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Deutsche Bank attend une lourde perte nette au troisième trimestre

Le groupe bancaire allemand Deutsche Bank, géant européen du secteur, prévoit une très lourde perte nette au troisième trimestre et envisage une possible suppression de son dividende au titre de 2015, a-t-il annoncé par surprise mercredi soir.

La perte nette pour la période allant de juillet à septembre devrait atteindre 6,2 milliards d'euros, selon un chiffre provisoire publié par la banque dans un communiqué financier. Sur les neuf premiers mois de l'année, la perte nette devrait se monter à 4,8 milliards d'euros.

Ce résultat s'explique entre autres par une charge exceptionnelle d'environ 5,8 milliards d'euros liée aux conséquences attendues du durcissement de la législation en matière de besoins de capitaux ainsi qu'à la cession prochaine de sa filiale de détail Postbank, qui doit être introduite en Bourse.

En outre, Deutsche Bank fait état d'une nouvelle provision de quelque 1,2 milliard d'euros pour risques jurisiques, un montant encore susceptible de grossir au cours des prochaines semaines, prévient la banque.

Deutsche Bank met trimestre après trimestre de gigantesques sommes d'argent de côté pour faire face aux innombrables scandales dans lesquels son nom est cité, du scandale de manipulation des taux interbancaires du Libor aux soupçons de manipulation du marchés des métaux précieux, en passant par une enquête pour de possibles actes de blanchiment d'argent en Russie.

Sans tenir compte de ces charges et provisions, Deutsche Bank devrait enregistrer une perte nette "d'environ 400 millions d'euros" au troisième trimestre et un petit bénéfice net de 900 millions sur les neuf premiers mois d'année, précise le communiqué.

Au vu de ces résultats, le directoire de la banque va proposer "la réduction ou une possible suppression" du dividende devant être versé aux actionnaires au titre de l'exercice 2015, est-il indiqué.

Les résultats définitifs pour le troisième trimestre seront dévoilés le 29 octobre. A cette date, le nouveau patron du groupe, le Britannique John Cryan, doit également présenter davantage de détails concernant le plan stratégique de la banque pour l'horizon 2020.

Tiraillée entre son implantation en Allemagne et son ambition de rivaliser avec les champions anglo-saxons du secteur, Deutsche Bank se heurte à un durcissement de la réglementation, une rentabilité médiocre ainsi qu'à un environnement de taux d'intérêt très bas qui complique sa tâche de faire fructifier l'argent de ses clients.

Pour redresser la barre, le groupe avait dévoilé en mai un vaste plan de restructuration, passant entre autres par la mise en Bourse de sa filiale Postbank et une réduction drastique de la voilure dans sa banque d'investissement. Ce plan, conçu sous l'égide de l'ancien patron, Anshu Jain, n'avait toutefois guère convaincu investisseurs et actionnaires, poussant au remplacement de M. Jain.

Son successeur John Cryan avait dès sa prise de fonction fustigé des coûts "inacceptables" et une structure trop complexe, laissant présager un grand coup de balai au sein de la première banque allemande.

Depuis son arrivée début juillet à la tête du groupe, de nombreux changements de personnel ont déjà eu lieu en interne, notamment dans la division d'investissement par laquelle sont arrivés nombre de scandales. Sous son impulsion, le groupe a également annoncé mi-septembre le démantèlement de sa banque d'affaires en Russie d'ici la fin de l'année.

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