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"Piano Forest" est un joli film d'animation japonais en forme de sensibilisation à la musique classique occidentale, autour de l'amitié de deux garçons et de leur passion commune, quoique très différente, pour le clavier.
Adapté d'un manga (bande dessinée nippone) écrit par Makoto Isshiki, ce film d'1h41, mis en images par le studio Madhouse et sorti en salles mercredi, est le premier long métrage d'animation réalisé par Masayuki Kojima.
On y suit le parcours de Shûhei, qui se destine comme son père à une brillante carrière de pianiste. Le jeune garçon emménage avec sa famille dans une ville où ses nouveaux camarades de classe lui parlent d'un piano caché au fond d'une forêt: l'instrument, malgré une mécanique hors d'usage, produirait une musique d'une rare beauté...
Sur place, Shûhei ne parvient à tirer aucun son de ce clavier. Au contraire de Kai, un gamin des rues intrépide qui, sans avoir suivi la moindre leçon de piano, dompte l'instrument de façon magique.
Une amitié naît entre les deux garçons, qui deviendra émulation quand ils devront s'opposer lors d'une compétition. Kai n'arrivera pas à la fin de son morceau, mais sa très libre sensibilité artistique impressionnera Shûhei, "bête de concours" qui met plus d'application scolaire que de folie dans son jeu.
S'il relève de l'esthétique un peu figée de l'animation japonaise, le film bénéficie aussi du travail assez fin du studio Madhouse, notamment dans le rendu du jeu des pianistes. Le réalisateur teinte d'un bel onirisme la "forêt au piano", tout en mettant un peu de distance humoristique dans son propos. Notamment quand une des candidates au concours, Takako, se prend à rêver de son endroit préféré, ses... toilettes, pour réussir sa prestation.
Sans tendresse particulière ni démagogie à l'égard de nos sociétés de compétition, "Piano Forest" esquisse un beau message en suggérant que l'accès à l'art relève d'un mystère qui ne se résume certes pas à la rigueur de l'apprentissage.
Ce long métrage pour petits et grands déroule une bande son de qualité, entre grandes pages du répertoire baroque, classique et romantique (Bach, Mozart, Beethoven, Chopin) et musique originale de Keisuke Shinohara, inspirée du lyrisme d'un Rachmaninov et des couleurs impressionnistes de Debussy.
Gage de sérieux, le pianiste russe Vladimir Ashkenazy a été conseiller musical sur ce film dont il a été le principal interprète, en compagnie de l'Orchestre philharmonique tchèque, l'une des grandes formations symphoniques européennes.
