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Le plastique est omniprésent dans notre quotidien. Bien qu'il soit très utile et pratique, il pose aussi de graves problèmes pour l'environnement. Lesquels ? Pour y voir plus clair, nous avons posé 5 questions à William Ramacciotti, commissaire de l'exposition Ordures à Liège.
Le plastique, ça vient d’où ?
"Les plastiques existent depuis l'Antiquité sous forme naturelle, notamment avec le caoutchouc. Mais, sa version industrielle, le plastique, a été inventée au XIXᵉ siècle et surtout par un Belge, Leo Baekeland, en 1907. Le plastique, à la base, c'est du pétrole qu'on va transformer à l'aide de la chimie.
Le plastique a vraiment explosé après la Seconde Guerre mondiale. Tous les objets qui étaient faits en matières plus naturelles, comme le bois ou le métal, ont progressivement été remplacés par le plastique et ne coûtent pas cher.
Il est solide et on peut avoir toutes les formes et les couleurs que l'on souhaite. Le plastique, aujourd'hui, est omniprésent. On le retrouve dans les emballages des aliments, dans le milieu médical, dans les masques qu'on a dû mettre pendant le Covid, votre boîte à tartines, des éléments pour faire la cuisine, dans les jouets, dans nos objets du quotidien,...
Mais le problème, aujourd'hui, c'est qui l'est surconsommé"
Pourquoi ça pollue si c’est recyclable ?
"Certains plastiques, on peut les recycler. Mais attention, c'est un peu une illusion. Un plastique qui se recycle, il se recycle une, deux ou trois fois maximum. En plus, à chaque phase de recyclage, on doit rajouter du nouveau plastique pour en faire un nouvel objet. Un exemple concret : grâce aux bouteilles en plastique que l'on va recycler, vous allez pouvoir obtenir un pull. Ce pull, on ne pourra plus le recycler par la suite.
De plus en plus de solutions sont mises en avant pour remplacer le plastique traditionnel par du plastique biodégradable. Par exemple, de nouveaux emballages faits à partir d'algues ou de maïs, mais il est quand même polluant.
Attention également : il existe du greenwashing. La petite cuillère en plastique que vous utilisez qu'une seule fois, c'est ce qu'on appelle du plastique à usage unique, interdit en Europe depuis 2020. Certaines entreprises ont décidé de rajouter plus de plastique, de faire une cuillère en plastique plus épaisse. Comme ça, ils peuvent toujours continuer à la vendre, mais en mettant "réutilisable" sur le paquet.
En fait, recycler le plastique, c'est une solution à court terme. C'est important de le faire, mais ce n'est pas la solution ultime par rapport à la réduction des déchets et de la pollution plastique".
D’où provient le plastique des océans ?
"80 % de ces plastiques que l'on retrouve dans les océans proviennent de terre. Donc, le déchet que vous jetez à même la rue, dans votre ville, dans votre village, il est poussé par la pluie, par les vents vers les cours d'eau et finit toujours sa course dans les océans. On retrouve de nombreux animaux échoués sur les plages, notamment avec leur estomac rempli de déchets et notamment de déchets plastiques. Et donc, ils meurent dans d'atroces souffrances.
Ce n'est qu'un des fléaux liés au plastique. On a ce qu'on appelle des contenants plastiques, des gyres, qui rassemblent tous ces déchets plastiques à cinq endroits principaux dans nos océans. Mais attention, justement : ces plastiques, avec le soleil et les courants, se désintègrent en ce qu'on appelle des microplastiques. À ce moment-là, c'est très très compliqué, voire impossible de les récupérer.
On retrouve ces microplastiques au fond des abysses. Les micro-organismes les mangent et les poissons mangent les micro-organismes et nous, nous mangeons ces poissons. Et donc, nous avons nous-mêmes des microplastiques dans nos organismes".
Est-ce que c’est dangereux pour nous ?
"Il y a certaines études, notamment une étude du WWF qui a montré que chaque homme, chaque femme, sur terre, ingère en moyenne 5 grammes de plastique par semaine. Cela équivaut à une carte de crédit. Imaginez, c'est comme si vous aviez une carte de banque par semaine dans votre organisme.
Maintenant, il y a encore très peu d'études qui montrent l'impact de la gestion de ces plastiques pour notre santé, tant pour celle des animaux que celle des humains. On ne sait pas encore à l'heure actuelle s'ils sont vraiment absorbés par le corps humain ou s'ils sont éliminés."
Qu’est-ce qu’on peut faire à notre échelle ?
"Il y a beaucoup de choses à faire pour réduire notre consommation de plastique. On peut refuser tous ces emballages en plastique qui ne sont pas nécessaires. Il existe de nombreuses solutions, comme les magasins en vrac ou remplacer les bouteilles d'eau en plastique jetables par des gourdes.
Refusez le suremballage également, en le dénonçant. Par exemple, si vous êtes témoin d'un suremballage, dans un magasin, qui n'est pas du tout nécessaire. Un exemple concret : des œufs durs. On va retirer la coquille pour vendre des œufs durs sans coquille, entourés de plastique.
Il y a une campagne sur les réseaux sociaux qui s'appelle #BalanceTonProduit. Vous pouvez prendre une photo d'un produit que vous trouvez suremballé et le poster sur les réseaux en mettant le hashtag. Cela marche parce que des magasins ont déjà fait marche arrière lorsque des clients se sont plaints et ont dénoncé ce genre de suremballage.
Et vraiment, en se questionnant : est-ce que j'ai réellement besoin de tel ou tel bien de consommation ? Parce que si l'on n'en fait rien, en 2050, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons. Donc, il est temps d'agir".