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Menace terroriste: la France repasse au niveau maximal

Trois attentats en un mois. En France, la menace terroriste, maintenue à un niveau élevé depuis les attentats de Paris et Saint-Denis en 2015 (130 morts et 350 blessés lors d'attaques de terrasses de bar et de la salle de spectacle du Bataclan au coeur de la capitale, ainsi qu'aux s abords du Stade de France), vient d'être remontée à son niveau maximal.

"On a pu avoir l'impression que la menace était passée au deuxième plan parce que d'autres problématiques ont émergé, les Gilets jaunes, le Covid", explique à l'AFP une source sécuritaire, "mais en réalité, les chiffres montrent bien qu'elle est restée élevée depuis 2015".

Une conjonction de plusieurs facteurs qui augmentent les tensions

En cinq ans, vingt attentats ont été commis sur le sol français, 19 ont échoué et 61 ont été déjoués. Depuis la rentrée, une conjonction de facteurs a conduit les autorités à réévaluer le risque à la hausse "dès septembre".

Il y a d'abord l'ouverture d'une "séquence judiciaire" prévue pour durer jusqu'en 2022, avec le procès, en cours, des attentats de janvier 2015, puis celui à venir des attaques du 13 novembre. Des audiences qui font peser le risque "d'actions de soutien à ceux qui sont mis en cause", selon la source sécuritaire.

La republication des caricatures de 'Charlie Hebdo' vient aussi alimenter ce contexte, selon cette source, tout comme l'"instrumentalisation" en France et à l'étranger des récents discours du président Emmanuel Macron et de l'action du gouvernement contre le "séparatisme islamiste".

Le chef de l'Etat a promis de ne pas "renoncer aux caricatures", lors de l'hommage au professeur Samuel Paty, décapité le 16 octobre pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans un cours sur la liberté d'expression. Dans certains pays musulmans, des fidèles ont brûlé des portraits du président lors de manifestations et une campagne a été lancée pour boycotter les produits français.

Mercredi, un attentat à l'explosif a fait plusieurs blessés dans le cimetière non musulman de Jeddah, en Arabie saoudite, en pleine cérémonie du 11 novembre célébrant la fin de la Première Guerre mondiale en présence de représentants du consulat français et d'autres pays européens.

Une attaque avait déjà visé le consulat de France à Jeddah, blessant un vigile, le 29 octobre, le jour même de l'assassinat de deux paroissiennes et d'un sacristain dans une église de Nice.

En un mois, la France a subi trois attentats sur son sol: une attaque à l'arme blanche qui a fait deux blessés près des anciens locaux de 'Charlie Hebdo' fin septembre, l'assassinat de M. Paty et l'attaque de Nice.

Toute l'Europe concernée

L'attentat de Vienne, commis par un sympathisant du groupe Etat islamique (EI), est venu rappeler aussi que la menace cible toute l'Europe.

La coopération entre pays "fonctionne très bien", souligne le coordonnateur national du renseignement et de la lutte antiterroriste, Laurent Nunez. Système d'information Schengen, registre des passagers aériens (PNR), "les services se rencontrent régulièrement, croisent leurs analyses et échangent des informations opérationnelles", explique-t-il.

A l'issue d'un mini-sommet mardi, M. Macron a demandé à l'Europe d'intensifier la lutte commune contre le terrorisme, prônant des "bases de données communes, les échanges d'informations et le renforcement des politiques pénales".

Un réservoir de terroristes potentiels encore en Irak et en Syrie

Pour les acteurs du renseignement, contrairement à 2015, la menace en France est aujourd'hui avant tout "endogène". Des individus isolés, souvent inconnus du renseignement, présents sur le territoire national et qui, inspirés par la propagande djihadiste, commettent des attaques à l'arme blanche nécessitant une faible préparation.

Toutefois, la menace d'un attentat projeté depuis l'étranger, à l'instar de ceux du 13 novembre, reste prise au sérieux. "Ce n'est pas parce que le groupe Etat islamique a subi une défaite militaire que ses capacités sont annihilées", confie un acteur de l'antiterrorisme.

Selon les estimations, entre 100 et 200 djihadistes français seraient établis dans la zone irako-syrienne. "Ils ont des armes, de l'argent, des moyens et par conséquent croire qu'ils ne sont pas capables de passer clandestinement les frontières pour atteindre le pays est illusoire", ajoute cette source.

Le nouveau problème de la libération des détenus pour terrorisme

Pour répondre à la menace, Paris a renforcé les effectifs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI - 1.250 agents supplémentaires sur le quinquennat - et son arsenal législatif, avec notamment la loi sur la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste. Elle comprend des mesures controversées, comme des perquisitions administratives ou les fermetures de lieux de culte.

D'autres textes sont en préparation, dont une loi contre le "séparatisme islamiste" qui devrait être présentée le 9 décembre et un nouveau texte sur le renseignement attendu l'été prochain.

Sur l'épineux dossier des détenus terroristes sortant de prison, le gouvernement a promis d'ici la fin de l'année "l'extension des dispositifs existants".

Ces profils, comme celui de l'assaillant de Vienne, libéré fin 2019 après 8 mois de prison pour une tentative de départ en Syrie, inquiètent beaucoup les services de renseignements français. Une quarantaine de détenus ont été ou seront libérés d'ici la fin de l'année, ils seront environ 150 de plus d'ici la fin du quinquennat, en mai 2022.

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