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Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a appelé mercredi les consommateurs à faire "un choix patriotique" pour leurs achats alimentaires, car les agriculteurs français continuent d'être sous-payés par la distribution et les intermédiaires qui "n'ont pas" jusqu'ici "joué le jeu" de la loi Alimentation, dite loi Egalim.
"Je dis aux consommateurs, lorsque vous poussez votre caddie, faites un choix patriotique, le patriotisme agricole, le patriotisme économique, ça doit encore exister", a lancé le ministre sur France Inter.
"Il faut absolument que les choses changent", a-t-il dit, "on ne peut pas continuer à étrangler les agriculteurs".
Pour le lait, "il a été accepté par tout le monde, toute la chaîne de production d'amont en aval, que le coût de production d'un litre de lait, en gros pour que l'agriculteur s'en sorte, est de 39 centimes. A moins de 39 centimes il vend à perte. Et aujourd'hui en moyenne le lait est acheté (aux agriculteurs, par les coopératives et supermarchés NDLR) à 33, 34 centimes, voire 32 centimes, c'est une honte", a poursuivi le ministre.
Néanmoins, il a surtout fustigé le comportement des intermédiaires: "Quand un éleveur vend son litre de lait à 34 centimes et qu'il est en vente à un euro en grande surface, les 70 centimes vont bien dans la poche de quelqu'un", a-t-il noté.
Juste avant le début des négociations annuelles entre distributeurs et producteurs qui fixent pour un an les prix alimentaires, le ministre a menacé d'augmenter les contrôles pour faire changer les comportements des centrales d'achat et des intermédiaires. "Il y a déjà eu des avertissements, des amendes", a-t-il rappelé.
La loi issue des États généraux de l'alimentation, en application depuis début 2019, veut "obliger" à une meilleure répartition de la valeur entre les différents maillons de la chaîne, producteurs, transformateurs, distributeurs.
Elle parie notamment sur un strict encadrement des promotions et une interdiction des ventes à perte sur les produits de très grande consommation.
Elle mise aussi -mais sans coercition- sur une meilleure prise en compte par les distributeurs du coût de production des agriculteurs et industriels de l'agroalimentaire pour fixer leurs prix de vente.
"Mis à part Michel-Édouard Leclerc qui n'avait pas accepté les conclusions des États généraux de l'alimentation, tout le monde les avait acceptées", a souligné le ministre.