Partager:
Etiqueté "chanteur de variétés", Michel Berger a modernisé la composition musicale en France et mis de façon très directe "toute sa vie dans ses chansons", estime le directeur des programmes de RTL Yves Bigot, auteur de "Quelque chose en nous de Michel Berger" (éd. Don Quichotte).
Les Francofolies n'ont pas réussi à monter un hommage à Michel Berger, faute de trouver suffisamment d'artistes intéressés. Michel Berger souffre-t-il d'une image trop estampillée "variétés"?
"Bien sûr! Ce sont Chimène Badi et Anguun qui chantent Michel Berger, pas Francis Cabrel ou Camille. C'est très facile de le caricaturer en le réduisant à +La groupie du pianiste+, des petites chansons gentillettes, interprétées de sa voix frêle, haut perchée ou bien à ce que les gens considèrent comme des bluettes un peu faciles.
Michel, c'est beaucoup plus que ça. C'est déjà une cinquantaine de morceaux que tout le monde connaît et est capable de chanter. Ce sont aussi beaucoup de chansons qui durent de par leur richesse mélodique et harmonique, leur qualité rythmique. Des chansons comme +Message personnel+, +Cézanne peint+, +Quelque chose de Tennessee+... se bonifient avec le temps. Par ailleurs, il y a Starmania, dont le thème est encore plus pertinent en 2012 que quand il l'a composé en 1978. Et puis, il avait ce côté extrêmement protéiforme, à la fois compositeur, auteur, réalisateur, directeur artistique, scénographe".
Michel Berger voulait-il être accepté par le monde du rock?
"Il en crevait d'envie. Le musicien Serge Pérathoner a raconté qu'un jour où il n'était pas rasé, en jean et en blouson de cuir, Michel lui avait confié +moi aussi, j'aimerais bien faire comme toi+. Rien ne l'en empêchait à part son éducation. Il venait de la très haute bourgeoisie juive et protestante. Il avait le langage de sa classe, personne ne l'a jamais entendu dire un gros mot, hausser le ton. En outre, Michel a souffert de ne pas avoir la grosse voix qui lui permettait de chanter du rock, ni l'agressivité. Quand il a eu besoin d'agressivité dans ses textes, il est allé cherché Luc Plamondon (pour Starmania, ndlr) parce que lui-même n'y arrivait pas".
Quelle était la modernité de Michel Berger?
"A l'époque, il y avait peu de gens en France qui s'intéressaient autant que lui à la réalisation et à la production des disques. Lui voulait toujours avoir les meilleurs musiciens, il portait un soin absolu à la prise de son, au mixage, à la qualité des studios et des ingénieurs. Et il était très moderne dans ses compositions. Comme Véronique Sanson, il était sur des rythmes très syncopés, très swing, alors que la chanson française se préoccupait peu de rythme. Enfin, il y a l'aspect très direct de ses paroles, quelque chose d'assez anglo-saxon. Michel, France Gall, Véronique Sanson, le disaient eux-mêmes: toute notre vie est dans nos chansons".
Propos recueillis par Bénédicte REY.
