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(Belga) Le nouveau parlement régional de Catalogne, issu du scrutin du 21 décembre dernier, tient sa séance inaugurale ce mercredi, au lendemain d'une annonce des deux principales formations indépendantistes d'un accord pour investir au poste de président régional Carles Puigdemont, qui se trouve toujours en Belgique. Pour la deuxième fois consécutive, les partis indépendantistes sont majoritaires en sièges (70 sur 135), au sein du parlement qui fait sa rentrée. L'élection anticipée convoquée par Madrid n'aura pas apporté de réelle perspective de solution à la crise dans laquelle se sont installées les relations entre la Catalogne et l'Espagne depuis le référendum pour l'indépendance tenu le 1er octobre 2017 et jugé illégal.
La formation Ensemble pour la Catalogne (JxCat) du président régional destitué Carles Puigdemont a décroché 34 sièges. Son allié d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), dont la figure de proue est Oriol Junqueras, ancien vice-président de la Generalitat actuellement en prison, s'en est adjugé 32 et la CUP, parti d'extrême-gauche indépendantiste, 4. Cette majorité en sièges ne doit pourtant pas masquer deux éléments importants. Les partis séparatistes n'ont ainsi une nouvelle fois pas obtenu de majorité en voix -comme cela avait été le cas lors du scrutin de 2015 où ils n'avaient réuni que 47,8% des suffrages-, puisque recueillant finalement 47,6% des votes exprimés. Une situation permise par le système de pondération des voix en vigueur en Catalogne et qui accorde une meilleure représentation aux provinces rurales -traditionnellement plus portées vers l'indépendance- qu'aux zones citadines. Par ailleurs, le parti le mieux représenté dans le nouveau parlement sera Ciudadanos, libéral et anti-indépendantiste, qui a décroché 37 sièges. Mais le parti socialiste catalan n'obtenant que 17 sièges et le parti populaire s'étant effondré et ne conservant plus que 3 sièges, Ciudadanos ne pouvait ambitionner une coalition gouvernementale réunissant les opposants à une indépendance de la Catalogne. L'indépendance déclarée unilatéralement le 27 octobre sur base du résultat du référendum du 1er octobre, qui selon les autorités catalanes alors en place, donnait 90% de "oui" à la sécession, avait entraînée la dissolution du parlement régional. Le gouvernement espagnol avait dans la foulée mis la Catalogne sous tutelle, destitué le gouvernement Puigdemont et convoqué de nouvelles élections. La séance inaugurale du nouveau parlement étant programmée pour ce 17 janvier, un premier débat d'investiture doit avoir lieu d'ici le 31 janvier. Pendant cette séance inaugurale, les députés doivent élire le président du parlement et les membres de son bureau, l'organe qui supervise l'application de son règlement et décide de l'ordre du jour. Les deux principales formations indépendantistes, JxCat et ERC sont convenues de tenter de faire réélire Carles Puigdemont à la tête du gouvernement catalan. M. Puigdemont est cependant exilé en Belgique depuis fin octobre, évitant ainsi d'être arrêté alors qu'il est poursuivi par la justice espagnole pour rébellion et sédition. Le gouvernement espagnol a déjà annoncé qu'il saisirait la Cour constitutionnelle en cas de tentative de M. Puigdemont de se faire réinvestir à distance. Madrid a également menacé de prolonger la suspension de l'autonomie catalane au cas où M. Puigdemont tenterait de gouverner depuis Bruxelles. Les 135 élus du parlement de Catalogne représentent les 7,5 millions d'habitants de cette région du nord-est de l'Espagne. Si les Catalans constituent 16% de la population espagnole, ils réalisent aussi un cinquième du PIB national. La Catalogne est toutefois dotée d'une dette publique impressionnante s'élevant à 32,5% de son PIB. Le Parlement catalan, rétabli en 1980 deux ans après que l'Espagne se soit dotée d'une constitution démocratique, siège au Parc de la Ciutadella à Barcelone. La communauté autonome de Catalogne dispose de larges compétences, notamment en matière de santé et d'éducation mais souhaite voir élargie son autonomie en matière fiscale. (Belga)