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Un mois après l’annonce de la disparition des magasins Cora début 2026, l’inquiétude reste vive parmi les quelque 1.700 salariés concernés. Pour beaucoup, l’enseigne est bien plus qu’un employeur : un lieu de vie et de fidélité.
Depuis que la direction a confirmé la fermeture des sept hypermarchés Cora en Belgique, l’émotion ne retombe pas chez les employés. À La Louvière, Châtelineau ou encore Woluwe, tous continuent de venir travailler malgré la perspective de perdre leur emploi d’ici moins de deux ans. Un "choc" pour celles et ceux qui, parfois depuis plusieurs décennies, ont bâti leur quotidien autour de cette enseigne.
"C’est comme un deuil"
Sophie Vancauwenberge, 51 ans, travaille au Cora de La Louvière depuis 25 ans. L’annonce l’a profondément bouleversée : "Quand j'arrive le matin pour travailler et que je vois cette enseigne Cora, ça me brise le cœur. Moi je compare vraiment ça à un deuil".
Elle s’interroge désormais sur la suite. "Je me dis que la reconversion, c’est ok, mais quand on a travaillé toute sa carrière dans un hypermarché… J’essaye de ne pas trop penser à ça pour le moment, c’est encore trop tôt".
Ce sentiment d’abandon est partagé par de nombreux collègues. Si la date de fermeture est connue — début 2026 — aucune précision n’a encore été donnée sur les conditions de départ ou les mesures d’accompagnement. Une attente lourde d’angoisse.
"Qu'est-ce qu'on va devenir?"
Dans les rayons, l’inquiétude est omniprésente. "La situation est difficile pour tout le monde. Tout le monde se demande avec quoi on va partir, ce qu’on va avoir, dans quelles conditions. Et puis ce qu’on va devenir surtout...", confie Laurent Darquenne, employé au secteur épicerie.
Pour Noémy Bastin, qui travaille au rayon frais, il n’y a "plus d’espoir chez Cora", mais un avenir à reconstruire : "Il y aura un enjeu important sur les cellules de reconversion, et c’est ce travail-là qu’il faudra faire. Je pense qu’il va falloir regarder vers l’avenir à un moment donné".
Une histoire de famille
Antoine Baeyens, vendeur au rayon multimédia du Cora de Châtelineau, travaille avec sa compagne dans le même magasin. Ensemble, ils élèvent une petite fille de 15 mois.
"Il faudra retrouver un travail au plus vite, c’est absolument nécessaire".
Malgré la situation, il continue de venir travailler avec engagement. "Le travail en soi, on l’aime. On sait que c’est terminé, mais est-ce qu’on baisse tous les bras, ou on ‘profite’ des derniers instants tous ensemble ? Je pense que c’est ce qui nous force aussi à rester là et à continuer comme avant".
Le combat pour une sortie digne
Face à l’incertitude, les employés restent mobilisés pour obtenir les meilleures conditions de départ possibles. Tous savent que la conjoncture est défavorable : la grande distribution traverse une crise structurelle, entre concurrence féroce, évolution des modes de consommation et pressions sur les marges.
En attendant des réponses concrètes de la direction, c’est l’esprit d’équipe, l’attachement à l’enseigne et la solidarité entre collègues qui permettent de tenir, malgré tout.


















