Partager:
Le jury du 57e festival de Saint-Sébastien a couronné samedi "City of life and death" du Chinois Lu Chuan, un film choc sur l'horreur de la guerre sino-japonaise, en lui décernant le Coquillage d'or, tandis qu'un trisomique espagnol a été élu meilleur acteur.
Le jury présidé par le réalisateur français Laurent Cantet a été séduit par ce film dur et touchant sur les atrocités de l'invasion japonaise en 1937, qui figurait en bonne position au baromètre des critiques.
"Merci au festival", a déclaré, visiblement ému, Lu Chuan, pendant la cérémonie de clôture. "En dehors de la Chine personne ne connaît vraiment cette tragédie, c'était donc un rêve pour moi de faire ce film", a-t-il ajouté.
Quinze films au total étaient en compétition officielle, dont trois long-métrages français, "Non ma fille, tu n'iras pas danser" de Christophe Honoré, "Hadewijch" de Bruno Dumont et "Le Refuge" de François Ozon.
Ce dernier a reçu le prix spécial du jury, qui a noté "la vision sensible" du cinéaste dans son choix de filmer l'actrice Isabelle Carré enceinte.
La productrice du film, Claudie Ossard, a remercié samedi soir le festival au nom de François Ozon.
Les Coquillages d'argent aux meilleures interprétation masculine et féminine ont été remportés par les deux acteurs principaux du film espagnol "Yo, también", le comédien trisomique Pablo Pineda, qui réalise une prouesse dans ce rôle et Lola Dueñas, l'une des actrices les plus en vogue du cinéma espagnol.
Les deux comédiens ont vivement remercié les réalisateurs du film, Antonio Naharro et Alvaro Pastor, pendant la cérémonie de clôture.
Ce film touchant raconte l'histoire d'amour impossible entre ce trisomique hors du commun, titulaire d'un diplôme universitaire (comme Pablo Pineda dans la vraie vie), et sa collègue de bureau (Lola Dueñas).
"City of life and death", également récompensé par le prix de la meilleure photographie, livre une version bouleversante de la bataille de Nanjing, alors capitale provisoire de la Chine, qui a opposé en 1937 troupes japonaises et chinoises et fait 300.000 morts.
Cette bataille remportée par les Japonais avait été suivie d'une féroce répression connue sous le nom de "massacre de Nankin" ou "viol de Nanjing", pendant lequel les Japonais avaient commis des atrocités envers la population chinoise.
Ce film long (2h15) mais rythmé, alternant scènes de combats, exécutions et passages plus lents et émouvants, avait été longuement applaudi à la fin de la projection officielle, lundi, au quatrième jour du festival.
Lu Chuan, qui a mis quatre ans à terminer son film, place sa caméra tantôt du côté des Japonais, tantôt du côté des Chinois, par souci d'impartialité, et a choisi de filmer en noir et blanc.
Le réalisateur espagnol Javier Rebollo a reçu le Coquillage d'argent du meilleur réalisateur pour "La mujer sin piano", film minimaliste qui avait reçu un accueil glacial du public.
Le prix du meilleur scénario a été attribué à "Blessed", film australien sur les rapports mère-enfant, d'Ana Kokkinos.
"Je suis très honorée de voir notre travail récompensé de la sorte", a déclaré la réalisatrice après avoir reçu le prix.
Le grand favori de la critique, "El secreto de sus ojos", de l'Argentin Juan José Campanella, est en revanche reparti bredouille.
