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Le salaire de Cédric, prof de gym, n'augmentera pas de 400€: "L'inscription ressemblait à un site pour obtenir des tickets de concert"

Cédric Biot, professeur d’éducation physique au Collège Sainte-Gertrude à Nivelles, a voulu suivre des formations pour obtenir une importante revalorisation salariale quand il donne cours dans l’enseignement secondaire inférieur. Mais le système chargé d’accueillir les inscriptions ne lui a pas permis d’y accéder. "C’est du hasard comme pour l’obtention d’un ticket de concert. Après quatre minutes, il n’était plus possible d’introduire mon dossier", déplore-t-il.

Cédric Biot est un enseignant frustré de ne pas avoir pu accéder à des formations qui lui auraient offert une revalorisation salariale conséquente.

A 45 ans, ce professeur licencié en éducation physique, qui a donc suivi une formation universitaire, est actuellement mieux rémunéré quand il donne cours dans l’enseignement secondaire supérieur (4e, 5e et 6e année) qu’à l’échelon inférieur (1ère, 2e et 3e année).

Une différence qui ne se fera bientôt plus ressentir pour les professeur(e)s munis d'un master ou une licence car ils pourront être rémunérés de la même façon aux différents étages de l’enseignement secondaire grâce au fameux barème 501, l’échelle barémique correspondant à leur niveau d’étude.


Formation obligatoire pour pouvoir bénéficier d'un accroissement du salaire

Cédric Biot se retrouve dans cette catégorie mais il doit d'abord obligatoirement suivre une formation spécifique pour bénéficier d’une valorisation salariale. L’augmentation du salaire mensuel net moyen s’élevant à près de 400 euros net.

L’habitant de Silly, dans la Province de Hainaut, s’est ainsi dirigé vers l’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC) pour une  préinscription. Son dossier ayant été accepté, Cédric Biot a pu participer aux inscriptions qui se déroulaient précisément le 15 février dernier à 15h, sur le site internet de l’IFC.

"Je me suis connecté à l’heure prévue et quatre minutes plus tard, les inscriptions étaient clôturées sans que mon dossier ne soit envoyé. Il y avait trop de monde et, ils n’ont apparemment pas la possibilité d’accepter tout le monde", regrette Cédric Biot.

"Je suis frustré. C’est inadmissible que le moyen de pouvoir s’inscrire à cette formation ressemble à un site pour obtenir des tickets de concert. Les premiers sont servis et maintenant il n’y a plus moyen d’y accéder. Certains enseignants qui ont la même formation que moi vont donc toucher plus rapidement les 400 euros en plus par mois."

Selon lui, plusieurs dizaines d’autres enseignants du supérieur sont restés sur le carreau et ne partiront pas en formation. "C’est discriminatoire. Pourquoi certains peuvent s’inscrire et d’autres non. Si un tel système est créé, il faut donner l’accès à tout le monde", estime-t-il.

Enseignant intérimaire depuis 6 ans à Nivelles au Collège Sainte Gertrude, Cédric pourrait être nommé dans l’enseignement inférieur l’an prochain. "Je veux avoir ce barème car, j’ai une possibilité d’être nommé en inférieur et je pourrais avoir 400 euros de plus", spécifie-t-il. "Sur dix ans de travail, si on est nommé comme régent en inférieur, cela fait une différence de 50.000 euros. C’est colossal. Alors qu’un régent qui va travailler en licence va avoir une prime parce qu’il travaille en licence. C’est aberrant."

Pour résoudre son problème d’une autre manière, Cédric Biot pourrait ne donner cours que dans l’enseignement supérieur (et être payé automatiquement au barème 501) mais, il est actuellement obliger de compléter son horaire dans le cycle inférieur dans l’établissement scolaire où il travaille.


"Les inscriptions se sont déroulées comme pour les places de concert"

Pour tenter de savoir s'il y a vraiment une limitation de places disponibles pour suivre ces formations, nous avons contactés François-Gérard Stolz, fonctionnaire dirigeant à l’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC), qui nous explique comment le système d’inscription a été conçu.

Quand le Gouvernement de la Communauté française a décidé de mettre en œuvre le décret (datant de 2009) permettant la valorisation salariale de certains professeurs, l’IFC a été chargé de lancer un marché public pour inviter les universités, les hautes écoles et les établissements de l’enseignement supérieur de promotion sociale à déposer leurs offres d'accueillir ses formations dans leurs locaux.

Huit établissements scolaires se sont manifestés et finalement, l’Université de Mons et la Haut-Ecole de la Province de Liège, sélectionnés par l’IFC, organiseront les différents cours, que devront suivre les enseignants inscrits. Pour obtenir la revalorisation barémique, ceux-ci devront participer à deux volets: un consacré à la psychologie cognitive (20 heures) et un autre consacré à la didactique de la discipline (40 heures), divisées en neufs catégories dont des cours de langues étrangères, d’histoire ou encore d’éducation physique.

Une première vague d’inscriptions à ces formations a eu lieu en fin d’année 2016 durant laquelle 100 enseignants ont pu obtenir une place. Mais vu la demande, une relance a ainsi été réalisée le 15 février dernier pour offrir 75 nouvelles places. 

Une deuxième session d’inscription qui a frustré Cédric Biot, au plus haut point puisqu’il devra à présent attendre un an. François-Gérard Stolz, le fonctionnaire dirigeant à l’IFC, confirme que celle-ci s’est un peu "déroulée comme pour acheter des places de concert sur internet", et indique que de nouvelles places seront disponibles entre 2018 et 2020. 

Quant au fait que le professeur du Collège Sainte Gertrude vient de passer à côté d’une valorisation salariale, François-Gérard Stolz concède qu'il ne peut pas empêcher Cédric "de voir les choses comme ça. Plus vite on a ce barème, plus vite on sera payé sous ce barème-là. Je comprends sa situation. La difficulté est de trouver le nombre de place suffisante pour répondre à la demande."


Plus de places à l’avenir ?

L’Institut de la Formation en cours de Carrière prévient déjà qu’en 2018, il n’y aura pas beaucoup plus de places que cette année. "L’Université de Mons et la Haute Ecole de la Province de Liège ont été choisis pour la période de 2017-2020. C’est toujours ces établissements qui dispenseront les formations. On verra s’il y a possibilité d’ajouter quelques places en 2018. Ils ont déjà été capables d’augmenter leurs offres pour cette année pour atteindre les 175 inscrits. Il faudra voir aussi la disponibilité des professeurs et leur intérêt pour la formation", confie François-Gérard Stolz.

Les prochaines inscriptions devraient avoir lieu dans le dernier trimestre de cette année. "On préviendra par mail l’ensemble des personnes présentant les conditions pour s’inscrire l’année suivante. Actuellement, 600 personnes sont concernées en Wallonie et à Bruxelles."

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