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La réunion sur la paix au Darfour s'est ouverte samedi en Libye sur un constat d'échec de Mouammar Kadhafi, en l'absence des principaux groupes rebelles, et malgré l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral du gouvernement soudanais dans ce conflit.
"On ne peut pas faire la paix" sans les "groupements fondamentaux" de la rébellion, a estimé le dirigeant libyen à l'ouverture de la conférence, qui se tient au "Palais des Congrès de Ouagadougou" à Syrte, à 600 km à l'est de Tripoli.
"Je vois que cette conférence doit s'arrêter là", a-t-il ajouté, estimant qu'une "intervention étrangère" dans ce conflit ne faisait "qu'empirer les choses". Il a toutefois proposé de prendre le dossier en main, en sa qualité de président en exercice du Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad), dont fait partie le Soudan.
Huit factions issues du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A) et du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) boycottent les négociations, tandis que le chef rebelle historique, Abdel Wahed Mohammed Nour, exilé en France, n'a jamais envisagé d'y assister. Certaines factions contestent notamment la neutralité de Tripoli dans le conflit.
Ce boycottage a rendu très compliqué les efforts de l'ONU et de l'UA en vue de ramener la paix au Darfour, où les rebelles combattent l'armée gouvernementale depuis février 2003 en réclamant un partage plus équitable des ressources et plus d'autonomie pour leur région "marginalisée".
La guerre au Darfour et ses conséquences ont fait 200.000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes, selon des estimations généralement admises, même si elles sont contestées par Khartoum qui parle de 9.000 morts.
Le gouvernement soudanais s'est pour sa part engagé à respecter un "cessez-le-feu unilatéral", a affirmé l'adjoint du président Omar el-Béchir, Nafie Ali Nafie, qui conduit à Syrte une importante délégation d'une trentaine de ministres et responsables.
Six groupes rebelles de moindre importance assistent à la réunion, dont deux sous-groupes du JEM, ceux d'Abou Garda et de Lazraq, ainsi que le groupe des 19, issu du SLM/A. Le Mouvement national pour la réforme et le développement (NMRD) et le Front des forces révolutionnaires unies (URFF) sont également présents.
L'envoyé spécial de l'Union africaine (UA) au Darfour, Salim Ahmed Salim, son homologue à l'ONU Jan Eliasson, les envoyés spéciaux des Etats-Unis et de Chine au Soudan, Andrew Natsios et Liu Guijin, sont présents à Syrte, aux côtés du numéro un de l'UA, le président de sa Commission, Alpha Omar Konaré, et du secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa.
Les pourparlers de Syrte représentent "un pas très important vers un règlement politique", avait dit vendredi Jan Eliasson, dont l'organisation dénonce dans ce conflit la "crise humanitaire la plus dévastatrice au monde".
Les rebelles et Khartoum avaient déjà manqué leur rendez-vous avec la paix à Abuja (Nigeria) en 2006, où seul un mouvement avait adhéré à l'accord de paix avec le gouvernement.
Selon Noureddine Mezni, porte-parole de l'UA, les pourparlers pourront durer "des jours, voire des semaines".
Il a par ailleurs enregistré avec satisfaction la participation pour la première fois de la société civile. Mais seuls sept des 28 représentants d'associations de femmes et de chefs de tribus invités sont présents à Syrte.
A Juba (sud-Soudan), deux chefs rebelles représentant six factions absentes de Syrte se sont déclarés prêts à reprendre les discussions avec l'ONU et l'UA pour arriver à une "véritable solution" du conflit. Ils ont fait état de la poursuite des contacts pour unifier les positions des six groupes sur la recherche de la paix.
Les deux chefs rebelles ont aussi affirmé ne pas croire à la réalité du cessez-le-feu décrété par le gouvernement soudanais.
