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En pleine période de seconde session, il reste deux semaines avant la rentrée dans le supérieur. Mais Sylvie Anciaux, directrice pédagogique de la haute école Bruxelles/Brabant, est inquiète. Cette année encore, trop peu d’étudiants sont inscrits dans les filières d’enseignement.
« Si on prend comme exemple l’option langues germaniques aujourd’hui, j’ai trois inscrits en première année, raconte Sylvie Anciaux. L’année passée, j’en avais deux, donc je suis stable dans cette section-là. Mais il y a cinq ans, j’en avais 20. Donc c’est très inquiétant puisqu’ils ont quatre ans d’études. Combien de profs vont être diplômés dans quatre ans et qui va se retrouver devant les futurs élèves ? ».
Pour expliquer ce manque d’intérêt, la directrice pointe deux problématiques. En passant de trois ans à quatre années d’études, les futurs profs auront bien un master, mais leur barème, et donc leurs salaires, n’a pas encore été défini. L’image du métier d’enseignant est également de plus en plus dégradée. « Déjà, en soi, c’est peut-être ça qui pose un problème, le salaire. Mais c’est surtout aussi la valorisation du métier auprès de la société, estime Dana, étudiante. Parce que finalement, on a énormément de préjugés et de stéréotypes avec le métier d’institutrice. »
Un métier déjà en pénurie. Le sujet est sur la table du gouvernement, qui prévoit bien une revalorisation du salaire des futurs enseignants, mais sans donner de précisions pour l’instant. « On l’a dit et on le fera, assure Elisabeth Degryse, ministre de l’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La formation qui passe en quatre ans et les enseignants qui sortiront de quatre années d’études. Nous sommes en train de travailler sur les barèmes qui leur seront appliqués. »
Dans des classes presque vides, les formateurs se retrouvent parfois devant trois ou quatre étudiants maximum.
« L’habitude est de dire que pour être rentable, il faut dix étudiants diplômés, indique Sylvie Anciaux. Aujourd’hui, dans la plupart des sections d’enseignement, nous n’avons pas dix étudiants inscrits en première. Nous n’aurons pas dix étudiants diplômés. Donc ces filières-là sont non rentables aujourd’hui. »
Ces filières pédagogiques non rentables risquent-elles de disparaître si la situation persiste ?
« Il n’y a aucune filière qui devrait fermer, souligne Laurent Despy, administrateur de l’académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES). Ce serait dommage d’ailleurs que certaines n’atteignent pas un nombre suffisant d’étudiants. Je pense qu’on devra faire le point d’ici la fin de l’année en fonction des nouvelles inscriptions. »
Il y a quatre ans, dans cette Haute école, plus de 1000 étudiants étaient inscrits pour devenir enseignants. Pour cette rentrée, ils ne sont plus que 850 en première année.


















