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La justice britannique ne procèdera à aucune inculpation dans le scandale du financement douteux du parti travailliste, épilogue d\'une longue enquête à rebondissements qui a plombé les derniers mois au pouvoir de Tony Blair.
Le parquet a annoncé vendredi qu\'il ne lancerait aucune poursuite. L\'ancien Premier ministre avait lui-même été interrogé à trois reprises - en tant que témoin - dans cette enquête portant sur des \"prêts\" qui auraient été accordés par des hommes d\'affaires en échange de titres nobiliaires.
\"Cette enquête s\'est conclue comme je l\'avais toujours espéré\", s\'est félicité M. Blair, qui pourra désormais se consacrer sereinement à ses nouvelles fonctions de représentant du Quartette pour le Proche-Orient.
Son audition initiale le 14 décembre 2006 avait constitué une première historique pour un chef de gouvernement en exercice. Il avait ensuite été à nouveau interrogé le 26 janvier, puis encore fin juin, peu avant son départ de Downing Street.
Carmen Dowd, chef de la division criminelle du parquet, a décidé vendredi \"qu\'il n\'y avait pas suffisamment d\'éléments pour offrir une perspective réaliste de condamnation contre aucune personne, pour aucune infraction dans cette affaire\".
Quatre personnes, dont Ruth Turner, une proche collaboratrice de M. Blair, et Michael Levy, principal collecteur de fonds du Labour, avaient été arrêtées, puis remises en liberté dans le cadre de l\'enquête.
\"Ceux qui ont été impliqués sont passés par des moments terribles, même traumatisants\", a ajouté M. Blair. \"Beaucoup de ce qui a été écrit ou dit à leur sujet était profondément injuste et je suis très satisfait pour eux tous que ce soit maintenant fini.\"
Lord Levy, qui avait été arrêté en juillet 2006, puis à nouveau en janvier, a immédiatement réagi, déclarant être \"sincèrement ravi et soulagé de pouvoir mettre tout cela derrière (lui)\", après une \"période incroyablement longue et extrêmement stressante\".
M. Blair a estimé que \"la police a(vait) eu raison de mener une enquête approfondie et complète\", à laquelle \"le gouvernement et le Labour ont coopéré pleinement\".
Ouverte en mars 2006, elle a entraîné l\'audition de 136 personnes et coûté près de 750.000 livres (1,11 million d\'euros).
Le successeur à Downing Street de M. Blair, Gordon Brown a dit espérer que cette décision mettrait \"fin à des mois de spéculations\".
\"Des propositions sont déjà à l\'étude et nous devrions avancer pour essayer d\'avoir un meilleur financement du système politique dans ce pays\", a-t-il déclaré lors d\'une conférence de presse à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy.
Le Labour, mais aussi le Parti conservateur, première force de l\'opposition, étaient soupçonnés d\'avoir accordé des titres honorifiques à la chambre des Lords (non élue) à de riches donateurs en échange de prêts secrets les ayant aidés à financer leurs campagnes des législatives de 2005.
Ces prêts en eux-mêmes n\'étaient pas illégaux, et contrairement aux dons, n\'avaient pas à être déclarés. Mais une loi de 1925 aurait pu être violée s\'ils avaient été récompensés par des titres honorifiques ou des sièges de Lords.
L\'enquête avait ensuite pris un tour nouveau, quand Mme Turner et Lord Levy avaient été tous deux soupçonnés d\'entrave à la justice, certaines informations ayant évoqué une tentative de dissimulation à Downing Street.
Le député du parti national écossais (SNP) Angus MacNeil, dont la plainte avait déclenché l\'enquête de Scotland Yard, n\'a pas caché sa déception, estimant \"extraordinaire\" que cette affaire ne débouche sur aucune mise en cause.
Scotland Yard a défendu sa démarche, en assurant que l\'enquête avait été conduite de manière \"juste, impartiale et proportionnée\".
