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Un groupe rebelle camerounais, les Bakassi Freedom Fighters, a affirmé par téléphone à l'AFP détenir les 10 personnes enlevées vendredi au large de et a menacé de les "tuer tous" dans trois jours si le gouvernement camerounais ne négociait pas avec lui.
Joint par téléphone depuis Libreville, un "Brigadier" du mouvement a affirmé à deux reprises à l'AFP: "Les 10 sont entre nos mains. Si vous ne dites pas au gouvernement camerounais de venir ici (à Bakassi) discuter avec nous, nous les tuerons tous dans trois jours". Il a ensuite raccroché sans donner d'autres détails sur le sort de otages.
Dix personnes, dont six Français travaillant dans le secteur du pétrole pour Total, ont été enlevées dans la nuit de jeudi à vendredi par des pirates dans les eaux territoriales camerounaises au large de Bakassi (frontière du Nigeria).
Il s'agit de dix membres d'équipage d'un navire du groupe français Bourbon opérant sur un terminal pétrolier. Deux Camerounais, un Tunisien et un Sénégalais, sont parmi les otages.
Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé dans un communiqué "l'attaque d'un navire français par des individus armés dans les eaux camerounaises ce jour" (vendredi). "Dix des quinze membres d'équipage dont six ressortissants français sont retenus en otage", a-t-il indiqué.
A Marseille, l'armateur français Bourbon a fait également état de six Français parmi les personnes retenues, après avoir évoqué le nombre de sept.
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, "a demandé que soit immédiatement activé le Centre de Crise du ministère", annonce le communiqué. Le Quai d'Orsay "se mobilise à Paris ainsi qu'au Cameroun à Yaoundé et à Douala pour travailler à leur libération dans les délais les plus brefs", ajoute-t-il.
Les Bakassi Freedom Fighters sont un groupe rebelle membre du Niger Delta Defence and Security Council (NDDSC) qui a notamment revendiqué les attaques de juin et juillet dans la péninsule qui avaient coûté la vie à 7 soldats camerounais et un sous-préfet.
Les assaillants ont attaqué vers minuit un bateau de service affrété par Total et qui relie les plate-formes pétrolières du secteur. "Des individus armés à bord de trois "fly boat" (hors bord) ont abordé le navire et sont repartis avec 10 des 15 membres de l'équipage", a déclaré une porte-parole du groupe Bourbon.
L'enlèvement s'est produit alors que le navire, le "Bourbon Sagitta", était "en support d'une opération de chargement de brut sur un terminal pétrolier offshore à 180 kilomètres au large de Douala", selon le groupe Bourbon.
La péninsule de Bakassi est une région de mangrove très instable, où agissent de nombreux groupes armées. Officiellement rétrocédée au Cameroun par le Nigeria le 14 août après quinze ans d'un différend frontalier entre les deux pays, elle est potentiellement riche en pétrole et gaz.
Plusieurs incidents ont opposé ces derniers mois, les forces camerounaises à des groupes armés dans la péninsule. Depuis novembre, vingt-huit militaires, un sous-préfet et une vingtaine d'"assaillants" ont été tués à Bakassi, une zone de mangrove, dans des attaques de ces groupes dont les motivations restent floues.
Le 18 octobre, un chalutier avait également était attaqué par des fly-boats dans les eaux territoriales camerounaises dans des conditions similaires, selon le ministère de la Défense qui s'était targué d'avoir coulé une des vedettes rapides.
