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"Pourquoi n'a-t-on pas envisagé de 'bloquer' plus rapidement le pays, de fermer les lieux publics quand les premières alertes sont survenues", a interrogé lundi la présidente de la cour d'assises en charge du procès des attentats de Bruxelles, relayant une interrogation des victimes, devant un trio de spécialistes des services de renseignement.
Dans un témoignage empli de colère livré fin mars devant la cour, la veuve d'Yves Ciyombo, décédé dans l'attentat de Maelbeek, avait notamment souligné "en vouloir à l'État belge" de ne pas avoir coupé les lignes de métro après le double attentat-suicide perpétré à Zaventem, une heure avant qu'un troisième kamikaze ne se fasse exploser dans le métro.
"La commission d'enquête parlementaire s'est penchée sur cette question et a accouché d'un rapport de 1.000 pages. Toutes les réponses à ces questions s'y trouvent donc", a indiqué Paul Van Tigchelt, qui fut directeur de l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam) entre janvier 2016 et 2020. "Mais il faut savoir qu'à ce moment-là, notre priorité c'était d'abord de confirmer ce qui se passait sur le terrain - nous étions assaillis d'informations - et ensuite, d'identifier (d'autres) cibles" potentielles, a-t-il poursuivi, rappelant que les services de renseignement étaient sur les dents depuis les attaques de Paris.
"Quand j'ai pris mes fonctions, nous étions en pleine crise terroriste. Le niveau de la menace était fixé à 3. On savait que l'affaire du Bataclan avait un lien avec notre pays. Beaucoup de suspects venaient de Bruxelles, Molenbeek. Et ils étaient encore en fuite. Tous les regards étaient donc dirigés vers nous", a-t-il pointé. "Ma responsabilité, c'est d'être le plus précis possible (dans la motivation de l'analyse de la menace, NDLR), car les ressources des services de sécurité ne sont pas illimités. On n'a pas le droit de se tromper dans cette matière."