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La chanteuse anglo-égyptienne Natacha Atlas, égérie de la techno-pop orientale, offre dans son nouvel album, "Mounqaliba", un visage plus classique, intimiste et nuancé, qu'elle dévoilera sur scène à Paris (Alhambra) le 15 novembre et au Portel, dans le Pas-de-Calais, le 19 (festival Tendances).
"C'est beaucoup plus que des chansons légères, c'est un vrai travail artistique. Ce n'est pas quelque chose qu'on a bouclé en une, deux ou trois semaines, cela a nécessité trois mois de travail", explique à l'AFP Natacha Atlas à propos de ce disque pour orchestre à cordes, piano, instruments orientaux et choeurs, enregistré à Londres et Istanbul.
"C'est un album plus classique", confirme-t-elle. Née à Bruxelles d'une mère anglaise et d'un père égyptien, elle est partie à Londres à l'âge de 12 ans. "Il y a des morceaux inspirés par la musique baroque ("Mounqaliba", "Ghoroub"), métissés avec des moments arabes. "Nafourat El Anwar" est inspiré de la musique classique romantique. Pour moi c'est un travail orchestral".
"Mounqaliba" ("Dans un état de bouleversement"/World Village) est aussi un album conceptuel dont Zeitgeist, le film documentaire de l'Américain Peter Joseph, qui dénonçait l'exploitation des peuples par une élite dominante, forme la trame.
A 46 ans, la chanteuse dont les versions techno-orientales explosives de "I put a spell on you" de Screamin' Jay Hawkins ou "Mon amie la rose" de Françoise Hardy ont contribué au succès, est décidée à poursuivre dans cette nouvelle orientation.
"C'est une première pour moi de travailler comme ça", souligne celle dont la délicate voix de soprano prend son envol dans un environnement musical nouveau. Elle sera soutenue sur scène par un orchestre acoustique avec trio de cordes, ney (flûte ottomane), piano, et son complice Samy Bishai -auteur de la plupart ses arrangements du disque- au violon oriental.
"J'ai beaucoup apprécié les moments avec Transglobal (Transglobal Underground, groupe anglais d'ethno-techno dont elle fut la chanteuse et la danseuse dans les années 90 avant d'entamer une carrière solo, ndlr). Mais je n'ai plus 25 ans, il faut que j'évolue".
Cette évolution profonde d'une artiste urbaine, qui s'est installée dans la campagne du Gers pour mener à bien son nouveau projet, ne signifie pas néanmoins une rupture totale avec un passé récent.
"Il y a toujours des racines qui restent, des sonorités électroniques, dans "Batkallim" par exemple, mais elle sont très subtiles et plus raffinées". Le disque comporte aussi des reprises, "River man", de Nick Drake, et "La nuit est sur la ville", de Françoise Hardy.
Natacha Atlas poursuit, sous une forme nouvelle et avec un plus grand investissement personnel, sa quête de fusion des modes orientaux et occidentaux qui a toujours été la sienne.
"Quand j'ai commencé avec Jah Wooble, pour moi l'essentiel était de m'amuser sur scène (...) d'être une pop star. Je peux transmettre maintenant ma propre expérience", dit-elle.
"Maintenant, je ne veux plus juste aller sur scène, faire un concert et merci au revoir. Ce que je veux faire, ce sont des échanges avec des orchestres locaux, leur apprendre la technique de l'archet arabe, comment appliquer des gammes arabes dans la musique européenne, les techniques de chants orientaux, le métissage entre la musique européenne et la musique arabe".
L'un de ses projets est de travailler avec l'Orchestre Philharmonique d'Irak, qu'elle rêve de faire venir au Prom's de Londres.
