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Léo Ferré: 20 ans après sa mort, il reste un maître pour les auteurs-compositeurs

Vingt ans après sa mort, Léo Ferré, pourtant moins médiatisé que d'autres géants de la chanson française, reste un "maître" pour les auteurs-compositeurs, dit à l'AFP Robert Belleret, auteur d'une biographie de référence sur "la graine d'ananar".

A l'occasion de l'anniversaire de sa disparition, le 14 juillet 1993 en Italie, livres, documentaires et disques sur Ferré ont fleuri ces derniers mois.
 
Considéré comme un "monument" de la chanson française, le poète a pourtant été de son vivant moins médiatisé que ses pairs, Brel ou Brassens, ce qui  reste encore le cas aujourd'hui dans une certaine mesure.
 
"Il a été peu invité à la télévision et il n'existe pas beaucoup d'images d'archives de lui. Ferré était un homme qui dérangeait", explique le journaliste Robert Belleret, qui a récemment publié un "Dictionnaire Ferré" (Ed Fayard).
 
Anarchiste, "il était dans la subversion, dans le refus de toute autorité, de toute forme de religion. Très tôt, il a été dans la critique de la société de consommation, de la télévision", souligne-t-il.
 
Léo Ferré était aussi un "homme paradoxal", "un peu mystérieux", plus enragé qu'engagé, entretenant des rapports complexes avec l'argent ou les femmes, "entre fascination, répulsion, culte".
 
Qu'est-ce qui fait de lui un poète et un musicien aussi singulier ? "Un poète, c'est quelqu'un qui vous fait vibrer par ses mots", répond Robert Belleret.
 
>Passeur des poètes
 
 Le journaliste évoque le "choc des mots", "l'originalité, l'audace et la richesse de sa langue", le va-et-vient entre raffinement du vocabulaire et argot, la capacité qu'avait cet amoureux inconditionnel des animaux à croquer l'homme en quelques vers.
 
  Mais aussi "sa présence extraordinaire" sur scène, et le fait qu'il ait été "un compositeur fécond et inspiré", s'essayant aussi bien à la pop - il appréciait Pink Floyd et les Moody Blues -, qu'à la chanson ou aux orchestrations symphoniques.
 
"Il a surtout su mettre en musique les poètes, relève Robert Belleret. Il expliquait très bien que ça lui venait comme +dicté+, qu'il lisait les +Fleurs du Mal+ et qu'une musique lui venait".
 
"Par la force de la mélodie, il a fait découvrir les poètes à des gens qui n'y auraient sans doute jamais eu accès", comme Aragon, Rimbaud, Villon, Rutebeuf, Apollinaire, Baudelaire ou Verlaine, souligne le biographe.
 
"C'est impressionnant de voir à quel point tous les auteurs-compositeurs-interprètes le considèrent comme un maître, disent qu'ils l'ont influencé : Alain Souchon, Bernard Lavilliers, Renaud, Alain Bashung et même des gens plus inattendus comme Jean-Jacques Goldman", dit-il.

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