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Albanie: le pire a été évité, mais la situation reste très fragile

Après une semaine de crise aiguë, où le pays a failli sombrer dans le chaos, la situation reste fragile en Albanie, même si la communauté internationale a réussi à éviter le pire, sans pouvoir cependant apaiser le climat entre le pouvoir et l'opposition, selon des analystes.

"La communauté internationale a eu un rôle décisif en empêchant une confrontation" entre les protagonistes, estime l'analyste Alban Bala, en allusion aux interventions européennes et américaines qui se sont multipliées la semaine écoulée pour empêcher la tenue de deux manifestations contradictoires, vendredi et samedi à Tirana, qui étaient lourdes de dangers.

Le Premier ministre albanais, Sali Berisha, a finalement renoncé au rassemblement de ses sympathisants samedi à Tirana; mais l'opposition a maintenu la sienne vendredi, faisant fi des appels de la communauté internationale à l'annuler.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a dépêché mercredi à Tirana son spécialiste des Balkans, le diplomate slovaque Miroslav Lajcak, qui a appelé les protagonistes au calme, rappelant que l'avenir européen du pays était en jeu.

Grâce à la médiation européenne, l'Albanie "n'a pas connu une situation semblable à celle que traversent l'Egypte et la Tunisie", a souligné M. Bala.

Rien n'est cependant aujourd'hui réglé, relève un autre analyste, Altin Raxhimi, devant l'AFP. Selon lui, pouvoir et opposition "maintiennent des positions extrêmes l'un envers l'autre, sans possibilité de réconciliation".

La communauté internationale doit aider maintenant l'Albanie "à s'éloigner de la crise aiguë" qu'elle vient de connaître, ajoute cet expert.

Le chef de l'opposition Edi "Rama et (Sali) Berisha sont toujours dans leurs bunkers et avec leur artillerie lourde, ils continuent de tirer l'un sur l'autre... Tant qu'ils auront recours à une rhétorique empoisonnée, je ne vois pas un compromis proche", dit Lutfi Dervishi, directeur de l'ONG Transparency international en Albanie.

"Une forte médiation internationale est nécessaire, avec une forte personnalité, de haut niveau (...) car la crise est importante et le manque de confiance dans le pays est assez profond", estime Henri Cili, analyste et rédacteur en chef du quotidien "Mapo".

Aussitôt après le rassemblement de vendredi, qui s'est déroulé pacifiquement, M. Rama, maire de Tirana, a fait savoir qu'il entendait maintenir la pression sur M. Berisha par des manifestations "pacifiques" pour réclamer la "fin du régime" du Premier ministre albanais.

Pour lui, seules des élections législatives anticipées, prévues pour l'instant en 2013, peuvent sortir le pays de la crise actuelle.

M. Rama n'a jamais reconnu le résultat des élections de juin 2009, accusant le pouvoir de fraudes. La vie politique du pays est depuis monopolisée par ce bras de fer entre le pouvoir et l'opposition. Celui-ci a pris un tour dramatique, après la mort de trois manifestants tués par balles, le 21 janvier, lors d'un rassemblement anti-gouvernemental à Tirana.

Les deux camps "doivent mettre fin à leur rhétorique violente qui, au lieu de calmer les esprits, est en train d'alimenter une tension non propice à la recherche d'une solution pacifique", explique-t-on de source diplomatique européenne à Tirana.

Pouvoir et opposition doivent aussi laisser le Parquet général mener calmement, avec l'aide d'experts américains, "une enquête transparente, complète et professionnelle" sur les événements du 21 janvier, selon la même source. "L'enquête doit être menée par le Parquet général et non par la commission parlementaire. D'autant plus que son travail serait contesté car l'opposition n'y participe pas", ajoute cette source.

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