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De nombreux Wallons, encore bouleversés par les intempéries, scrutent le ciel avec angoisse. On appelle cela un choc post-traumatique. Dès que la météo est menaçante, ils se replongent dans ces heures difficiles durant lesquelles leur vie a basculé. C'est le cas d'Olivier. Rescapé des inondations il a vu la mort de près, et n'a pas encore repris le travail.
J’avais beau crier au secours, personne ne venait
Le 14 juillet dernier, Olivier rejoignait sa femme à pied lorsqu’il est emporté par le courant. "Je pensais que j’allais mourir, accroché à mon petit muret. La pluie, le vent, le froid. Personne aux alentours, j’avais beau crier au secours, personne ne venait. Je revoyais les images. Je voyais mon fils, ma femme qui m’attendait, ... Et je me disais ça y est je vais lâcher à un moment donné ou le muret va lâcher", confie Olivier.
Heureusement, le propriétaire du muret est finalement venu à sa rescousse. "Grâce à lui, grâce à sa force et à sa force de persuasion, nous sommes rentrés dans la maison".
Depuis lors, les mêmes images tournent en boucle dans sa tête. "Cette nuit, j’ai revu mon muret, je me suis encore revu dans l’eau, je me suis revu en train d’attendre et j’ai pensé à ma maman qui était aussi à Chaudfontaine dans sa maison, bloquée au 1er étage", raconte le sinistré.
On est un petit plus irritable. On s’énerve un peu pour tout et pour rien
Olivier a constaté quelques modifications de son comportement. "On est un petit plus irritable. On s’énerve un peu pour tout et pour rien, parce qu’il y a le fait d’avoir vu la mort de près et puis après le fait de découvrir sa maison complètement démolie. Je ne dormais déjà pas très bien et bon, cela n’arrange pas".
Olivier ne reprendra pas tout de suite son travail de dispatcheur au Tec, il bénéficie d’une aide psychologique de la maison médicale de Trooz. Il livre un conseil à ceux qui vivent un traumatisme similaire : "Ne pas aller vers les médicaments, ne pas aller vers les somnifères, ça ne sert à rien. Parler, parler, parler… Pour moi, c’est le meilleur médicament".
Huit séances d'aide psychologique pour les indépendants
La psychologue Océane Ghijselings de l’Asbl "Un pass dans l’impasse", va depuis une semaine à la rencontre des indépendants qui ont besoin d’une aide psychologique après les inondations.
"On a des personnes qui sont dans une détresse très importante et qui commence à avoir des idées noires, des difficultés à dormir, des angoisses lorsqu’il recommence à pleuvoir par exemple. Dans ce cas-là, en termes de prévention, on essaye de voir avec eux qu’est-ce qui peut être mis en place pour apaiser ces angoisses", explique la psychologue.
Les indépendants ont droit à huit séances gratuites de psychologie à proximité de chez eux avec des psychologues conventionnés. "Ensuite, il y a des dispositifs qui existent pour avoir des séances à moindre coût, si les personnes sont dans une précarité. On ne laisse personne tomber en tout cas et on essaye d’apporter une aide et un soutien à tout le monde", précise Océane Ghijselings.