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Voici comment la réunification allemande d'il y a 25 ans a pénalisé la croissance des pays européens et a poussé le chômage à la hausse

Ce lundi matin dans sa chronique BEL RTL Eco, Bruno Wattenbergh a abordé le thème de la réunification allemande. Ce week-end l’Allemagne fêtait l’anniversaire des 25 ans de sa réunification, l’occasion de jeter un bref regard sur ce que celle-ci a signifié, pour les Allemands et pour nous !


Ce week-end l’Allemagne et l’Europe ont célébré la réunification allemande, un virage politique surprenant à l’époque ?


Exactement, un virage surprenant et très, très rapide. L'intégration politique des 17 millions d'Allemands de l'Est dans la République fédérale s'est réalisée en seulement 11 mois, entre le 9 novembre 1989 et le 3 octobre 1990, date de mise en vigueur du traité interallemand d'unité et, désormais, fête nationale allemande.


Une réunification soutenue par l’Europe ?


Avec quelques nuances. Le retour d’une Allemagne unie était à la fois un risque et une opportunité. Pour éviter le retour d’une Allemagne hégémonique, François Mitterrand a négocié la création d’une zone monétaire unique comme condition de la réunification. Avec l’objectif avoué d’arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe et de reprendre la main sur la politique monétaire européenne, le Franc français étant à l’époque affaibli par rapport au Deutsche Mark.


Est-ce que l’intégration économique s’est faite aussi rapidement ?


Non, mais elle s’est faite. 80% des entreprises est-allemandes ont survécu, mais au prix de transferts financiers gigantesques. En 1994, par exemple, les transferts publics vers l'Est se sont élevés à 60 % du PIB est-allemand. Et cette Allemagne de l’Est, progressivement, est devenue un atout pour l’industrie allemande. Les entreprises de l’Ouest, après avoir acheté leurs consœurs de l’Est, ont profité des liens que celles-ci avaient tissés avec les pays d’Europe de l’Est. L’Allemagne s’est ainsi constituée un véritable Hinterland économique, à la fois un débouché à l’export et zone de sous-traitance pour des pièces détachées ensuite assemblées en Allemagne. L’industrie allemande a ainsi accru sa compétitivité-coût. Les succès de l’économie allemande d’aujourd’hui ne sont donc pas étrangers à réunification du pays hier.


Mais nous avons quelque part aussi payé cette réunification ?


Effectivement. Les fortes dépenses engendrées par la réunification ont provoqué une forte inflation, freinée par la banque centrale allemande qui a remonté unilatéralement son taux directeur à 9,5%. Comme la stabilité des taux de change était une condition pour la création de l’euro, les Européens n’eurent d’autre choix que de remonter leur taux, pénalisant leur croissance et poussant le chômage à la hausse. Bref, la réunification allemande suivie de la politique monétaire non coopérative allemande explique en partie la stagnation économique européenne du milieu des années 1990. 











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