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Deux avocats de la défense ont affirmé, jeudi, devant la cour d'assises de Bruxelles, qu'il était incontestable que Khalid El Bakraoui, le kamikaze qui s'est fait exploser le 22 mars 2016 dans le métro à Maelbeek, s'était radicalisé en prison. Leurs déclarations vont à rebours du témoignage livré plus tôt par l'ancienne directrice de la prison de Nivelles qui a estimé qu'El Bakraoui ne s'était pas radicalisé derrière les barreaux.
Mme De Pauw, qui a fréquenté Khalid El Bakraoui durant son incarcération à la prison de Nivelles entre 2012 et 2014, lorsqu'elle dirigeait l'établissement, a déclaré qu'elle ne pensait pas qu'il s'y soit radicalisé. "Mais la prison lui a peut-être permis cette radicalisation parce qu'il y a mentalement souffert, il n'avait qu'une vingtaine d'années", a-t-elle indiqué. "C'est peut-être une petite pierre à son édifice de terroriste, peut-être un mur entier", a-t-elle ajouté, soulignant que les détenus naviguent entre frustration, déception, injustice, ennui et oisiveté.
Me Jonathan De Taye, l'avocat d'Ali El Haddad Asufi, a salué un témoignage "très riche d'une professionnelle très dévouée à son travail" avant de revenir sur les rêves qu'aurait fait Khalid El Bakraoui en prison, dans lesquels il se voyait notamment mener une bataille épique aux côtés du prophète. "Il est incontestable qu'il s'est radicalisé en prison", a-t-il tranché, ajoutant qu'il s'intéressait au soufisme, un courant mystique et ésotérique de l'islam.
Son confrère, Me Michel Degrève, l'avocat de Smaïl Farisi, a renchéri, estimant que "tout établit que les frères El Bakraoui, et surtout Khalid, dissimulaient avec force leur radicalisation". "Cela a échappé au personnel de prison, au tribunal de l'application des peines, au contrôle des juges d'instruction, et aux 48 habitants de l'avenue des casernes (d'où sont partis le kamikaze Khalid El Bakraoui et l'accusé Osama Krayem le matin du 22 mars 2016, NDLR), a-t-il soutenu.