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Constantin le Grand (275-337 ap. JC), premier empereur romain converti au christianisme, est au centre d'une exposition de tous les superlatifs à Trèves, dans l'ouest de l'Allemagne, ancienne capitale de la Gaule qui fut sa première résidence.
Quelque 1.400 pièces en provenance de 160 des plus prestigieuses collections d'une vingtaine de pays (British Museum, musées de Rome, Prado, Louvre...), illustrent depuis début juin et jusqu'au 4 novembre l'empire romain sous Constantin, les rapports de l'empereur au christianisme et son influence en Europe.
Au cours des dix premiers jours d'ouverture, cette exposition de 3.000 m2 répartie sur trois sites (Musée historique régional, Musée municipal Simeonstift et Musée de l'archevêché) a attiré plus de 58.000 visiteurs.
Trèves, qui connut son âge d'or dans la seconde moitié du quatrième siècle et dont les nombreux vestiges romains sont répertoriés au patrimoine mondial de l'Unesco, fut la première résidence de Constantin, avant qu'il ne s'installe à Rome puis Constantinople (l'actuelle Istanbul) qu'il proclama en 330 nouvelle capitale de l'Empire.
Pour Eckhart Köhne, archéologue et coordinateur de l'exposition, "Constantin a marqué l'Europe d'aujourd'hui comme aucun autre empereur de l'Antiquité".
Son règne absolu sur un empire qui s'étendait du Maroc et de l'Ecosse jusqu'à l'Egypte et la Turquie a marqué un tournant entre l'Antiquité païenne et le Moyen-Âge chrétien.
Pendant cette dernière période de prospérité de l'empire romain, Constantin initie les constructions des premières églises chrétiennes monumentales, comme l'ancienne Basilique Saint-Pierre à Rome.
"C'était certainement un monarque brutal, mais aussi un fin politique, qui modifiera profondément l'Eglise en la rapprochant de l'Etat", selon M. Köhne.
Selon la légende, il a remporté en 312 la bataille décisive du Pont Milvius contre son rival, Maxence, après avoir eu la vision d'une croix et ordonné à ses armées de se battre derrière le "labarum", un insigne militaire orné du chrisme -- symbole que l'on retrouve notamment sur des casques de légionnaires présentés à Trèves.
Pour autant, il ne se convertira au christianisme que sur son lit de mort, conformément à une coutume répandue à l'époque, afin de laver au dernier moment les péchés d'une vie.
Aujourd'hui encore, l'Eglise orthodoxe le vénère comme un saint, ce qu'illustre une relique prêtée par le Kremlin - un os du bras droit - attribuée à Constantin.
Parmi les pièces les plus impressionnantes figurent, entre autres, un camée rarissime représentant l'empereur à cheval, un somptueux casque de parade en or retrouvés en Serbie, ou un coffre de mariage en argent et en or, orné de scènes de rituels païens et d'une inscription chrétienne, prêté par le British Museum.
Point d'orgue du parcours au Musée historique régional, une tête de sept tonnes, haute de trois mètres, en marbre de Carrare, qui est la copie parfaite du fragment de la statue colossale de l'empereur (12 mètres de haut à l'origine) conservée aux Musées du Capitole à Rome. Elle a été confectionnée spécialement pour l'événement grâce à un complexe procédé de numérisation par ordinateur.
Après l'exposition, la tête ira à Rome, une condition imposée par les Italiens. "Nous espérons que cela contribuera à sauver définitivement la dernière sculpture monumentale de l'Antiquité à Rome", souligne M. Köhne. Elle pourrait en effet remplacer l'original, en place depuis le XVIIe siècle dans une cour exposée aux pigeons et aux intempéries.
