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Le parquet national financier a requis jeudi sept ans de prison avec incarcération immédiate contre le maire LR de Levallois-Perret Patrick Balkany jugé pour blanchiment habituel de fraude fiscale et corruption, "la plus grave des atteintes à la probité publique".
Le PNF a aussi demandé que soit infligée une peine de dix ans d'inéligibilité contre le puissant maire de cette commune cossue de l'ouest parisien qu'il a dirigée presque sans discontinuer depuis 1983.
A l'encontre de son épouse Isabelle, les procureurs ont requis quatre ans de prison avec sursis et 500.000 euros d'amende, relevant que la première adjointe au maire, en convalescence après une tentative de suicide début mai, avait "reconnu une faute" dans une lettre lue par son avocat.
Le PNF a demandé une condamnation "à la hauteur de la gravité" de la corruption entachant l'achat d'un luxueux riad à Marrakech: les procureurs Serges Roques et Arnaud de Laguiche affirment que Patrick Balkany s'est fait offrir cette villa par un milliardaire saoudien en échange de délais dans un énorme contrat immobilier à Levallois.
Jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, les Balkany sont soupçonnés d'avoir dissimulé au minimum 13 millions d'euros d'avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse aux Antilles, et Dar Guycy à Marrakech.
Le PNF a également demandé la saisie des biens du couple, en particulier le luxueux moulin de Giverny (Eure) dont ils conservent l'usufruit.
Contrairement à la villa Pamplemousse achetée en 1997 à Saint-Martin, pour laquelle les enquêteurs ont démêlé un entrelacs de sociétés écrans et retrouvé le nom des Balkany, un épais nuage entoure la transaction marocaine de 2010.
Le riad est la propriété d'une SCI marocaine, Dar Guycy, elle-même détenue à 99% par une société panaméenne créée par une fiduciaire suisse et dont le bénéficiaire déclaré est Jean-Pierre Aubry, ancien bras-droit de Patrick Balkany.
S'ils se sont parfois violemment opposés à l'audience, Patrick Balkany et Mohamed Al Jaber, le promoteur ayant réglé le prix officiel du riad, se sont accordés pour nier tout pacte de corruption.
Pour l'accusation, ce pacte existe bien: "Peu importe que le pacte de corruption n'ait été explicitement formulé" car il y a un "lien incontestable entre l'acquisition de la maison et le contrat immobilier de Levallois", a affirmé Serge Roques, égrenant une "chronologie éclairante" des versements du milliardaire précédant des délais accordés par la mairie de Levallois.
Le PNF a requis quatre ans dont deux avec sursis et 150.000 euros d'amende contre le milliardaire saoudien, qui "a sciemment corrompu un élu de la République".
Contre Jean-Pierre Aubry, alors directeur général de la société d'aménagement de Levallois, "prête-nom jusqu'au sacrifice" pour son "maître" Patrick Balkany, le parquet a demandé trois ans dont un avec sursis et 150.000 euros d'amende.
Les procureurs ont demandé quatre ans de prison dont deux avec sursis et une interdiction d'exercer à l'encontre de l'avocat Arnaud Claude, pour son "rôle central" de conseiller, aux côté de M. Aubry, dans le complexe montage entourant l'acquisition du riad.
Contre le fils Balkany, Alexandre, poursuivi pour avoir "couvert" ses parents en souscrivant des baux de location fictifs du riad de la palmeraie, le PNF a demandé une amende de 100.000 euros.