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Sèchement battue par l'Allemagne (2-0) et victorieuse dans la douleur du Chili (3-2), l'équipe de France est apparue sans ressources et sans inspiration lors du rassemblement du mois de mars dont elle ressort avec plus de doutes que de certitudes avant l'Euro-2024.
Le bilan de cet ultime rendez-vous avant la divulgation de la liste pour le Championnat d'Europe (14 juin - 14 juillet en Allemagne) a logiquement de quoi irriter et inquiéter Didier Deschamps.
Un physique défaillant, une défense qui ne cesse de prendre l'eau (six buts encaissés en trois rencontres, en comptant le 2-2 en Grèce en novembre) et une animation globale laborieuse: le constat est assez accablant pour une formation censée être l'une des grandes favorites du tournoi continental.
"Pour être performants en juin, il faudra faire beaucoup plus", a reconnu mardi le sélectionneur après le succès sans gloire des siens face aux Chiliens à Marseille, ajoutant que ce stage avait été "plus difficile que les précédents".
Un euphémisme tant les vice-champions du monde ont été méconnaissables. Deschamps a surtout voulu insister sur le manque de fraîcheur de ses joueurs ("C'est lié au niveau de forme qui n'est pas optimal") et la retenue de certains, obnubilés par la fin de saison de leurs clubs plutôt que par un Euro encore lointain.
"Par rapport aux échéances qu'ils ont derrière, je comprends que les joueurs soient un peu dans la gestion. Je comprends les enjeux qu'il y a derrière, ce qu'ils ont dans la tête", a-t-il déclaré.
Le match de Kylian Mbappé mardi au Vélodrome a été à cet égard symptomatique. Conspué à chaque prise de balle juste avant le classique OM-PSG de dimanche, la superstar parisienne, arme fatale de la France habituellement, n'avait pas l'air d'être très intéressée par cette partie, sans doute également échaudée par les sorties sur blessure rapides de Jonathan Clauss (déchirure à l'ischio gauche) et d'Eduardo Camavinga (entorse de la cheville gauche).
- Interrogations -
Le capitaine des Bleus avait lui-même rappelé lundi que la vérité des matches amicaux n'était pas forcément celle de la compétition. Il est aussi assez logique qu'il ait eu la tête au "clasico" et au quart de finale de Ligue des champions contre le FC Barcelone (10 et 16 avril).
"Kylian a cette capacité à être très souvent décisif. Quand il ne l'est pas, on a l'impression qu'il n'a pas marqué pendant trois mois. Ne vous inquiétez pas, dans les prochains matches, il sera là", a affirmé DD.
Il n'empêche: les deux prestations insipides des Bleus soulèvent des interrogations sur le niveau de l'équipe au pire moment qui soit. D'autant que les contours de la liste pour l'Euro sont bien balisés et que c'est quasiment le même groupe, avec les retours futurs d'Antoine Griezmann et de Kingsley Coman, forfaits sur blessure, qui défendra ses chances en Allemagne dans moins de trois mois.
Hormis le milieu Youssouf Fofana et l'attaquant Randal Kolo Muani, tous les deux buteurs mardi face au Chili, personne n'a marqué des points décisifs. Mais on voit mal à ce stade ces deux joueurs venir bousculer une hiérarchie déjà bien établie et intégrer le onze de départ, ce qui relativise la portée de leurs performances.
En ce qui concerne les titulaires pour l'Euro, les principales questions portent encore sur l'identité de l'avant-centre, même si le vétéran Olivier Giroud a inscrit mardi un 57e but en sélection qui peut le replacer devant Marcus Thuram et Kolo Muani.
En défense, Deschamps espère toujours associer dans l'axe Ibrahima Konaté à Dayot Upamecano, un duo qu'il n'a pas pu tester cette fois.
Après l'annonce de sa liste, qui interviendra mi-mai, il restera deux rencontres amicales, les 5 (à Metz) et 9 juin (à Bordeaux) face à des adversaires à déterminer, pour permettre au sélectionneur de peaufiner les derniers détails. Avant de basculer vers le Championnat d'Europe où l'attend un groupe plus compliqué qu'initialement espéré après la qualification en barrages de la Pologne de Robert Lewandowski, mardi.
"Cela va être un groupe dense et solide. L'adversité sera haute, il faudra qu'on soit à notre meilleur niveau", a expliqué Deschamps. Soit tout le contraire du visage montré en mars.