Partager:
A quelques jours d'une réunion capitale sur les salaires dans la restauration, l'Umih, principal syndicat du secteur, s'enlise dans une guerre des chefs, au risque de dégrader encore l'image de la profession déjà mise à mal par la polémique sur la baisse de la TVA.
La gestion du dossier de la TVA et surtout de la communication autour de la baisse des prix et des autres contreparties promises en échange par la profession, ont été au coeur du psychodrame qui s'est joué pendant un peu plus de 48 heures à Nantes au congrès de l'Umih.
"A Nantes, il n'y avait qu'un fauteuil pour deux", a résumé Philippe Quintana, organisateur du congrès. Ce fauteuil, c'est celui de président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie-restauration avec 80.000 adhérents, que se disputent deux prétendants: Christine Pujol, élue il y a un peu plus d'un an à ce poste, et André Daguin, son prédécesseur.
A l'ouverture du congrès mardi, M. Daguin avait convoqué "en urgence" une assemblée générale extraordinaire, qui l'a désigné "président par intérim" par 66% des voix selon lui, le temps d'organiser de nouvelles élections.
"Illégal", rétorque Mme Pujol qui soutient que cette assemblée générale extraordinaire n'était pas régulière. Elle s'est engagée à en convoquer une autre dans les règles "courant décembre", affirmant ne pas avoir "peur du vote" des adhérents.
La "situation est intenable", soutient André Daguin qui ne ménage pas ses critiques sur la façon dont elle a traité le dossier de la TVA. "Toutes les structures de l'Umih sont contre elle", dit-il.
Jeudi matin, il lui a proposé de quitter la tête du syndicat tout en continuant à y exercer des fonctions, en le représentant par exemple à Bruxelles. Elle a refusé.
A l'issue du congrès, aucun des deux camps n'avait toutefois saisi la justice pour lui demander de trancher le litige.
C'est dans ce flou, et sans doute avec deux personnes se présentant avec la casquette de président de l'Umih, que doit se tenir lundi l'ultime réunion de négociation avec les syndicats de salariés sur les salaires dans la restauration.
Le gouvernement a en effet fixé au 30 novembre la date butoir pour trouver un accord donnant aux salariés leur part des gains obtenus par la profession avec la baisse de la TVA.
Ces accords sur les salaires et les conditions d'emploi sont l'une des contreparties demandées par le gouvernement en échange du passage de la TVA de 19,6 à 5,5% le 1er juillet, avec la baisse des prix dans les restaurants, des embauches et la modernisation du secteur.
"Seule ma signature sera valable", prévient Christine Pujol.
"J'y serai et nous signerons", a affirmé de son côté M. Daguin. "Si nous ne donnons pas du salaire, nous serons des escrocs".
Quant au gouvernement, il s'est gardé d'intervenir dans ce que l'entourage du secrétaire d'Etat au Commerce Hervé Novelli, qualifie d'"affaires intérieures au syndicat". L'important, explique-t-on de même source, c'est qu'un accord soit signé lundi.
Quel que soit leur camp, les congressistes ont souligné l'effet "calamiteux", "désastreux" de ce congrès sur l'image de la profession, alors qu'elle vient d'être montrée du doigt par des sénateurs qui ont menacé de rétablir le taux de TVA à 19,6%.
En effet, la promesse de la baisse des prix n'a pas été tenue. Les additions ont diminué en moyenne de 1,5%, au lieu des 3% attendus. Un effort jugé insuffisant au vu du poids de la TVA à taux réduit sur les finances publiques, qui ampute de 3 milliards d'euros par an les recettes fiscales.
