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Le système scolaire américain étrillé par un documentaire

Taux d'échec record, professeurs démoralisés, parents contraints au tirage au sort pour une place à l'école: le documentaire "Waiting for Superman" ("En attendant Superman") brosse un portrait sans concession du système scolaire public américain.

"Nos écoles ne fonctionnent pas. Il y a 10 ans j'avais fait mon premier documentaire sur les professeurs. Depuis, les choses ne se sont pas améliorées", a expliqué à l'AFP le réalisateur Davis Guggenheim, co-auteur avec Al Gore d'"Une vérité qui dérange".

"Je voulais faire un film au nom des enfants qui soit dur pour les adultes", a ajouté le cinéaste en présentant mercredi son film au Festival du Film documentaire Silverdocs de Silver Spring, près de Washington, avant sa sortie en salle aux Etats-Unis en septembre.

Le film suit plusieurs collégiens de quartiers populaires de Los Angeles, New York ou la capitale Washington, trois villes dans lesquelles les écoles publiques sont parmi les pires, estampillées par les professeurs eux-mêmes comme des "usines à échec".

A Los Angeles, la moitié des élèves ne finissent pas le secondaire.

En Californie, seul un quart des élèves de 4e atteint le niveau requis en mathématiques et dans la capitale fédérale seuls 12% des élèves du même niveau savent lire correctement, révèle le film.

Le documentaire décortique une bureaucratie complexe et stratifiée où s'enchevêtrent lois fédérales, lois des Etats, prérogatives de comtés et autonomies de districts scolaires. Il met en lumière les aberrations d'un système où les écoles publiques --qui ne peuvent pas licencier des professeurs souvent protégés par des contrats à vie-- se repassent les mauvais enseignants d'une année à l'autre.

Ce système baptisé selon les Etats "la danse des fruits pourris" ou encore "passe-moi la poubelle" permet de se débarrasser d'un mauvais professeur pendant un certain temps en espérant en récupérer un moins mauvais d'une autre école.

On suit dans le documentaire la création des "Charter Schools" dans les années 90, des écoles gratuites financées sur fonds publics mais gérées de façon autonome.

Généralement de meilleur niveau, il faut suivre un humiliant parcours du combattant pour espérer y entrer en CP par tirage au sort. Dans des gymnases bondés, des centaines de petits candidats et leurs parents se disputent ainsi à chaque rentrée quelques dizaines de places à la faveur de boules à numéros, tirées au sort devant des mères en pleurs.

Alors qu'à l'écran se succèdent les belles paroles des présidents sur la priorité à l'éducation, le film retrace l'adoption en 2001 de la loi "No Child Left Behind" de l'ère Bush qui, grâce à une batterie de tests, devait relever le niveau de l'éducation publique. Cette réforme n'a pas eu les effets attendus.

"Waiting for Superman" apporte de l'eau au moulin du débat sur l'éducation aux Etats-Unis, alors que l'administration Obama a annoncé son intention de réformer à nouveau l'école.

Il fait écho au livre d'une historienne, Diane Ravitch, qui dans "The Death and Life of the Great American school system" ("Vie et mort du grand système d'éducation américain") critique avec virulence un système qu'elle a autrefois soutenu. C'est un des rares essais sur l'éducation à s'afficher ce printemps dans la liste des best-sellers du New York Times.

Selon l'enquête d'éducation Pisa 2006 de l'OCDE, les Etats-Unis ne sont qu'au 21e rang en matière de culture scientifique chez les jeunes de 15 ans et au 25e rang pour les mathématiques.

"Il faut s'assurer que le futur des enfants ne soit pas dicté par une boule de loterie", conclut Michelle Rhee, superintendante des écoles publiques de Washington, qu'on voit dans le film mener des réformes d'une main de fer.

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