possibilité d’investir sur le littoral belge qui est complètement saturé », explique Frédéric Remoleux, responsable du Nord-Pas-de-Calais pour le groupe immobilier Fontenoy. Le notaire Marc Van Beneden, de Bruxelles, confirme l’attrait de la côte française pour les investisseurs belges. « Ils retrouvent un petit peu l’ambiance qu’il y avait il y a 30 ou 40 ans sur la côte belge. Les prix sont indéniablement inférieurs à la côté belge, il y a une différence de 20 à 30%, c’est quand même très très important. La côte est moins abimée, il faut quand même le dire, et l’environnement est souvent de qualité. »Des prix qui attirent et une ambiance en Flandre qui décide à partir

La comparaison est claire. A Bray-dunes, « à 215.000€, il y a moyen d’avoir un appartement face à la mer avec 2 chambres », confirme Anne-Sophie de l’agence immobilière Fontenoy locale. En Belgique, même pour un 2 chambres avec vue sur mer d’occasion, on n’approche pas ce prix. « Si c’est une revente ou une occasion, il faut compter vers les 250.000€. Et pour une nouvelle construction, il faut compter à partir d’un 350.000€ pour un bel appartement », explique Fréderic Delrive de l’agence Immo De Panne. Si ces prix plus attractifs sont la raison de l’exode vers la France, l’actu politique en est le déclencheur, selon M. Van Beneden. « L’ambiance générale au niveau de ce qui se passe avec nos amis néerlandophones est certainement la petite goutte qui fait déborder le vase et qui fait qu’on se décide. Mais je pense que s’il n’y avait pas de différence de prix, peut-être qu’on ne se déciderait pas. »Des immeubles en France où l'assemblée des copropriétaires se fait en flamand La preuve que l’argent est déterminant, c’est que beaucoup de Flamands déménagent aussi en France… au grand désarroi des francophones : Si « un des arguments pour choisir la côte française, c’est notamment que nous sommes en France et que nous parlons le français, je pense aussi que tous les Belges, francophones et néerlandophones, sont attirés par cet habitat souvent de qualité, qui est souvent neuf, mais à un prix inférieur », explique encore M. Van Beneden, ajoutant que « beaucoup de mes clients me font part de petits immeubles, de petites copropriétés, où il y a des néerlandophones et des francophones, mais où les néerlandophones commencent à envisager de faire traduire l’acte de base en néerlandais. Et évidemment mes clients francophones ne sont pas du tout ravis de cette exportation de problèmes qui normalement devraient rester entre nos frontières, me semble-t-il. » Anne-Sophie, de l’agence immobilière de Bray-Dunes, confirme que c’est déjà le cas dans certains immeubles : « Dans un immeuble, on a la moitié de l’immeuble qui ne parle que Belge (Flamand, ndlr). Alors il y a un monsieur de la copropriété qui traduit l’assemblée… en français ! »

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