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Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner poursuit ce week-end à Beyrouth sa difficile mission pour sortir le Liban de la crise, sans percée attendue à deux mois de l\'élection présidentielle, menacée d\'échec par le blocage des institutions.
Deux semaines après avoir réuni, près de Paris, les principaux courants politiques libanais, la France espère susciter une reprise du dialogue entre la majorité, soutenue par les Occidentaux et la plupart des pays arabes, et l\'opposition, menée par le Hezbollah chiite, allié de Damas et Téhéran.
M. Kouchner, attendu vendredi soir à Beyrouth, doit rencontrer samedi et dimanche les responsables politiques du pays.
\"Peut-être réussira-t-il à obtenir qu\'ils se parlent à nouveau. Mais je ne vois aucune possibilité, dans l\'état actuel, d\'un gouvernement d\'union nationale, ni d\'un accord sur un président\", affirme Paul Salem, directeur du centre de recherche Carnegie pour le Moyen-Orient.
\"S\'il y a un accord, ce sera à la dernière minute. Dans un jeu de poker, vous ne montrez vos cartes qu\'à la toute fin et nous n\'y sommes pas encore\", ajoute-t-il.
Le Hezbollah continue à réclamer la formation d\'un gouvernement d\'union nationale qui refléterait selon lui le poids réel de l\'opposition, en préalable à tout dialogue avec la majorité.
\"La table du Conseil des ministres sera elle-même la table du dialogue\", a déclaré à l\'AFP le responsable des relations internationales du parti chiite, Nawaf Moussaoui.
La majorité propose de son côté un \"panier\" de solutions associant la formation d\'un gouvernement d\'union nationale et la garantie de la part de l\'opposition qu\'elle siégera au Parlement pour assurer le quorum lors de l\'élection présidentielle.
\"Nous n\'attendons de cette visite ni succès ni échec, nous la voyons comme faisant partie du processus\" lancé par la France. \"Nous n\'attendons aucune percée spectaculaire\", souligne Mohamad Chahat, conseiller du Premier ministre Fouad Siniora.
Or un déblocage de la crise qui perdure depuis novembre 2006 et la démission des six ministres de l\'opposition, dont cinq chiites, est nécessaire à la tenue de la présidentielle.
Celle-ci doit avoir lieu entre le 25 septembre et le 25 novembre, date de l\'expiration du mandat de l\'actuel président pro-syrien, Emile Lahoud.
En cas d\'échec, le pays plongerait dans un dangereux vide institutionnel, avec la menace brandie par l\'opposition, qui ne reconnaît plus la légitimité de Fouad Siniora, de former un second gouvernement.
Parallèlement à ses efforts au Liban même, la France a élargi sa démarche aux pays de la région et Bernard Kouchner partira dimanche pour l\'Egypte.
Son émissaire Jean-Claude Cousseran s\'était rendu le 18 juillet en Syrie.
Cette étape avait marqué, de la part de Paris, une reconnaissance de facto du rôle de Damas au Liban, alors que les contacts de haut niveau entre les deux capitales sont gelés depuis 2005 et l\'assassinat de l\'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, dans lequel la Syrie est soupçonnée, malgré ses dénégations.
La France, ancienne puissance mandataire, et la Syrie, qui a exercé 29 années de tutelle sur le Liban (1976-2005), se livrent dans ce pays une sourde lutte d\'influence.
Un compromis sur une sortie de crise suppose l\'accord de tous au Liban mais aussi \"des Etats-Unis, de la Syrie, de l\'Iran et de l\'Arabie Saoudite\", relève Paul Salem, en soulignant \"qu\'un seul de ces acteurs peut faire échouer un accord\".
Selon lui, le principal obstacle vient aujourd\'hui des Etats-Unis et de la Syrie. Les Etats-Unis \"ne veulent pas se plier aux exigences du Hezbollah, de la Syrie ou de l\'Iran au Liban, et \"la Syrie ne veut pas se plier aux exigences de la majorité (anti-syrienne) ou des Etats-Unis\".
