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La cruelle histoire de la "Vénus noire", exhibée aux regards des foules avides d'exotisme, croise à partir de mercredi le sombre héros de "The American", George Clooney, et les volatiles inquiétants et belliqueux du "Royaume de Ga'Hoole".
- "Vénus noire" d'Abdellatif Kechiche avec Yahima Torres, Olivier Gourmet (France, 2H39, film interdit moins de douze ans) : jeune paysanne sud-africaine, Saartjie Baartman fut au 19ème siècle l'une des milliers de "sauvages" importés des colonies en Occident pour distraire et édifier les foules, avides d'exotisme et de grand frisson.
Surnommée la "Vénus noire", ou la "Vénus hottentote", la jeune femme présente non seulement une hypertrophie des hanches et des fesses mais aussi un sexe particulièrement volumineux: à Londres, on se presse pour la voir. Puis Réaux (Olivier Gourmet), un montreur d'ours, l'emmène à Paris divertir les salons libertins.
A sa mort, seule et abandonnée dans un bordel, elle sera disséquée par Georges Cuvier, l'un des pères de l'anatomie moderne et son squelette, ainsi que ses fesses et ses organes génitaux, furent conservés au Musée de l'Homme jusqu'à leur restitution à l'Afrique du Sud en 2002. Le premier film d'époque du réalisateur de "L'Esquive" raconte une triste et cruelle histoire de mépris tranquille et de racisme assumé.
- "Le royaume de Ga'Hoole, la légende des gardiens" film d'animation en 3D de Zack Snyder (USA, 1H39) : adapté de la saga à succès "Les Gardiens de Ga'Hoole", le film raconte l'histoire de Soren, une jeune chouette enlevée par une caste de chouettes maléfiques qui entendent en faire un guerrier. Mais Soren parvient à s'échapper et à organiser la révolte des "bons" volatiles.
Première incursion du cinéaste américain Zack Snyder ("L'Armée des morts", "300", "Watchmen") dans le monde de l'animation avec le même sérieux que pour un film, cette fantaisie en 3D aux effets spéciaux splendides, assume sa noirceur, accentuée par la violence des combats ultra-réalistes toutes griffes dehors.
Le cinéaste a expliqué à l'AFP qu'il voulait "faire un film d'aventure, pas un dessin animé". "Je ne voulais pas que le public prenne à la légère les situations ou les personnages", a-t-il dit.
- "The American" d'Anton Corbijn, avec George Clooney (USA, 1H43) : Jack, alias M. Butterfly - en référence à l'un de ses tatouages et au lien secret qui semble l'unir aux papillons -, un homme dont on ne sait rien si ce n'est qu'il est assassin professionnel, se réfugie en Italie après un bain de sang en Suède. Dans un petit village perché des Abruzzes, il attend les ordres pour une ultime mission avant de prendre sa retraite. Celle-ci consistera à fabriquer une arme sophistiquée pour une mystérieuse femme dont on ne saura, là encore, quasiment rien (la Néerlandaise Thekla Reuten), tout en entretenant une relation avec une ravissante prostituée (l'Italienne Violante Placido).
Un film minimaliste et austère du cinéaste néerlandais, qui offre à George Clooney un rôle de meurtrier taiseux et insondable, plutôt inattendu dans la carrière du beau gosse d'Hollywood.
- "Il reste du jambon ?" de Anne Depetrini avec Anne Marivin, Ramzy Bedia, Marie-France Pisier, Fellag et Leïla Bekhti (France, 1H30) : Justine Lacroix, charmante journaliste télé cantonnée à la rubrique des "chiens écrasés" rencontre un séduisant chirurgien urgentiste et c'est le coup de foudre entre la blonde parisienne et le grand brun de Nanterre. Sauf que Justine a omis un détail - son homme est un Arabe, ou plutôt un "Français issu de l'immigration" - un détail n'en est pas un pour leurs familles respectives, les Lacroix et les Boudaoud.
Anne Dépétrini - compagne de Ramzy à la ville - confie avoir voulu réaliser une comédie liée à son histoire personnelle sur l'intégration et le rapprochement de deux cultures. D'autant que le sujet des couples mixtes n'a quasiment jamais été traité par le cinéma français. "Je voulais montrer (...) que de la même manière qu'il il y a des Français sympathiques et d'autres vraiment +relous+, c'était la même chose chez les Arabes", explique-t-elle.
- "Je ne peux pas vivre sans toi", de Leon Dai, avec Chen Wen Pin, Yo Hsuan Chao (Taiwan, 1H32) : sur les docks de Kaohsiung, la deuxième ville de Taiwan, Wu-Hsiung vit avec sa fillette à la lisière de la misère: pour survivre, le père est mécanicien-plongeur muni d'un matériel des plus sommaires qui descend sous les coques des cargos réparer les hélices. A bord du canot, l'enfant joue les gardiennes de son souffle. Mais il est temps désormais de l'inscrire à l'école, or la mère a disparu et sans l'autorisation de cette dernière, l'administration bloque. Exténué par les vaines démarches, le père menace de se jeter d'un pont avec la petite dans ses bras, sous l'oeil des caméras accourues.
Filmé en noir et blanc soigné, à la manière des réalistes italiens, une histoire universelle sur l'amour paternel et l'indémélable cruauté des bureaucraties
- "Blind test" de Georges Ruquet avec Sarah Biasini, Manuel Blanc, Johan Libereau (France, 1H45) : un couple s'est enrichi grâce à un délit d'initié mais leur relation tourne mal et Madame exerce un chantage sur Monsieur : l'argent s'il accepte de l'épouser et de reconnaître l'enfant qu'elle attend.
Une tuile pour Bertrand, qui comptait s'enfuir en Amérique du Sud avec son petit ami, un petit malfrat venu des Balkans.
- "Fin de concession" documentaire de Pierre Carles (France 2H05) : le journaliste et réalisateur, auteur de "Pas Vu, Pas Pris", s'attaque une fois encore au petit monde de la télévision. Les vives polémiques sur les médias et des propos assassins d'Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon, le premier contre TF1, le second contre David Pujadas, sont d'ailleurs partis d'extraits du films diffusés sur le net. La privatisation de la première chaîne en 1987 est au départ une concession pour 10 ans à une société privée. Quand Bouygues est choisi par la CNCL, ancêtre du CSA, pour contrôler la Une, les futurs responsables de la chaîne ont fait une liste de promesses. Dix ans puis 20 ans après, où est "le mieux disant culturel" promis alors par le gouvernement de l'époque ? Pierre Carles s'insurge contre les renouvellements automatiques de la concession de TF1 depuis 1987. Outre des interviews étonnantes, le film propose aussi des images d'archives inattendues, comme la répétition générale de l'équipe Bouygues avant son audition par la CNCL grâce aux conseils avisés de Bernard Tapie, conseil en communication du magnat du BTP.
- "Journal d'un dégonflé" de Thor Freudenthal avec Chloe Moretz, Zachary Gordon, Steve Zahn (USA, 1H34) : à l'aube de cette nouvelle année scolaire, Greg, un enfant anxieux et mal dans sa peau qui rêve d'être populaire pense judicieux de s'éloigner de son vieux copain, un petit rondelet et mal fagoté. Quand il réalise son erreur, il tente de réparer les pots cassés. De la cruauté des relations sociales au collège.
- "Les nuits de Sister Welsh" de Jean-Claude Janer avec Anne Brochet, Laurent Delbecque (France, 1H18) : Emma, 16 ans, subit une mère méchante et pour s'évader s'invente des vies et des rencontres: sa mère, elle la transforme en héroïne romantique et amoureuse dans un 19ème siècle victorien; amoureuse d'un garçon de son âge, elle en fait un prince charmant qui l'emmène sur son scooter jusqu'à Tanger pour la demander en mariage. Mais le garçon en question a une petite copine, dont Emma fait aussitôt une rivale, violée par une créature étrange dans un chantier désert. Un parcours initiatique, en attendant l'avènement de la maturité pour vivre, enfin.
- "Very bad cops", d'Adam McKay avec Will Ferrell, Mark Wahlberg (USA, 1H47) : les inspecteurs Christopher Danson et P.K. Highsmith sont les meilleurs flics de la ville qui inspirent leurs collègues au point que ceux-ci vont jusqu'à se faire tatouer leur nom. Alors quand Gamble et Hoitz, deux petits inspecteurssans envergure, toujours dans l'ombre, voient l'occasion de passer eux aussi à la postérité, ils ne laissent pas passer leur chance.
- "Nostalgie de la lumière" documentaire de Patricio Guzman (Chili-France, 1H30) : le désert d'Atacama dans le nord du Chili - là d'où l'on vient d'extraire les 33 mineurs - est particulièrement propice à l'observation des étoiles en raisonde la pureté de l'air et du ciel. Mais pendant que les astronomes du mondeentier viennent y scruter l'univers, des femmes viennent retourner les pierres du désert dans l'espoir de retrouver les restes de leurs proches, des prisonniers politiques disparus sous la dictature de Pinochet.
