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Le bâtiment, touché par un obus, était parti en fumée lors de la guerre de 1870: une association, Reconstruisons Saint-Cloud, bataille depuis cinq ans pour rebâtir l'ancien château des Hauts-de-Seine, via un chantier autofinancé.
"Saint-Cloud était l?un des plus beaux châteaux de notre patrimoine, il a marqué l'histoire", assure Laurent Bouvet, président de cette association créée en 2006. "S'il existait encore, il serait certainement l'un des monuments les plus visités de France".
Situé sur une vaste colline surplombant la Seine, à cinq kilomètres à peine de la capitale, le château de Saint-Cloud, édifié au XVIe siècle, a connu le faste du pouvoir, en accueillant pendant trois siècles les puissants de ce monde, du Roi Soleil à Marie-Antoinette et Napoléon Ier.
Témoin de cette époque prestigieuse: le parc de 460 hectares, dont les fontaines et les allées boisées, dessinées par le Nôtre, ont traversé le temps. Le château n'a pas eu cette chance. Ravagé par les flammes lors de l'offensive prussienne de 1870, il fut rasé en 1892 et jamais reconstruit.
Pour réparer cet "accident regrettable" et redonner son lustre à l'ancien domaine royal, les membres de Reconstruisons Saint-Cloud proposent, ni plus ni moins, de rebâtir "à l'identique" le bâtiment disparu voilà 14O ans, dans le cadre d'un chantier financé par des visites payantes.
"L'idée, c'est de créer une sorte de parc historique, permettant aux visiteurs de voir des artisans travailler avec les techniques de l'époque, et puis de payer les travaux avec l'argent des entrées", détaille Laurent Bouvet, qui évalue à "200 millions d'euros" le coût de ce vaste projet.
Une idée folle? Pas pour les membres de l'association. "Il y a de nombreux chantiers de ce type, en France et en Europe, qui sont des succès", assure Laurent Bouvet, citant l'exemple du château-fort de Guédelon (Yonne), sorti de terre voilà bientôt quinze ans.
"Le domaine de Saint-Cloud se trouve dans la région la plus touristique du monde, et il est très bien desservi par les transports en commun", ajoute ce féru d'histoire, ancien négociateur immobilier.
"D'un point de vue technique, il n'y a pas de difficulté. C'est un type d'exercice qui se pratique à l'étranger, et on possède de nombreux documents, dont des photos et des gravures, pour reconstruire le bâtiment", analyse Pierre-André Lablaude, architecte en chef des monuments historiques.
"La difficulté, c'est de lancer la dynamique, notamment de trouver une source de financement et un cadre d'action qui soient viables", ajoute l'architecte, qui rappelle que le domaine national de Saint-Cloud appartient à l'Etat. Lequel a marqué des distances polies, jusqu'à présent, vis-à-vis du projet.
"Notre proposition fait son chemin", assure de son côté Laurent Bouvet. Près de 1.300 personnes ont ainsi rejoint le groupe de soutien au projet sur Facebook. Et une association s'est récemment créée aux Etats-Unis pour récolter des fonds.
"Ce qu'on souhaiterait, à présent, c'est que les pouvoirs publics s'emparent du projet et qu'ils le mettent en oeuvre, par exemple dans le cadre d'une société d'économie mixte", confie Laurent Bouvet, qui assure avoir reçu le soutien du groupe PS au Conseil général, mais aussi celui de son vice-président UMP, Christian Dupuy.
