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Un sommet pour sauver le fleuve Niger en péril, mercredi à Niamey

Les présidents des neuf Etats du bassin du Niger se retrouvent mercredi à Niamey pour examiner un important programme financier censé sauver le fleuve en péril et garantir la survie de plus de 110 millions de personnes.

En plus du programme d'investissement de "sauvetage" du fleuve d'un coût estimé à quelque 5,5 milliards d'euros sur les 20 prochaines années, le sommet adoptera "la Charte de l'eau" de l'Autorité du bassin du Niger (ABN) qui réglementera la gestion des ressources du bassin.

Ce programme consistera notamment à reboiser les berges du fleuve, récupérer les plaines dégradées et désensabler le bassin moyen comprenant la boucle du Niger au Mali, le nord-est du Bassin au Burkina Faso et la rive droite du fleuve au Niger, en amont de Niamey, selon l'ABN.

Seuls 19% des fonds du programme sont cependant acquis, le reste sera mobilisé lors d'une table ronde des bailleurs de fonds dans deux mois, d'après Seyni Seydou, responsable de la lutte contre l'ensablement du Niger.

Depuis trois décennies, l'ABN s'inquiète de la mort lente du fleuve, le troisième d'Afrique avec 4.200 km de long et un bassin couvrant 2,1 millions de km2, soit le tiers de la superficie totale d'Afrique de l'ouest.

Baisse de la pluviométrie, ensablement, pression démographique, végétaux flottants, déchets industriels et techniques de production inadaptées mettent en péril l'existence de ce cours d'eau, affirme l'Autorité.

Des étiages sévères voire des arrêts d'écoulement ont été observés dès les années 80 en territoire nigérien et malien.

De plus, la navigation et la reproduction des poissons sont quasi impossibles en raison des faibles débits et des plantes aquatiques nuisibles qui colonisent ses eaux.

Ces contraintes conjuguées à l'extrême pauvreté de ses riverains et des Etats font que seulement 20% des potentialités agricoles du bassin estimées à 2.500.000 ha sont exploités, d'après l'ABN.

Ainsi bien qu'irrigués par le fleuve ou ses affluents, le Niger, le Mali, le Tchad et le Burkina Faso continuent d'être confrontés à des crises alimentaires et des conflits inter-communautaires autour des rares points d'eau.

Pour le ministre nigérien de l'Hydraulique, Tassiou Aminou, le sort du bassin du Niger n'est toutefois pas encore scellé et il peut devenir "un grenier pour l'Afrique" grâce aux investissements adéquats.

Toutefois, les experts de l'ABN redoutent le pire pour les années à venir: avec l'afflux massif de "réfugiés écologiques", le bassin sera soumis à une occupation sauvage et une surexploitation de ses ressources.

A moins d'inverser vite la tendance, la population vivant dans le bassin doublera d'ici à 2025 du fait de la forte croissance démographique de 3% par an, préviennent-ils.

Or, en raison du manque d'argent, l'ABN, créée en 1980, est impuissante à relever ces défis et les actions isolées des Etats sont inefficaces pour sortir le fleuve de l'agonie.

A l'initiative de l'ancien président français Jacques Chirac, les chefs d'Etat de l'ABN s'étaient réunis en avril 2004 à Paris sous le signe de "la Vision partagée" en vue de "mieux harmoniser et coordonner" les politiques nationales de développement du bassin.

"L'Afrique a perdu beaucoup (...), mais si elle perd son eau, il ne restera plus d'Afrique", avait à l'époque averti le président nigérien Mamadou Tandja, président en exercice de l'Autorité du bassin du Niger (ABN).

Depuis deux ans, la Banque africaine de développement (BAD) s'est imposée comme chef de file des partenaires de l'ABN avec une contribution de 37 millions d'euros pour financer le programme de lutte contre l'ensablement du bassin.

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